Les vendeurs à la sauvette lors de la crue de 1910
Les vendeurs à la sauvette lors de la crue de 1910 : comment profiter opportunément des mouvements de foule !
Le parisien est curieux ! Lors d’un événement, il se déplace en foule pour voir. La crue de 1910 n’a pas fait figure d’exception. Aussi, un grand nombre de badauds vinrent très nombreux sur les quais, le week end arrivé pour se rendre compte de la situation. De quoi faire le bonheur des vendeurs à la sauvette.
Une foule au spectacle
Le Petit Parisien du 31 janvier nous décrit un peu la scène qui se déroulait ce week end là, sur le pont d’Austerlitz.
« La foule fut surtout considérable sur ce pont et à ses abords sur les deux rives, de une heure à quatre heures de l’après midi : accoudés sur les parapets, des gens endimanchés, des familles passent des heures à regarder les flots s’écouler. On s’intéresse à la fuite des épaves, on observe avec le plus grand intérêt des madriers qui naviguent de conserve, semblant lutter de vitesse. Puis c’est une escadre de grosses futailles qui arrive, suivie bientôt par des poutres semblant faire office de croiseurs. »
Des vendeurs de toutes sortes
« Sur les quais, les marchands de nougat, de pain d’épices et d’orange réalisent des recettes fructueuse. Les marchands de cartes postales représentant Paris sous l’eau, ne sont pas moins assiégées. Tous les dix mètres, des troncs sont installés, surmontés d’une pancarte : pour les débardeurs qui vont se trouver sans travail, lit-on d’un côté ; plus loin : pour les mariniers des quais. Un homme se tient derrière chaque tronc ; chacun donne son obole. »
Pour qui se fait la quête ?
« Un passant, qui vient de jeter une pièce blanche dans une de ces urnes, se ravise et abordant un gardien de la paix :
– Ces gens qui quêtent ainsi, ont-ils l’autorisation de la préfecture, demande-t-il ? Les aumônes versées iront-elles aux victimes et ne seront pas garder par le tenancier du tronc ?
– J’ignore si ces gens ont une autorisation, répond l’agent, qui tourne les talons et ne se soucie pas davantage de savoir à qui iront les sommes ainsi données. »
Vendeurs de cartes postales, chanteurs de complainte ?
De son côté, le Matin du 31 janvier complète lui aussi le tableau :
« Les cartes postales illustrées représentant des vues de l’inondation étaient achetées en grand nombre par les curieux. Les chanteurs de complainte obtenaient aussi un grand succès. On faisait cercle autour du violoneux famélique et du ténor enroué qui s’accompagnent d’accords graves et tristes, se lamentaient en strophes interminables sur les malheurs provoqués par le désastre. »