Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de tour

La Tour du Temple

La Tour du Temple, symbole des templiers, dépôt du trésor royal au Moyen Age et prison royale à la Révolution

 

Tour du Temple en 1785
La Tour du Temple en 1785, avec accolée au nord la petite tour. Crédits : BNF

 

Le donjon, ou la grande tour du Temple

50 mètres de haut avec des murs épais de 2 mètres.

Edifiée à la fin du XIIIe siècle, la grande tour était à l’origine isolée. Composée d’une tour carrée, elle disposait à chaque angle d’un tour étroite, partant du sol.

La tour centrale mesurait 13 mètres de large et 20 mètres avec les tourelles. D’une hauteur de 50 mètres, elle disposait de quatre niveaux et d’un grenier sous comble (7 mètres pour le premier niveau , 6,5 pour le second, 6 mètres pour le troisième, 4,5 mètres pour le quatrième et 15 mètres pour les combles)

Les murs étaient épais de 2 mètres.

La toiture était composée d’un pyramide à base carrée qui n’occupait pas toute la largeur. En effet, le grenier  laissait en effet le passage pour un chemin de ronde.

 

Les tourelles, coiffées également d’une flèche, étaient légèrement plus petites : 45 mètres. Les niveaux correspondaient exactement à ceux de la tour centrale.

Enfin, à l’origine, la tour était entourée de douves remplie d’eau.

 

A chaque étage, quatre salles voûtées.

Le premier niveau était organisé autour d’une grande salle entourée de trois autres. Elles étaient voûtées de croisées d’ogive appuyées contre quatre arc brisé  partant d’une colonne unique. De ce niveau, on pouvait puiser l’eau du puis et accéder à la cave par un escalier situé à l’intérieur du mur.

On entrait dans le donjon par la tourelle du nord est. C’était également à cet endroit qu’on pouvait accéder aux niveaux supérieurs au moyen d’un escalier à vis.

A l’intérieur des autres tournelles, un cabinet rond était aménagé, relié à la grande salle centrale par un petit couloir traversant la muraille. Des petites meurtrières éclairaient cet espace.

Les étages supérieurs reprenaient ce plan.

Le chemin de ronde était crénelé. Il communiquait avec le grenier et à certains moments, un hourdage, maçonnerie grossière a pu le recouvrir.

 

Trésor, prison, arsenal… divers usages au fil des siècles.

A l’abri, dans les fortifications des templiers, le trésor royal y fut déposé à partir du règne de Philippe Auguste, à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle.

Suite au procès des templiers entre 1307 et 1314, le donjon fut saisi par les autorités royales. Bien que l’enclos du Temple soit donné alors aux Hospitaliers, elles le conservèrent jusqu’au XVIIe siècle. Il fut alors transformé en prison avant d’être transformé en arsenal de poudre.

Lorsque les Hospitaliers récupérèrent le donjon, ils y stockèrent leurs archives.

A la Révolution, la tour retrouva son rôle de prison pour héberger la famille royale avant son exécution.

 

La petite tour du Temple

Une petite tour rectangulaire fut rajoutée à la fin du XVIe siècle (ou au tout début du XVIIIe siècle) accolée à la face nord du donjon.

Elle mesurait 23 mètres et était elle aussi ornée de tourelles. Elle mesurait 7,5 mètres de large et 14,5 de long. Une des tourelles était en encorbellement à partir du deuxième étage et était placée sur l’angle nord est de la tour. L’autre, partant du sol, était située à l’ouest. Elle servait d’escalier pour accéder aux niveaux supérieurs.

Sur trois niveaux, elle était organisée à l’intérieur d’une salle voûtée. Un grenier surplombait le troisième niveau et une terrasse avait été aménagée au sommet, sur laquelle fut élaborée une soupente un peu plus tard.

Lorsque les Hospitaliers récupèrent la tour du  Temple, la petite tour servit de logement pour l’archiviste.

 

La tour de César.

Une autre tour fut édifiée par les Templiers, à la fin du XIIe siècle, à proximité de l’église.

La description de cette tour réalisée au moment de sa destruction, indique que le premier étage était pratiquement entièrement enterré.

Le premier étage comportait une salle, dans la voûte était soutenue au centre par une colonne. Les intérieurs du deuxième étage et du troisième étage, étaient organisés comme celui du premier, exception faite de la colonne centrale (les ogives de la voûte partaient des colonnes d’angle).

Au moyen âge, cette tour était entourée d’échoppes et d’ateliers d’artisans. Elle accueilli une école au XVIIIe siècle (les filles étaient au premier niveau et les garçons au second).

 Comme la tour du Temple, elle fut aussi démolie en 1810. Au tout début du XIXe siècle, elle fut utilisée en forge. A cet endroit, la statue de bronze de  Jeanne d’arc d’Orléans y fut fondue. Alors, le premier niveau était pratiquement enterré sur toute sa hauteur.

 

Une prison pour la famille royale.

Saisie comme l’ensemble de l’enclos en 1792 par la ville de Paris, la tour fut la prison de la famille royale à la Révolution.

On aménagea alors les fenêtres pour qu’on ne puisse voir le sol. Les créneaux du chemin de ronde furent obstrués de bois, l’escalier de vis fut lui aussi bouché et chacun des étages fermés par des solides portes en chêne. Au premier étage, les officiers municipaux étaient installé, au second le corps de garde. Le troisième fut donné au roi et au dauphin, tandis qu’au quatrième, y furent installés Marie Antoinette, sa fille et Elisabeth de France, sœur du roi.

Le roi y fut détenu jusqu’au 20 janvier 1793, soit la veille de sa mort. La reine quitta la prison en août 1793 pour la Conciergerie. Elisabeth la quittera elle en mai 1794 pour la guillotine. Un enfant, très probablement Louis XVII mourut en juin 1795. Enfin, la fille de l’ancien couple royal quitta les lieux en décembre.

 

Voulant faire cesser le pèlerinage des royalistes, Napoléon fit détruire la tour en 1808. Il fallut deux ans pour achever ces travaux.

Aujourd’hui, les lieux sont occupés par la rue Eugène Spuller, entre la mairie du 3e arrondissement et le square du Temple.

Sources bibliographiques :

  •  Henri de Curzon, La Maison du Temple de Paris : histoire et description : avec deux planches : thèse présentée à la Faculté des lettres de Paris, Hachette, Paris, 1888, 356 p

 

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