Le temple de l’Amour de Trianon
Le temple de l’Amour de Trianon : monument éminemment élégant, personnel et magique pour une reine romantique
Nous nous sommes ici dans un des plus beaux endroits du jardin de Marie Antoinette à Trianon. Dans la seconde moitié des années 1770, la reine fait aménager cette partie de son domaine.
Elle voulait un jardin à l’anglaise où elle pouvait se promener à sa guise, se laissant surprendre par les différentes curiosités. Le temple de l’Amour est central, en pleine vue des fenêtres du château, avec sa belle silhouette, à l’intérieur de son île, renforçant la beauté des lieux.
Découvrons plus en avant ce beau monument, typique de l’époque !
La description du temple de l’Amour
Dans cette fin du XVIIIe siècle, l’Antiquité attire. On est alors émerveillé par les découvertes archéologiques, qui sont relatées dans toute l’Europe.
Puis l’Amour fascine alors. Le romantisme ne bat pas encore son plein, mais les prémices y sont bien présentes. On cultive ce sentiment. La reine, elle-même, s’y laisse aller. Le comte de Fersen n’aurait-il pas passé du temps auprès d’elle à Trianon, dans son domaine privé où l’étiquette n’est que celle qu’elle fixe ?
Comme vous pouvez le voir en vous rendant sur place, le temple est constitué de douze colonnes au style corinthien. La coupole est en pierre venue de Conflans. Dans le centre, on trouve un trophée de six pieds de diamètre, entouré par une guirlande de fleurs. Les attributs de l’amour sont nombreux : les couronnes de roses, les carquois et les flèches liées de rubans et de roses, les feuilles d’olivier…
De son côté, le pavé est en marbre blanc. Il contient aussi des veines à compartiments bordés de rouge. Entre les colonnes, on peut y voir des bandes de marbre des Flandres.
Petite histoire des travaux de construction du temple
Même si la reine avait obtenu le domaine du petit Trianon dès l’avènement du roi, il fallut attendre 1776 pour que les premiers travaux puissent se faire dans le jardin. On se préoccupa tout d’abord, du côté nord du château, en y installant le jeu de bague et un premier théâtre.
A la place du jardin anglais qu’elle voulait avoir, il y avait les serres de Louis XV, qu’elle fit retirer sans ménagement.
Elle lance ensuite l’aménagement dans cette partie du domaine, en faisant réaliser une grande ile et prolongeant la rivière.
Le sculpteur Deschamps avait été mandé pour réaliser un modèle de temple. Avec des colonnettes de bois, en les fixant avec du mastic ! Elles portaient les chapiteaux constitués de cire. En outre, les décors et l’ornementation furent réalisés en marbre. Tout était fait pour que la souveraine se rende compte et puisse demander les ajustements qu’elle souhaitait.
En tout état de cause, les travaux aboutirent et on put retirer les échafaudages en juillet 1778.
La sculpture de Bouchardon
Alors bien sûr, le lieu est magnifique. L’amour est présent sur les ornements. Avant que les invités de la reine puissent rêver à Cupidon, on cherche à l’incarner encore davantage. Quoi de mieux pour cela qu’une statue ?
Bien placé avec sa supervision du temple, le sculpteur Deschamps soumet à la reine une ébauche faite en cire blanche.
Cependant, cette fois-ci, la reine ne suivit pas son conseil. Elle préféra une statue de Bouchardon réalisée en 1746. Il avait représenté un amour adolescent se taillant un arc dans la massue d’Hercule. Le message est clair : l’amour surpasse la force !
Aujourd’hui, la statue placée dans le temple est une copie, tandis que l’original peut se voir au Louvre.
Tout est fin prêt pour que la reine inaugure son temple, en donnant une fête pour le roi, le 3 septembre 1778. L’ensemble est complet, avec la plantation de pommiers paradis et des rosiers pelote de neige dans l’île. De leurs côtés, les ponts permettant de traverser la rivière sont couverts de caisses fleuries.
Sources bibliographiques :
- Nolhac, Pierre de. Le Trianon de Marie-Antoinette. 1914.
- Desjardins, Gustave. Le Petit-Trianon, histoire et description. 1885.