Histoires de Paris

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Histoires de place

La statue du Printemps empaquetée par Christo

La statue du Printemps empaquetée par Christo : étonnant drapé éphémère transparent en vue sur la Tour Eiffel

 

L’exposition du 1er juillet au 19 octobre 2020 au Centre Pompidou, « Christo et Jeanne Claude. Paris ! » est pour nous l’occasion de revenir sur quelques-unes des œuvres éphémères réalisées par ces grands artistes dans Paris.

Ainsi, en février 1964, Christo recouvrit d’une toile transparente, la statue du Printemps située sur le parvis du Palais de Chaillot, en face de la Tour Eiffel. Retour sur cette petite histoire de l’art !

 

Le contexte artistique

Bien sûr, Christo, cet artiste d’origine bulgare qui avait rejoint Paris, en 1958, avant de s’installer définitivement à New York est mondialement connu pour ses empaquetages. Des œuvres gigantesques, comme pour le pont Neuf (sujet sur lequel nous reviendrons dans le blog) mais aussi le Reichstag à Berlin…

Après ses débuts en tant que peintre, il se découvre une voie au travers de l’empaquetage, recherchant l’aspect de la forme et les reflets de la lumière sur l’objet. Après s’être essayé à ces ouvrages à partir de divers objets, avec des références à des œuvres de Man Ray, notamment, il s’intéresse à empaqueter des structures extérieures, dans la ville.

 

Un empaquetage transparent, comme drapant la statue

Ce qui frappe avec l’empaquetage de la statue du Printemps, c’est l’usage d’une matière transparente. Ainsi, l’oeuvre dévoile la forme, mais aussi le contenu du paquet. C’est sur ce plan globalement une rareté dans les œuvres empaquetées par Christo. A de nombreuses reprises, il refuse de dévoiler le contenu du paquet, laissant l’observateur s’attarder sur la forme et les replis de la toile.

Mais, pour la statue du Printemps, Christo s’intéresse au drapé, comme l’histoire de la sculpture en compte un certain nombre. De ce point de vue, Christo rajoute un effet à l’œuvre laissée par Paul Niclausse, en 1937, pour décorer le parvis du nouveau Palais de Chaillot, tout juste inauguré. En effet, la sculpture représente une femme totalement nue. Elle est, du reste, la seule à ne disposer d’aucun atour, concentrée à sa contemplation et regardant au loin.

Christo avait été fasciné par l’atelier d’Alberto Giacometti, dans lequel il s’arrêtait devant les statues empaquetées, à titre de protection, en vue de leur transport.

En complément, ainsi que le montre l’exposition du Centre Pompidou, cet empaquetage est réalisé à la même époque d’autres essais artistiques réalisés par Christo. En effet, dans ces années-là, l’artiste avait réalisé quelques portraits, tableaux empaquetés ensuite dans une toile transparente.

La météo était aussi au flou, comme le rappelle la photographie prise à l’époque. On y voit Christo posant l’empaquetage autour de la statue, avec, en arrière-plan, une Tour Eiffel, comme luttant avec les nuages foncés de l’hiver. L’impression optique est bien sûr renforcée par le noir et blanc de la photographie.

Empaquetage de la statue Le Printemps de Paul Niclausse, 14 février 1964

 

Rapide découverte de la statue du Printemps du Trocadéro

En prévision de l’exposition internationale de 1937, le palais du Trocadéro qui avait participé aux grandes heures des expositions universelles parisiennes, est détruit. A la place, on édifia dans le style de l’époque, l’art déco, un nouvel édifice : le Palais de Chaillot. Avec ses deux ailes, reliées en dessous par le théâtre de Chaillot, il laisse la place à un grand parvis, offrant une vue à nulle autre pareil sur la Tour Eiffel. De chaque côté du parvis, des statues, en bronze doré, furent installées.

La statue du Printemps est située sur le côté droit, en regardant la Tour Eiffel ; la troisième, regardant, elle aussi, la tour !

 

Sources bibliographiques :