Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de place

Les statues de la République éphémères du 14 juillet

Les statues de la République éphémères du 14 juillet : représentations populaires dans les rues autour de 1880

 

C’est avec le premier modèle de la Statue de la République que débute la fête nationale du 14 juillet. Nous sommes en 1880. La date de la fête nationale ne sera plus remise en cause ensuite.

Pour cette occasion, en complément de la statue municipale, les parisiens installèrent dans les rues et les places de Paris d’autres statues de la République, à l’occasion du 14 juillet, destinées principalement pour ce moment de fête.

 

Des statues de la République dans de nombreux quartiers en 1880

Le Petit Moniteur universel du 16 juillet 1880 annonce :

« A neuf heures du matin, place Voltaire, on a inauguré la statue en bronze de Ledru Rollin. M. Floquet, député de la circonscription, a prononcé un discours avec M. Charles Quentin pour inaugurer de même la statue de Sedaine. Dans le square, huit cents enfants des écoles communales, filles et garçons, ont chanté des chœurs. »

 

La Lanterne, le même jour complète :

« Place Saint Ambroise, en face l’église, s’élève une superbe statue de la République. En face de la rue Sainte Marguerite, se trouve également une statue de la République, derrière laquelle, on aperçoit un énorme tableau représentant l’ancienne Bastille.

A neuf heures du matin, la statue de la République, placée à l’angle de la rue de Lyon et de l’avenue Daumesnil a été brillamment inaugurée. »

Dans le Dix-neuvième arrondissement, « se dresse devant l’entrée d’une habitation particulière, une statue de la République, fièrent coiffée du bonnet phrygien, portant en sautoir un ruban rouge ou tricolore et environnée d’emblèmes patriotiques, faisant l’honneur à l’imagination de ceux qui en ont eu l’idée. »

 

Un emblème largement repris par la population

« Rue de Laval [rue Victor Massé], au coin de la rue Frochot, autour d’une statue de la République, une foule compacte empêchait de passer les voitures, dont les cochers ne portaient pas de cocarde tricolore.

Les automédons étaient forcés de décorer leurs boutonnières et leurs chevaux, après quoi on les faisait circuler au cri de Vive Rochefort.

Cette façon d’entendre la liberté se passe de commentaire.

Également au coin de la rue Frochot, on avait installé un guignol des plus primitifs. Au faîte, se trouvait un écusson sur lequel était peinte une République, et en exergue : Suffrage universel, Paix et travail.

Pour personnifier la République sans doute, quatre marionnettes se balançaient au-dessous de l’effigie de Marianne.

Aux deux extrémités de la chaussée d’Antin, deux arcs de triomphe.

L’église Saint Augustin, probablement à cause de l’opinion de ses fidèles, avait été l’objet d’une décoration toute particulière.

Sur la place, on avait élevé une statue représentant une grande République, qui d’un glaive qu’elle avait d’une main, avait l’air de vouloir trancher la tête d’une petite Liberté qu’elle tenait de l’autre.

Le soir, l’église était brillamment illuminée et la grande République, ainsi que la petite Liberté étaient éclairées par des feux de bengale.

 

Au pont du chemin de fer du Nord, boulevard de la Chapelle, nous avons vu une statue de la République, à laquelle on avait mis une chemise blanche et rouge ! »

 

Un symbole également repris l’année suivante, en 1881

Grâce à l’Evènement du 10 juillet 1881, nous pouvons retrouver des indices de reprise de ce symbole :

« Place d’Italie, grande fête foraine autour du square. A quatre heures, enlèvement d’un ballon. Concert dans le square qui sera illuminé a giorno. Fêtes foraines, avenue de Gobelins, boulevard de l’Hôpital et boulevard de la Gare. Bal public, avenue d’Ivry. Rue de Tolbiac, bal et concert. La place Mouffetard sera splendidement illuminée. Le 14 au matin, distribution de secours aux indigents. Inauguration d’une statue de la République. Jeux d’amusements pour les enfants

 

Mardi 12 juillet, fête foraine, boulevard de Vaugirard, de l’angle de la rue de Sèvres, jusqu’au numéro 17. Grands bals rue du Château, avenue de Breteuil, place Cambronne. Concert, place du Commerce. Inauguration le 14 juillet d’une statue de cinq mètres à la barrière de Sèvres. Réjouissances publiques. Jeux pour les garçons et les filles, prix. La rue de Sèvres et la rue de Vaugirard seront brillamment illuminées. Distribution de secours aux indigents. Retraite aux flambeaux. Promenade de société dans les principales voies. »

 

Puis une dynamique progressivement moins présente dans les années qui suivirent

En 1882, on édifia une statue de la République, place Baudoyer, près de l’église Saint Gervais Saint Protais. Dix ans plus tard, une autre statue fut installée cette fois-ci sur le parvis de l’Hôtel de Ville.

Devant la mairie du XIVe arrondissement, on avait aussi l’habitude d’installer une statue de la République éphémère.

Puis, avec le temps, l’attention se reporta sur les statues déjà en place, que ce soit sur la place de la République, mais aussi devant l’Institut de France. Les parisiens édifiaient à l’occasion du 14 juillet des arcs de triomphe, ainsi que des grandes illuminations.

 

La suite logique des concours organisé en 1879 et 1880

Mais que pensez de cette vague de statue de la République au tout début de ces années 1880. L’explication nous semble provenir des suites des concours organisés juste avant. En effet, en 1879, la Ville de Paris organisa le concours pour la grande Statue de la République. En 1880, le Gouvernement se chargea d’un autre en prévision d’un monument pour Versailles. A chaque fois, un très grand nombre d’artistes répondirent présent à la proposition des pouvoirs publics. Et pour participer, il avait fallu proposer des ébauches en taille réduite, base de départ pour les jugements des jurys.

Aussi, Paris se retrouva alors avec un grand nombre de représentations de la République.

 

Sources bibliographiques :