Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de quartier

Toulouse Lautrec à Montmartre

Toulouse Lautrec à Montmartre : grande passion des bals et de la compagnie des danseuses et des chansonniers.

 

Pour admirer l’œuvre d’Henri de Toulouse Lautrec, il peut être utile de s’intéresser fortement aux plaisirs de Paris, notamment de la vie nocturne d’un quartier en particulier : Montmartre. Pour nous aider, Gustave Coquiot nous offre un regard sur la période où Toulouse Lautrec était à Paris, entre 1885 et 1900.

 

Ambiance de Montmartre à la fin du XIXe siècle

Au temps de Toulouse Lautrec, Montmartre c’est bien sûr le Moulin Rouge, mais aussi le Café du Rat Mort, le bal du Moulin de la Galette, le Hanneton, l’Auberge du Clou, le cabaret du Mirliton, le bal de l’Elysée Montmartre, le Divan Japonais, le Café de la place Blanche…

A  ce monde de la nuit, côtoie aussi une forte activité artistique, avec la Vasque Pigalle, accueillant beaucoup de modèles italiens, l’atelier de Roybet le Magnifique, le Panthéon de Puvis de Chavanne et la boutique Henner.

 

Bref, le bas de Montmartre représente pour Henri de Toulouse Lautrec un concentré d’activités, de plaisir et de jolies choses. Cette proximité est pour le peintre une aubaine. En effet, du fait de son handicap physique, il ne peut guère se déplacer loin. Disons également, qu’à cette époque, les boulevards extérieurs de Paris étaient aussi peu sûrs.

 

Toulouse Lautrec au Moulin Rouge

C’est au Moulin Rouge que Toulouse Lautrec trouve son grand lieu de fanfare. Il se lia très vite avec le propriétaire, Joseph Oller, ce qui fait qu’il aura sa table retenue pour ce bal.

Il s’y rendait tous les soirs pour y voir les belles danseuses : Grille d’égout, Demi syphon, Rayon d’or, Muguet la limonière, Eglantine, la Goulue, la Mélinite, entouré le célèbre Valentin le désossé.

Ce dernier était une véritable vedette, profitant de sa grande taille et de sa maigreur pour bouger comme ayant des jambes et des bras de caoutchouc. C’était surtout sa valse, à la cadence sûre et au rythme impressionnant que les connaisseurs courraient pour voir.

Avec lui, il y avait deux autres stars : La Goulue et la Mélinite. La première, comme l’indique Gustave Coquiot, était une étrange fille, avec un « profil de rapace », « la bouche torve », et les yeux durs. Ses gestes étaient nets. Elle devait son surnom à ses débuts lorsqu’elle finissait tous les verres, lors de ses tournées à chaque table.

La Mélinite était, elle, plus gracile et souple. Son visage faisait penser à une souris. Elle aussi était très maigre, mais était surtout connue pour son savoir dans les Lettres.

Autant la Mélinite était douce, autant la Goulue était dure. En effet, certains jours, on préférait ne pas lui parler pour éviter de faire face à elle.

Chaque soir, Lautrec venait au Moulin Rouge, où il donnait à boire à ces trois stars. Toujours assis, il ne perdait rien du spectacle et s’intéressait à tous les gestes et les attitudes qui pouvaient y avoir lieu.

Réagissant à l’odeur de l’alcool et des bals, il rentrait en véritable transe lors de ces soirées. C’était en quelque sorte, un moment où il perdait toute la sensation de son handicap et de ses propres rictus.

 

La Souris et le Hanneton

Toulouse Lautrec se rendait aussi dans d’autres lieux de Montmartre. C’était le cas en particulier de la Souris et du Hanneton. Dans ces deux lieux, il retrouvait beaucoup de monde, jouant aux cartes, jetant les dés. Là, il était fasciné par les « splendides têtes de massacres », mais aussi des « gueules affaissées de vices ». Il y retrouvait la dureté de la vie et les traces sur les populations ouvrières et laborieuses. La joie des danseuses n’était pas là mais s’était un véritable fumier qui l’attirait.

 

Aristide Bruant et le Divan Japonais

On le trouvait aussi souvent chez Aristide Bruant. Les habitués le voyaient souvent venir en se dandinant, en se balançant comme l’écrit Coquiot. Toulouse Lautrec adorait venir écouter le Grand Diable, monté sur le tréteau des chansonniers. Ce « ténor, fort en gueule » lui plaisait beaucoup.

Au Divan Japonais, Toulouse Lautrec retrouvait un de ses amis, Sarrazin, ancien marchand d’olives. En effet, ce dernier, dans le sous-sol du Divan Japonais, Sarrazin enchantait avec ses rimes et ses poèmes.

 

Sources bibliographiques :