Le traité de police de Nicolas Delamare
Le traité de police de Nicolas Delamare : histoire d’une police unifiée et qui intervient largement partout.
56 ans furent nécessaires pour la réalisation de ce traité de police resté dans les annales. En effet, sous le règne de Louis XIV, à Paris, un certain commissaire de police menait ses enquêtes tout en récoltant une quantité de documents pour établir ce traité de police. Voici l’histoire de Nicolas Delamare, étudiée conjointement avec le blog de Paris Libris
Un commissaire de police sous Louis XIV
Né en 1639, Nicolas Delamare achète une charge de procureur à Paris en 1664. Il rentre juste de son grand voyage en Italie, qui le mena jusqu’à Rome. Ensuite, il devient en 1673 commissaire au Châtelet. Pendant ces années, il commence à se faire une sérieuse réputation d’enquêteur.
Ainsi, en 1667, le premier président du Parlement de Paris lui confie une mission : il s’agit d’écrire un traité pour préciser les méthodes de police pouvant être utilisé dans une si grande ville. L’oeuvre majeure, qui nous occupe ici, démarre alors. Sous l’impulsion du lieutenant général de police, Gabriel Nicolas de La Reynie, il peut accéder à toutes les archives qu’il souhaitait.
La publication de son oeuvre se fait progressivement :
- le premier tome en 1707,
- le second en 1710
- le troisième en 1719.
Le quatrième n’était pas prévu. Il fait cependant l’objet d’une demande de la part du Régent pour étudier le prix des entrées aux spectacles au profit de l’Hôtel Dieu.
L’ambition du traité de police de Nicolas Delamare
Tout d’abord, Nicolas Delamare revient dans sa préface sur la quantité de règles, d’arrêt qui avaient pu réglementer la police. Pour cette raison, Delamare commence par se plonger sur ces écrits, en s’intéressant aux différentes archives royales : Trésor des chartes de France, chambre des comptes, bibliothèques… tant de lieux où le commissaire passa des heures à livres les documents.
Sur cette base, il propose ainsi une histoire de la police à travers les âges, en insistant sur son rôle de protéger le bonheur de l’homme, qui s’appuie selon lui sur les biens de l’âme, du corps et la fortune. Il expose ensuite l’histoire des magistrats et des officiers, en indiquant leur résidence, prérogatives et leurs fonctions.
A chaque fois, Nicolas Delamare évoque l’Antiquité et la reprise ensuite par les premiers rois de France. Il fait un zoom sur la police de Paris, une des plus documentée de France, car servant souvent de référence.
Ensuite Delamare revient sur la police de la religion. Sur ce point, il insiste sur les catégories de personnes considérées sous Louis XIV comme les ennemis de la religion.
Le troisième livre évoque ensuite la discipline des moeurs. Pour Nicolas Delamare la passion du luxe, la gourmandise, le jeu, le spectacle posent problème dans le respect de la religion. De ce fait, la police a un rôle à jouer pour la contenir.
La préservation de la santé rentre également dans les attribution de la police : salubrité de l’air, pureté de l’eau, “bonté des aliments”, choix des remèdes, capacité des médecins.
En outre, la police devait également se charger des vivres et des aliments mis à disposition des parisiens. Ainsi, des consignes sont données pour le pain, la viande, le poisson, les œufs, le beurre et le fromage, les fruits et légumes, le vin mais aussi le bois et le charbon. A chaque fois, il revient sur la surveillance de leur fabrication et de leur qualité.
Cette intervention prend en charge aussi le commerce. Des actions sont également précisées en cas de famines. Egalement, le commerce pouvait dépasser largement les frontières de Paris et du royaume. La police y veillait aussi.
La police avait des missions dans le contrôle de la voirie, ainsi que la tranquillité des parisiens. Enfin, la police devait aussi surveiller les sciences et les arts libéraux. Elle pouvait réaliser des missions de censure et de surveillance.
Ainsi, peu d’espace de la vie des parisiens n’échappait au contrôle de la police. L’activité des manufactures, les règles des domestiques font l’objet d’une dissertation dans ce traité de police.
Un contexte particulier d’unification de la police parisienne
Nicolas Delamare exerce en tant que commissaire et réalise ses écrits dans un moment particulier. En effet, sous Louis XIV et par l’intervention du lieutenant général de police, Gabriel Nicolas de La Reynie, l‘organisation de la police est totalement refondue alors.
Ainsi, la police du Châtelet, le guet, la compagnie du lieutenant criminel, la prévôté sont alors fusionnés et placés sous l’autorité de La Reynie. Il s’agit donc d’un changement majeur dans le contrôle du roi sur Paris. Fini le guet bourgeois qui mobilisait de nombreux habitants de Paris.
De ce fait, on comprend le rôle qui pourrait nous sembler aujourd’hui tentaculaire.