Les ruines de Paris en 4908 par Alfred Franklin
Les ruines de Paris en 4908 par Alfred Franklin : le récit de la découverte d’explorateurs à Paris détruite par un cataclysme
Une première publication anonyme sans tant l’être
Alfred Franklin est connu des amateurs d’histoires de Paris, comme l’auteur de nombreuses histoires plutôt sérieuses. On doit en effet à ce bibliothécaire des récits historiques sur la vie privée d’autrefois, les Corporations ouvrières de Paris du XIIe au XVIIIe siècle, les anciens plans de Paris, la Sorbonne….
Et pourtant, il voulu lui aussi s’amuser à écrire un petit roman d’anticipation. Toutefois, son idée au départ était une publication anonyme.
Aussi, pas de nom d’auteur dans la première édition de 1875. Enfin, pas tant que ça. En effet, sur une dizaine d’exemplaires, l’éditeur rajouta, à l’insu de Franklin, le nom de l’auteur.
De ce fait, dans la publication du Journal Officiel de la Libraire, Franklin est bien présenté comme l’auteur des Ruines de Paris en 4908. Pas si anonyme que ca !
Cette même année, le livre est une nouvelle fois publiée, tout en le laissant anonyme.
Ensuite, en 1879, une troisième publication est menée. Toutefois, le nom de Franklin apparaît dans une mosaïque. Cette fois-ci encore sans l’autorisation de Franklin.
Mais c’est surtout la reprise sur un plan identique, avec des arguments et une intrigue proche par Edmond Haraucourt dans la Traversée de Paris qui poussa à Franklin à se mettre davantage en avant dans la publication de cet ouvrage.
Une organisation sous forme de lettres
C’est dans le format d’une lettre adressée au ministre de la Marine et des Colonies, installée à Nouméa en Nouvelle Calédonie que l’ouvrage démarre. La missive est datée du 2 février 4908.
L’auteur est le commandant d’une flotte d’exploration chargée de venir redécouvrir Paris, présentée comme à l’origine de Nouméa, colonie parisienne d’après le texte.
Il écrit avec beaucoup de joie : « J’ai retrouvé le berceau de nos ancêtres. » Il continue ensuite « j’ai retrouvé la plus belle, la plus riche, la plus célèbre, la plus somptueuse ville du vieux monde, car c’est en vue des ruines de Paris que j’écris cette dépêche »
S’ensuit une série de lettres entre ce commandant et diversministres.
Récit d’une redécouverte et le contact avec de nouvelles populations
La flotte était arrivée par une forte mer. La zone avait connu un grand cataclysme.
Une fois accosté, les explorateurs furent accueillis par des habitants locaux : « les naturels accoururent au-devant de nos marins, puis s’empressèrent autour d’eux,parlant, criant tous à la fois, s’escrimant pour les voir de plus près, les contemplant avec une avidité enfantine »
Ce récit ressemble ainsi à celui qu’on pouvait faire des grandes découvertes du XVIe siècle.
Le commandant poursuit : « les mœurs de cette peuplade, que nous avons été depuis à même de bien connaître, offrent d’étranges contrastes. Au sein de cette tribu sauvage, qui semble avoir émergé du sol dans ces régions inhabitées, chez ces barbares vêtus de bêtes, on remarque des vertus, des vices, des goûts, des travers, des aspirations qui sont en général le produit des civilisations raffinées ».
Nous sommes donc ici à la redécouverte d’une société froide,qui aurait connu une chaleur ancienne…
Le déblaiement des ruines de Paris et les interprétations des explorateurs
C’est sur autorisation du ministre et de l’empereur, que la flotte peut commencer à déblayer ce qu’il reste de Paris. Pour cela, elle peut s’appuyer sur les renforts envoyés de Nouméa.
Le rapport effectué démarre par des constations géologiques. Cette approche permet de décrire un peu le cataclysme connu alors : « la couche supérieure, qui ne dépasse nulle part cinq mètres, est composée de terres, de cendres et de sable, formant trois lits d’épaisseur inégale.
La seconde couche recèle des éléments les plus variés. »
Il complète ensuite avec les fossiles retrouvés sur place, ainsi qu’une description de la faune et la flore.
Au bout de quinze jours de travail, l’expédition parvint à dégager l’Arc de Triomphe, que l’empereur avait priorisé. Ainsi, en 4908, les noms des maréchaux d’Empire refont surface. Sauf que les explorateurs intervertissent les lieux des batailles avec ceux des soldats.
Ils découvrent une grande avenue avec une plaque pratiquement illisible : « Avenue des C—-S ». Ils l’interprètent alors comme l’avenue des chefs illustres. Par surprenant pour ces explorateurs : à côté de l’Arc de triomphe.
Enfin, au bout, dans une grande place, ils observent une grande pierre droite au centre : ils pensent alors à un ex voto à la mémoire des anciens nautes, qui géraient le commerce sur la Seine. En effet, ils avaient trouvé sur un bâtiment de place une plaque : « Ere de la Marine ». De ce fait, ils étaient persuadés que cette place concentrait les services de la navigation fluviale de Paris. Les explorateurs appellent donc le lieu, la place de la navigation.
Au fur et à mesure du cheminement dans Paris des explorateurs, ils tentent d’attribuer une fonction à l’endroit. Ainsi, les Tuileries sont interprétées comme un vase cimetière. Que penser de la Statue de Jeanne d’Arc, vue comme une représentation de Minerve ?
Le pont des arts devient ensuite le pont des lézards…
Bien sûr, cette description rapide invite à se pencher davantage sur ce livre. Il interroge sur l’avenir d’une ville, mais aussi, sur la capacité à interpréter un lieu archéologique, même en connaissant la langue…