La vie quotidienne pendant la canicule
La vie quotidienne pendant la canicule : au ralenti, à la recherche de petits espaces de frais, voir à partir
Au cours des décennies précédentes, Paris connut à plusieurs reprises des canicules. Certaines en juillet, d’autres en août, voire même en septembre.
Grâce aux journaux de l’époque, nous pouvons revenir sur les difficultés de la vie quotidienne pendant ces temps de canicules
Une ville totalement au ralenti
Rapidement, dés que la température dépasse les 30°C, la ville de Paris commence à tourner au ralenti.
Bien sûr tout d’abord, la chaleur causait beaucoup de tracas aux bouchers. En effet, comme l’écrit le Journal de Seine et Marne du 16 septembre 1898, ils étaient obligés de vendre au plus vite de leur marchandise. Ainsi, on pouvait trouver sur les étals à Paris, du bœuf à 20 centimes la livre, le veau à 30 centimes, le gigot à 70 centimes, alors que le prix en temps normal se situait plus entre 1 franc et 1,4 franc.
De ce fait les ventes de bestiaux étaient beaucoup plus longues. En effet, les débouchés étaient alors difficiles à trouver d’une part et les conditions de travail particulièrement difficile.
En outre, la Presse rapporta le 21 juillet 1898 que la séance de bourse fut expédiée à cause de la chaleur : « On se hâte de clore les opérations entamées et on en entame pas de nouvelles. Aussi la Bourse est presque désertée. »
L’activité culturelle si riche de Paris fut aussi largement touchée. En effet, comme l’indique la Presse dans son numéro du 11 juillet : « Les chaleurs de l’été commencent à exercer leur influence habituelle sur les recettes des théâtres. On en jugera la baisse qui s’est produite pendant le mois de juin. ».
Nombreux incidents mortels
Avec la chaleur, Paris rencontra également plusieurs incidents et désagrément.
La presse rapporte en effet des morts, victimes d’insolation et de malaise, qui s’effondraient subitement.
« La chaleur continue de faire des victimes. Boulevard Voltaire, hier matin, M. Emile R… maraicher, frappé d’un coup de soleil est tombé de sa voiture, dont une des roues lui a écrasé la poitrine. Le malheureux est mort dans une pharmacie où on lui donnait des soins » écrit le Petit Troyen rapportant les nouvelles de Paris le 16 août 1898.
La Lanterne du même jour continua : « Plusieurs morts subites, causées par la chaleur, ont été constaté hier matin. »
On écrivit, en 1898, aussi qu’un pécheur à la ligne tomba dans la Seine au niveau du quai des Tuileries. De son côté un maraicher était mort, lors de son retour des Halles, ainsi qu’une blanchisseuses sur le pont de la Concorde
Au cours des baignades, des parisiens se noyaient dans la Seine. Ils pouvaient effet être emportés par le courant comme le rapporte le Constitutionnel du 6 juillet 1859. C’était cette fois-là un infirmier militaire qui s’était noyé dans la Seine au niveau de Passy.
Enfin, des départs de feu se déclenchèrent dans Paris.
Le 12 juillet 1859, le Moniteur Universel publie : « Le nommé X…, demeurant rue Richer, n°2, était sorti dans la matinée pour vaquer à ses travaux habituels, laissant, sans y prendre garde, des allumettes dans le tiroir d’une table exposée aux rayons du soleil. La chaleur ne tarda pas à les enflammer, et le feu se communiqua au bois de la table. »
Des parisiens qui cherchent partout de la fraicheur
« Paris tout entier tire la langue, les gens assez heureux pour avoir une cave y passent une partie de leur après midi, ceux qui n’ont pas de cave se font descendre dans leur puits ; chacun prend le frais où il se trouve et suivant ses moyens ». Voici ce qu’écrit le Tintamarre du 17 juillet 1859 ! La canicule est ce jour-là à son apogée.
Aussi, tout instant de frais était particulièrement recherché. Certains parisiens s’allongeaient sur les toits. D’autres descendaient dans leurs puits.
Bien sûr, les espaces verts étaient totalement pris d’assaut. Nombres d’entre eux se retrouvaient au bois de Boulogne, comme l’écrit, le Figaro le 2 juillet 1859 : « Rien n’est plus délicieux, pendant les grandes chaleurs de l’été, que d’aller chercher la fraîcheur au milieu de l’atmosphère embaumée du bois de Boulogne. ».
Voire même à quitter les lieux
A compter de la dernière partie du XIXe siècle, les parisiens désertent la ville pour la campagne ou les bains de mer. Cela leur permet de changer d’air et bien sûr de mieux vivre les jours chaud.
La canicule bien sûr, les encourage à quitter les lieux. Ainsi, avec le pont du 15 août 1932, de nombreux parisiens, encore à Paris, partent. L’Intransigeant du 14 août écrit : « La chaleur qui a fait une apparition publique avant les fêtes du 15 août, a eu pour effet de provoquer l’exode des parisiens. Depuis deux ou trois jours déjà, le volume de départ avait considérablement augmenté. Dans les gares, notamment de nombreux trains avaient dû être doublés. Les automobiles, chargées de malles et de bagages, franchissaient les portes de la cité plus nombreuses. Les parisiens partaient au champ. »
Pour favoriser le transport par train, la Compagnie d’Orléans proposait en 1932 des trains reliant la Baule et le Croisic, comprenant des voitures « munies de dispositifs de ventilation relié à un système de réfrigération de l’air par la glace et accessibles sans complément de prix. » comme l’écrit La Croix le 15 juillet 1932. Ce système fut mise en place du 1er juillet au 30 septembre.
Sources bibliographiques
- La Croix du 15 juillet 1932
- Journal de Seine et Marne du 16 septembre 1898
- Le Tintamarre du 17 juillet 1859
- Le Figaro du 2 juillet 1859
- Presse du 21 juillet 1859
- La Presse du 11 juillet 1859
- La presse du 1er juillet 1859
- Le Constitutionnel du 6 juillet 1859
- Le Moniteur universel du 12 juillet 1859
- Le Petit Troyen du 16 août 1898
- L’Intransigeant du 14 août 1932