Vue de l’ancienne porte Saint Denis par Israël Silvestre
Vue de l’ancienne porte Saint Denis par Israël Silvestre : un vestige d’un ancien temps qui va être détruit.
C’est un vieux vestige que nous montre Israël Silvestre dans ce beau dessin. Il ne durera pas ! C’est probablement une raison alors que le dessinateur de la cour de Louis XIV se plaisait à montrer les grandes nouveautés du Paris en chantier lors du grand Siècle.
La porte médiévale
Depuis le règne de Charles V au XIVe siècle, le mur d’enceinte protégeait à ce niveau la ville. Par le nord, en venant de Saint Denis, on entrait par la porte de Saint Denis. Comme on peut le voir dans le dessin d’Israël Silvestre, il s’agissait d’une forte défense pour Paris.
En effet, tout d’abord, un fossé large devait être franchi avec un premier poste de contrôle. Un pont avec deux arches était nécessaire pour le traverser.
Ensuite, le visiteur devait passer sous la porte elle-même. Comme on peut le voir, elle était imposante, avec ses portes gigantesques. Tout en haut, on pouvait observer de loin.
On peut constater que l’édifice était largement ancien, avec cette végétation sauvage sur le toit. Alors qu’on peut voir de nombreux personnages au pied, personne au niveau du guet. Certaines pierres ressortent légèrement.
La butte au premier plan
Au premier plan, nous pouvons voir quelques personnages marcher sur une petite butte. Contrairement, aux apparences, cette butte n’était pas bien naturelle. Ici, a été accumulée une quantité de déchets produits par des générations de parisiens.
Cette butte existe encore aujourd’hui. On y a construit dessus le quartier de Bonne Nouvelle.
La vue sur le mur d’enceinte
La perspective choisie par Israël Silvestre permet de se voir se perdre au loin cette muraille qui entourait Paris. On peut bien voir les deux niveaux. Aucune maison ne dépasse sur ce côté. Bien droite, elle mène tout d’abord à la porte Saint Martin, puis se poursuit.
C’est l’enclos du Temple qu’on aperçoit ensuite. Là bas, la verdure est plus importante, avec des arbres dépassant le mur d’enceinte.
La porte des entrées royales
Au cours du Moyen Age, l’usage voulait qu’une fois que le roi ait été sacré à Reims, il se rendait ensuite à Paris pour y faire son entrée royale. Les portes de la ville lui étaient largement ouvertes et une grande réception était organisée par les corporations parisiennes.
Traditionnellement, le roi arrivait par Saint Denis et la Chapelle, avant d’entrée véritablement dans la ville par la porte Saint Denis. Ensuite, il parcourait la rue Saint Denis pour rejoindre le Châtelet puis l’île de la Cité. Sur tout son parcours, des décors de fête étaient organisés. On faisait des haltes régulières pour produire des mystères.
Au XVIIe siècle, les rois continuaient à réaliser leurs entrées royales. Mais la porte Saint Denis n’était plus vraiment utilisée. Pourquoi la garder alors ?
La composition du dessin
Sur le tiers droit du dessin, la porte Saint Denis occupe la plus grande place. Mais cette position permet aussi à Israël Silvestre de dessiner sur le côté gauche une perspective avec le mur d’enceinte. Elle se prolonge devant par le fossé dans l’axe, qui est ensuite caché par le pont.
Sur cette ligne de perspective, on aperçoit ensuite les maisons de l’enclos du Temple si puissant. Puis au-dessus dominant la scène et le nord de Paris, une butte avec quelques moulins à vent sur le dessus : Belleville.
Comme à son accoutumée, Silvestre place des personnages au premier plan de son ouvrage.
Bien sûr, l’œil est vite attiré par ce cavalier qui attend patiemment l’autorisation de rentrer en ville.
Devant la porte, des gardes ont l’air en grande discussion. Certains se reposent.
Enfin d’autres passants sont montés sur la butte. Pour y laisser eux aussi des déchets ?