Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de quartier

Vue de la maison de Monsieur Le Coigneux par Israël Silvestre

Vue de la maison de Monsieur Le Coigneux par Israël Silvestre : une demeure à la campagne dans les faubourgs.

 

Veuë de la Maison de Monsieur le Coigneux Président au Mortier au Parlement de Paris, scize au faubourg Sainct Germain ! Voici le nom exact de ce dessin réalisé par Israël Silvestre. Nous reviendrons dans cet article sur de nombreuses parties de cet intitulé.

Tout d’abord, rappelons qu’Israël Silvestre était dessinateur officiel de Louis XIV. Basé au Louvre, il arpentait le pays, notamment les nouvelles possessions pour aider l’armée à bien installer des positions défensives et en conserver à Paris des informations sur le détail des spécificités.

Quand il était à la capitale, il partait aussi se promener, mettant sur le papier, les vues, les paysages et les maisons qu’il voyait. Pour nous, il est donc un témoin intéressant du Paris dans cette seconde moitié du XVIIe siècle.

 

Jacques Le Coigneux et une famille influente au Parlement de Paris

Arrière petit fils d’un marchand potier d’étain de Paris, Jacques Le Coigneux était d’une famille de récente noblesse. Le titre de chevalier avait été acquis par son grand-père, Gilles Le Coigneux, qui avait été procureur à la cour du Parlement de Paris au milieu du XVIe siècle. Il bénéficiait ainsi d’un droit à la noblesse du fait de sa charge.

Son père, Antoine Le Coigneux avait conseillé les derniers rois Valois, et était maître ordinaire à la Chambre des comptes.

A son tour, Jacques Le Coigneux joua un rôle actif au Parlement de Paris où il fut président à mortier. Proche de Richelieu, il bénéficia de la protection du cardinal. Cela ne l’empêcha pas de le trahir en empêchant les amis du duc d’Orléans, Gaston, frère de Louis XIII d’obtenir la grâce de Calais.

Notre homme se maria trois fois. Sa première épouse était la fille d’un maître des comptes, la seconde d’un maître de requête. Sa troisième femme était demoiselle d’honneur de la reine. Ce troisième mariage lui retira la possibilité de prétendre au chapeau de cardinal qu’il avait presque obtenu.

 

Quel était le rôle du président à mortier ?

Dans l’ancien régime, le Parlement était un lieu de justice. Il rendait ses décisions sur la base des textes qu’il avait enregistré, provenant des autorités royales.

Le Parlement était organisé en différentes chambres : la chambre civile, la chambre pénale, la chambre commerciale… La Grande Chambre était la plus prestigieuse et avait à sa tête le président à mortier. Ce titre provenait d’une toque à velours noir brodée d’or, appelée le mortier.

Au Grand Siècle, cette charge s’achetait et pouvait se transmettre financièrement, à condition de verser un droit de mutation au souverain. Il fallait tout de même disposer de diplôme en droit pour y prétendre.

 

La maison de la rue de Grenelle

Dans le faubourg Saint Germain, Jacques le Coigneux se fit construire une belle maison. Le lieu était alors à l’extérieur de la ville comme on peut le voir sur ce dessin.

La campagne est largement présente, avec ses belles futaies. La rue n’en est pas véritablement une. C’est alors un chemin de terre.

Toutefois, comme on peut le constater la maison de Le Coigneux n’est pas totalement isolée. On peut voir au loin la colline avec le village de Passy en hauteur.

Le style architectural de cette maison s’inscrit bien dans cette première moitié du XVIIe siècle, avec les pierres de refend sur les côtés. Sur deux niveaux, elle proposait de belles hauteurs, comme l’indiquent les fenêtres

 

Les personnages du premier plan

L’ambiance campagnarde domine. Citons d’abord ces deux personnages se reposant sur une petite butte. L’un semble se relever, soulevant son panier bien lourd.

Sur le chemin, un homme avance accompagné par une bête de somme portant une charge sur son dos.

Vont-ils livrer quelque chose au président à mortier ?

 

Sources bibliographiques :