Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les tondeurs de drap

Les tondeurs de drap, ou l’éternelle revendication ouvrière et luttes pour de meilleurs conditions de travail

 

Les tondeurs de drap intervenaient après les cardeurs de laine, les tisserands, les foulons… En effet, ils mouillaient les draps pour les tondre ensuite. Même si ces ouvriers appartenaient à des corporations distinctes, des échanges furent réguliers. D’ailleurs, les foulons avaient aussi autorisation à tondre les draps qu’ils avaient travaillés. 

 

Une profession qui s’organise au Moyen Age

Les premiers statuts des tondeurs de drap remontent à la fin du XIVe siècle. Cette profession commence à être citée en 1351 pour fixer notamment le prix de leurs travaux. 

Toutefois, ils durent attendre 1384 et l’intervention du prévôt, Audouin Chauveron, pour obtenir leurs textes fondateurs et constituer une véritable communauté dans la bourgeoisie du Paris médiéval : 

  • 4 jurés, 
  • possibilité d’intégrer la communauté, y compris si on a été formé à l’étranger (comprendre à l’extérieur de la ville), avec un droit de 40 sols pour les maîtres et 20 sols pour les valets, 
  • dépôt d’une garantie de 6 marcs d’argent au Châtelet pour les draps que les maîtres avaient en dépôt dans leur atelier. 

 

Revendications et luttes sociales pour les valets

Cette profession recourait beaucoup au travail des valets. Non installés, ils étaient employés par les maîtres à la journée ou à la tache. Leurs journées de travail pouvait alors être très longue, s’étalant du lever du jour à la tombée de la nuit, avec peu de pauses pour les repas. 

 

En 1415, les heures de travail des tondeurs de drap sont réglementées. Afin d’aider à un meilleur contrôle, les jurés étaient assistés par deux valets dans leurs visites des ateliers. 

En 1467, on décida que le chef d’oeuvre devait être réalisé sur un drap mesurant 4 aunes. De son côté, le dîner de réception ne devait pas excéder 100 sols. En 1483, chacun des maîtres durent veiller à ce que leur marque soit apposée sur les draps sortant de leur atelier. 

De leurs côtés, les valets obtinrent du Parlement de Paris que leur journée de travail soit rémunérée 2 sols, y compris la nourriture (avec des heures supplémentaires facultatives). 

 

La montée en gamme et une plus grande exigence de l’apprentissage

Au XVIe siècle, la corporation des tondeurs décide de monter en gamme. Plus de luxe et plus de valeur pour leur travail. Aussi, dorénavant 3 ans d’apprentissage deviennent nécessaires… sans que cela ne soit inscrit dans les statuts régissant la profession. 

Les unions des offices de jurés du début du XVIIIe siècle coûtèrent aux tondeurs de drap 4 800 livres. 

Leur confrérie était dédiée à l’assomption de la Sainte Vierge et était hébergée par l’église des  Augustins. 

 

Sources bibliographiques :