La Société plâtrière de Paris
La Société plâtrière de Paris fut la compagnie qui exploita le gypse parisien dans la seconde moitié du XIXe siècle
La fondation par des grands noms du régime de la Monarchie de Juillet
En reprenant les principales carrières autour des Buttes Chaumont, la Société plâtrière de Paris fut constituée au cours de la Monarchie de Juillet, à la fin des années 1830. Ses fondateurs souhaitèrent profiter alors de l’engouement des constructions à Paris. Pour cela, le plâtre produit grâce à ces carrières de gypse constituait pour eux une belle affaires.
Une société du célèbre banquier Jacques Laffitte
Ces entrepreneurs n’étaient pas n’importe qui. En effet, le banquier Jacques Laffitte fut à la manœuvre. Député, il était un des membres très influent de la Monarchie de Juillet. Pour l’accompagner dans son aventure, il fit appel à plusieurs autres députés et entrepreneurs en bâtiments. Ainsi, lors de la constitution de la société, elle disposait d’un conseil d’administration imposant :
- Jacques Laffite, banquier et député
- M. Dupont, député
- M. Arago, membre de l’Institut et député
- M. Bachelu, lieutenant général et député
- M. Roussel, entrepreneur en bâtiments et juge au tribunal de commerce de la Seine
- le vicomte de Laferté
- Victor Lemaire, entrepreneur en bâtiments.
La reprise des carrières des Buttes Chaumont
Installée au 16, rue Laffitte, la Société plâtrière de Paris disposa alors d’un capital social de 4 millions de Francs, répartis en 4 000 actions.
Le Conseil d’administration confia la gérance de la société à M. Higonnet.
Alors, la Société put se mettre à exploiter ces carrières, avec les volumes suivants :
- Schacher pour un cube exploitable de 1 506 860 mètre cubes,
- Cottin avec comme cube 2 692 335 mètre cubes,
- Amérique disposant un volume de 925 745 mètre cubes
Rapidement, la société dégagea d’importants revenus. Toutefois, les actionnaires se plaignirent vite. Ils se rendirent compte en effet, que la société ne disposait que du droit d’exploitation des carrières et non leur pleine propriété. Ensuite, ils remarquèrent que tous les bâtiments que la société devait construire et entretenir devaient in fine revenir au gérant, lorsque l’exploitation se finirait. L’abus de bien social fut alors reconnu sur ce plan
A partir des années 1850, les carrières des Buttes Chaumont déclinent. Ainsi, elles commencent à fermer au début des années 1860, remplacées ensuite par le grand parc que nous connaissons aujourd’hui. Les carrières d’Amériques fermèrent un peu après. Ainsi, l’exploitation du gypse se déplaça ensuite vers les autres collines plus à l’est. D’abord à Pantin pour s’éloigner progressivement !
La fusion des compagnies parisiennes de plâtre.
Dans les années 1870, la région parisienne comptait alors deux grandes sociétés plâtrières :
- A l’est avec la Société générale plâtrière
- A l’Ouest avec la Société des plâtrières du Bassin de Paris.
Ces deux sociétés contrôlaient alors le marché parisien. En effet, la première produisait l’équivalent de la moitié de la consommation parisienne de plâtre et la seconde le quart.
Elles fusionnèrent en 1879, formant la Société plâtrière réunie du Bassin de Paris. Alors doté d’un capital de 12 millions de francs, elle exploitait les carrières et usines suivantes :
- Argenteuil : Bast, Vaucelles, Champ Guérin, Godde, Amidoine, Mauilly et la Pissotte, Cloviers,
- Cormeilles en Parisis
- La Frette,
- Harblay,
- Romainville,
- Bagnolet : Viénot et Rouve
- Livry, Vaujours Villeparisis
Pour accompagner ce développement, la Société organisa la vente de 18 000 actions. On continuait de promettre d’importants revenus.
Pour asseoir son activité, les carrières et les usines de plâtre profitaient largement du réseau de voie ferré construit alors.
La fin des bonnes affaires
Au début du XXe siècle, les comptes de la société plâtrière de Paris ne sont plus aussi bons. Il n’est plus question alors de verser des dividendes.
La réalité économique d’alors fit baisser les prix de vente, aboutissant à une diminution régulière des résultats. En effet, en 1904, la société enregistra un bénéfice de 71 227 Francs contre 99 388 francs l’année précédente. A cette date, elle commence à discuter de partenariats avec d’autres acteurs du secteur.
A noter que les bénéfices s’étaient élevés à 157 837 Francs en 1902. Ainsi, en pratiquement trois ans, l’entreprise avait perdu la moitié de ses résultats.
La compagnie subsista et progressivement l’exploitation du gypse dans le bassin parisien rentra définitivement dans l’histoire.
Sources bibliographiques :
- Journal La presse du 12 octobre 1840
- Le globe du 24 août 1841
- La Lanterne du 7 novembre 1880
- Le Gaulois du 9 novembre 1880
- Le journal des finances du 28 décembre 1901
- La cote de la Bourse et de la banque du 1er juin 1904
- Le journal des finances du 9 septembre 1905