La tempête du 3 décembre 1909
La tempête du 3 décembre 1909 surprend Paris en pleine nuit, occasionnant de nombreux dégâts et des victimes.
En ce début décembre, la France se trouve prise dans un couloir entre une grande dépression allant de l’Islande à l’Ecosse, et un anticyclone sur les Açores.
Cette situation permet alors à des tempêtes venues de l’Océan Atlantique de se faufiler. C’est notamment le cas de la nuit du 2 au 3 décembre 1909, où une très forte tempête ravagea le quart nord ouest du pays.
A partir des journaux de l’époque, revivons cet épisode !
Une tempête qui surprend Paris en pleine nuit
Comme le rapporte le Petit Parisien, le vent souffla très fort au cours de la nuit. La tempête emporta dans différents endroits de la ville, volets, toitures mais aussi cheminée.
Le lendemain, l’Observatoire de la Tour Saint Jacques publia le communiqué suivant :
« Un centre dépressionnaire a traversé notre région pendant la nuit dernière, déterminant une nouvelle bourrasque, particulièrement violente entre 1 heure et 5 h30 du matin. Le vent soufflait par rafale d’ouest-sud-ouest à sud-sud-ouest, avec une vitesse moyenne de 15 mètres par seconde et de fréquents à-coups atteignant de 18 à 20 mètres. La pluie qui a débuté hier soir, à 8h25, se prolongea par averses jusqu’à 7h35 ce matin et fournit encore de 6 à 10 mm d’eau suivant les points d’observation.
Depuis le ciel reste couvert ou très nuageux et les vents se maintiennent au sud-ouest avec une vitesse de 10 à 12 mètres par seconde. »
Au plus fort de la tempête, les vents dépassèrent de très peu les 100 kilomètres heure, comme on l’enregistra au Parc Montsouris.
Les premières conséquences de la tempête
En raison de la tempête, on laissa fermer les squares et les jardins de Paris, le matin du 3 décembre. On craignait les chutes d’arbres en particulier. Le Parc de Versailles fut aussi touché. En effet, on observa des dégats dans le jardin mais aussi sur le hameau de Marie Antoinette.
En outre, le service télégraphique fut perturbé, notamment entre Paris et les régions de l’Ouest et du Sud Est.
A côté de Septeuil, un clocher s’est écroulé sous l’effet du vent.
Des inondations
A proximité de Coulomiers, le Grand Morin sortit de son lit, bloquant la navigation et bloquant certaines usines.
Par ailleurs, les carrières Fouré Mérelli, situées non loin de Rambouillet, furent englouties par les eaux. Ces inondations détruisirent les voies de chemin de fer qui y servaient pour le transport de marchandises
Des dégâts dans la rue
On compta dans Paris de nombreux dégâts. Dans son édition du 3 décembre 1909, l’Univers écrit :
« Par la suite de la violence de la bourrasque, un échafaudage s’est abattu du haut du quatrième étage d’un immeuble situé 10, rue du Cirque, entraînant tout le balcon. Fort heureusement, personne n’était en dessous.
A l’usine Van Bosstraeten et Apaire, mouleur sur bois, 50, rue de Charonne, la cheminée d’une hauteur de 30 mètres, s’est abattue sous le vent et est tombée dans l’usine même dont les vitres ont été complètement brisée. Il a fallu l’intervention des pompiers de la rue de Chaligny pour abattre les tronçons de la cheminée qui menaçait de s’écrouler. »
Ce ne furent pas les seuls incidents. Ainsi, deux jours plus tard, le même journal continue :
« En passant à la hauteur du numéro 3 de la rue de Sèvres, une jeune fille de 22 ans, mademoiselle Julie Bellocq, originaire de Pau et cuisinière chez madame Jacques Bonzon, a reçu sur la tête un lourd tuyau de cheminée. L’infortunée qui porte une grave blessure au sommet du crâne a été reconduite, après pansement à son domicile.
Un volet qui s’est détaché du sixième étage, rue de Rivoli, est tombé sur M. Dufour, quarante neuf ans, mécanicien. Celui-ci a été blessé grièvement à la tête. »
A son tour, le Petit Caporal rapporte le 6 décembre :
« Vers 10 heures du matin, une cheminée est tombée rue de Marivaux sur un cheval de fiacre. L’animal a été si gravement blessé, qu’on dut l’abattre sur place. »
Une tempête avec des conséquences sur l’ensemble du quart nord ouest du pays
Paris ne fut loin s’en faut la seule touchée.
Ainsi, le 5 décembre, la Gazette de France fait un premier inventaire des conséquences :
« Dans toutes les régions de France, l’ouragan a causé les plus grands ravages. Aux environs du Vigan (Gars), la campagne a été dévastée. Nombre d’arbres fruitiers ont été déracinés. Il en fut de même dans l’Avalonnais, où l’on signale, par surcroit, une assez abondante chute de grêle.
A Lainsecq (Yonne), le moulin de la « Montagne aux alouettes » a été abattu par la violence du vent. A Theil sur Vanne, dans le même département, un hangar métallique s’est effondré. Par bonheur, personne n’a été blessé.
A Niort, des baraques foraines installées sur la place de la Brèche ont été emportées par le vent et démolies.
A Lille, des fenêtres et des cheminées ont été arrachées. Aux environs de Dunkerque, les dégâts sont très importants, de même Reims et à Nancy.
Dans l’arrondissement de Mauléon (Basses Pyrénées), de nombreux arbres sont déracinés. Les gaves subissent une crue inquiétante. »
Cette tempête affectait aussi l’Angleterre. Les Pays Bas et la Belgique connurent également de fortes inondations.
Sources bibliographiques :
- Site de Météo France, consulté le 1er décembre 2018
- Le Petit Parisien du 4 décembre 1909
- Le Journal du 5 décembre 1909
- L’Univers du 3 décembre 1909
- L’Univers du 5 décembre 1909
- La Gazette de France du 5 décembre 1909
- Le Petit Caporal du 6 décembre 1909