Saint Benoit le bétourné
Saint Benoit le bétourné, une des premières églises de Paris transformée au fil des temps en abbaye, paroisse, entrepôt et salle de spectacle.
Une des premières églises parisiennes
Dans ses premiers temps, l’église était dédiée à la Trinité, sous l’invocation de Saint Bache. Présente avant les invasions normandes du IXe siècle, elle permettait la vénération de Saint Bache et Saint Georges, martyrs de Syrie. Ce culte était selon Jean Lebeuf très fréquent au premier millénaire.
Cette église fut ensuite le siège d’une abbaye.
Le transfert de l’abbaye à des chanoines au XIIe siècle
A partir du XIIe siècle, l’église est confiée à des chanoines et prend le nom de Saint Benoit. Parmi les conditions de ce transfert de Saint Benoit à l’évêché, il fut exprimé la nécessité pour le chapitre de Notre Dame de la maintenir comme station pour ses processions.
La vénération de la Trinité à Saint Benoit vint d’une affirmation que Saint Denis l’aurait prié en ces lieux.
En 1319, ces chanoines purent reconstruire les portes du cloître.
Saint Benoit fut totalement reconstruite à la Renaissance
Elle fut appelée le bétourné, car son autel fut déplacé au Moyen Age vers l’est.
Par ailleurs, selon Lebeuf, l’église finale datait du début du XVIe siècle. En 1530, une évêque vint bénir les autels de Saint Benoit.
Saint Benoit était organisée alors autour de deux ailes larges sur le côté sud et une petite du côté nord.
Le sanctuaire fut refait ensuite au cours du XVIIe siècle.
Derrière l’église, un petit cimetière avait été installé. Il fut transféré en 1615 derrière l’Institut de France et définitivement fermée à la Révolution.
En raison de la dévotion parisienne pour Saint Denis, les marguilliers, habitants du Marais, y avaient installé une confrérie.
Le territoire paroissial historique de Saint Benoit fut au cours de l’histoire démembrée, suite à l’élévation en paroisses de Saint Etienne des grez, Notre Dame des champs et Saint Jean de Latran.
Une église privée après la Révolution, utilisée comme entrepôt et salle de spectacle.
A la Révolution, l’église de Saint Benoit fut vendue le 18 décembre 1796. C’est un chasublier du quartier, Jérôme Watrin qui se porta acquéreur. Avec le Concordat, le culte y fut restauré jusqu’en 1812.
A cette date, l’église changea de main et fut acquise par un meunier, Jean Baptiste Ouy, au prix de 65 000 francs. On découvrit alors de nombreux ossements dans les combles du bâtiment. Ils furent transportés rapidement dans les catacombes.
En raison des difficultés du commerce de farine à la fin de premier Empire, l’église resta longtemps vide.
A la Restauration, Jean Baptiste Ouy proposa à l’Etat de racheter son bien. Toutefois, en raison du refus des pouvoirs publics, il l’aménagea en salle de spectacle. Ce fut un acteur de l’Odéon qui en obtint le privilège en 1832 : Eric Bernard.
L’église de Saint Benoit fut finalement détruite lors du percement de la rue des Ecoles en 1854.
De cette ancienne église parisienne, il resta le saint sépulcre qui fut confié à Saint Etienne du Mont, l’orgue à Saint Jacques du Haut Pas. On peut également retrouver dans cette dernière, une statue de la Vierge qui était dans l’abside de Saint Benoit jusqu’en 1812. Le portail de l’église fut également installé dans une des cours de l’Hôtel de Cluny.
Sources bibliographiques :
- Lebeuf, Jean. Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris. T2 1893.