La Seine gelée
La Seine gelée, spectacle très dangereux quand la température descendait en dessous de -10°C pendant 3 jours.
Lors d’hivers très froids, Paris découvrait une Seine totalement gelée. Difficile à imaginer de nos jours, elle fit pourtant partie du quotidien pour de nombreux parisiens. Grâce à une petite revue de presse, revenons sur ce phénomène.
Un parquet de cristal
« La Seine devient un parquet de cristal ». Voici comme désigna le fleuve, le 8 janvier 1868, le Petit Journal. A cette époque, Paris était couverte de neige, sur les toits, comme les pavés. L’eau des fontaines fut aussi congelée. Cette année-là, afin de nettoyer les rues, les cantonniers regroupaient les glaces, pour les jeter ensuite dans la Seine.
Température nécessaire pour que la Seine ne gèle
On estima qu’il fallait 3 jours avec un froid à -10°C pour que la Seine gèle si elle n’était pas trop grande. Aussi, cette année là, on estima que comme le fleuve était plus gros qu’à l’habitude, le froid n’était pas suffisant.
De ce fait, la Seine mettait toujours du temps avant de prendre en glace. Ainsi, en 1776, alors que le froid démarra le 9 janvier, elle ne fut gelée qu’à partir du 24 au 25 janvier. Par ailleurs, certaines parties du fleuve furent prises. En effet, cette année-là, la congélation du fleuve ne se fit qu’au-delà du pont de la Tournelle jusqu’un peu après le pont royal.
Suivant la durée du froid, la Seine restait glacée plus ou moins longtemps. Ainsi, durant l’hiver 1789, elle fut prise entre 26 novembre et 20 janvier. On enregistra jusqu’à -23°C le 31 décembre.
Souvenirs de la Seine gelée
Les archives parisiennes relatent que de nombreuses fois où la Seine fut gelée. Ainsi, en 1783, elle fut couverte de glace pendant deux mois entiers. Les glaces durèrent plus longtemps en 1655 (entre décembre et mars). Enfin, il arriva que les glaces ne durent qu’une journée, comme en 1871.
Différence entre la Seine prise et la Seine qui charrie
La Seine prise était totalement recouverte de glace. Lorsqu’elle charriait, elle transportait des blocs de glaçons. Ainsi, suivant la force du froid, le stade entre la Seine qui charriait et celle qui était prise, était franchie. Ce fut le cas notamment en 1840, avant qu’elle ne gèle entièrement entre les ponts d’Austerlitz et Saint Cloud. Des gros glaçons se déplacèrent, menaçant les piles des ponts.
En 1408, les parisiens eurent très peur de ces morceaux de glaces qui venaient heurter les ponts. Il faut se rappeler que des maisons étaient édifiées au-dessus.
Traverser la glace à ses risques et périls
Avec une Seine en glace, la tentation de traverser à pied était toujours présente. On raconte qu’en 822, les « charrettes les plus lourdes pouvaient passer sur la Seine gelée que l’on traversait de préférence à ses ponts, quand son parcours abrégeait la distance ». Rappelons-nous qu’à cette époque, les ponts se concentraient autour de l’île de la Cité. Les quais étaient beaucoup plus bas sur les rives également.
Les glaces pouvaient aussi être cause d’accidents. Début janvier 1868, un individu voulut traverser à pied la glace au niveau de Bercy. Pour s’aider, il s’équipa d’une perche pour faire office de balancier. Toutefois, arrivé au tiers du chemin, la glace se mit à craquer. Poussé par ses camarades restés sur la berge, il continua. Tout d’un coup, il se retrouva dans l’eau. La glace avait craqué. Cependant, sa perche le sauva et on put aller le chercher vite.
Par ailleurs 1798 – 1799, la Seine prit en glace pendant plus de 20 jours. Toutefois, l’épaisseur de la glace ne fut pas suffisant pour supporter des piétons. Un accident eut lieu le 19 janvier quand un homme voulut traverser à proximité du pont neuf et tomba dans l’eau.
Enfin, cette dangerosité excitait aussi l’imagination. Ainsi, la presse rapporta en janvier 1835 que cinq personnes auraient auraient trouvé la mort en tentant de traverser la Seine prise dans la glace. Elles auraient voulu économiser le péage en passant sur les ponts. Cependant il ne s’agissait d’une invention d’un journaliste
Voici quelques livres à découvrir
Sources bibliographiques :
- Le petit Journal du 8 janvier 1868
- Le soir du 23 décembre 1938
- Le journal des débats politiques et littéraires du 22 janvier 1891
- La presse du 22 janvier 1854
- Le nouvelliste de Bellac du 27 janvier 1867
- Le Figaro du 24 janvier 1835