Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de quartier

Les souvenirs du vin de Montmartre

Les souvenirs du vin de Montmartre : de mauvaise qualité au XIXe siècle, avec le souvenir doré du Moyen Age !

 

Ainsi que le rappelle Charles Sellier dans ses curiosités de Montmartre, les parisiens et les habitués de la butte du milieu du XIXe siècle ont été les derniers à connaître le goût qu’avait le vin de Montmartre. Alors bien sûr, certains privilégiés disposent de bouteilles issues de la parcelle de vigne actuelle de la butte, mais c’était une autre ambiance.

 

Vin clair, très désaltérant pour les uns, diurétique pour les autres

« C’était un jinglet très fier, d’une saveur à faire danser les chèvres, mais si désaltérant qu’on le buvait comme du petit lait » Voici le souvenir collecté auprès de vieux Montmartrois que Sellier partage avec nous. Pas vraiment un vin de qualité qui aurait notre préférence aujourd’hui. Rappelons-nous toutefois que le vin produit au cours du XIXe siècle était souvent destiné à désaltérer la population ouvrière ou paysanne. Il devait être léger en alcool et en goût.

Aussi, peut être pas si surprenant de lire que le vin était reconnu pour ses vertus diurétiques. A la fin du XVIIe siècle, Sauval écrivait : « C’est du vin de Montmartre, qui en boit pinte, en pisse quarte »… Tout en finesse !

 

« Belle montre, peu de rapport »

Les vignes de Montmartre produisaient beaucoup… de grains. Et beaucoup ne mûrissaient pas ! C’était le cas des vignes qui poussaient aussi sur les hauteurs de Belleville et de la Courtille.

 

Le souvenir du vin de la Goutte d’Or

Sur les pentes de la colline de Montmartre, le quartier de la Goutte d’Or porte son nom en souvenir de son vignoble. Et il était réputé. Au Moyen Age, la Ville de Paris offrait au roi pour l’anniversaire de son couronnement quatre tonneau du breuvage.

La couleur du vin fut reprise pour l’enseigne du cabaret des lieux, ancrant davantage le nom du quartier.

 

Nerval et les vignes du château des Brouillards

Dans un de ses nombreux écrits sur le Paris ancien, Gerard de Nerval s’intéressa à des ceps de vigne poussant sur la butte, non loin du château des Brouillards.

« C’était la dernière du cru célèbre de Montmartre, qui luttait, du temps des romains avec Argenteuil et Surènes. Chaque année, cet humble coteau perd une rangée de ses ceps rabougris qui tombe dans une carrière. 

Il y a dix ans, j’aurais pu l’acquérir au prix de trois mille francs… On en demande aujourd’hui trente mille. C’est le plus beau point de vue des environs de Paris.

Ce qui me séduit avant tout, dans ce petit espace abrité par les grands arbres du Château des Brouillards, c’est ce reste de vignoble lié au souvenir de Saint-Denis, qui au point de vue des philosophes était peut-être le second Bacchus ».

 

Sources bibliographiques :