La rue Saint Dominique inondée au niveau du Gros Caillou
La rue Saint Dominique inondée au niveau du Gros Caillou. Les habitants sont surpris par la vitesse des eaux.
Tout comme une très grande partie du quartier du Gros Caillou, la rue Saint Dominique paya un tribut important à la crue de 1910. Ici, l’eau venait de l’Esplanade des Invalides mais aussi de la Seine débordant des quais.
Des caves d’abord inondées
Evoquant d’abord la situation au niveau de l’esplanade des Invalides, Le Matin écrit le 28 janvier :
« L’esplanade des Invalides offre maintenant l’aspect d’un immense lac d’où émergent quelques rares ilots. Rue Saint Dominique, rue de Grenelle, rue Cler, avenue de la Tour Maubourg et dans toutes les rues avoisinantes jusqu’à l’avenue de la Motte Piquet, les caves sont inondées.
Puis l’eau affleure sur la chaussée empêchant tout ravitaillement
Le lendemain, le Matin rapporte une situation qui s’est considérablement aggravée. L’eau a recouverte la chaussée, mais elle n’est pas assez haute pour permettre une circulation de bateau.
« Rue Saint Dominique, entre la rue Jean Nicot et le passage Andrieu, aucun service de secours et de ravitaillement n’a pu être établi hier après-midi. Les marins ne peuvent accéder à cet endroit ne raison des monticules causés par l’éclatement de la chaussée. »
Rapidement, les riverains sont touchés par la faim
Aux fenêtres, quelques habitants affamés demandent du pain. Ils sont sans vivres depuis mercredi. Un seul boulanger a pu effectuer le ravitaillement de quelques habitants. Un médecin qui portait des médicaments à un malade demeurant 81, rue Saint Dominique, n’a pu parvenir jusqu’à lui. »
Scène macabre dans la loge du 64 de la rue Saint Dominique
Le blocage de la rue et son inondation posa également un autre problème. En effet, une concierge avait trouvé la mort dans son lit quelques jours plus tôt. Du fait de l’inondation, il fallut vite la retirer de là, comme l’écrit le Matin du 29 janvier 1910 :
« Hier soir, le gardien de la paix Carré, du septième arrondissement, a été requis par M. Thiéry, concierge du 64 de la rue Saint Dominique, pour constater le décès de sa femme morte depuis trois jours, c’est-à-dire, avant l’inondation de sa rue. La malheureuse, dans sa pièce emplie d’eau, surnageait dans son lit. Pour se rendre sur les lieux, le gardien de la paix a été porté à dos par un égoutier. Celui-ci ayant fait un faux pas dans un trou, est tombé à l’eau avec l’agent. »
Le Petit Parisien complète :
« Pour se rendre sur les lieux, le gardien a été porté à dos par un égoutier, et celui-ci ayant fait un faux pas dans un trou, tous deux sont tombés à l’eau. L’agent, qui était complètement mouillé, est rentré à son domicile et des sauveteurs ont dû transporter aux étages supérieurs le cadavre de la pauvre femme. »
Comme on peut le constater, la population se retrouve prise par la montée très rapide des eaux. Elle n’imaginait pas qu’elle puisse être touchée de la sorte.
Le 30 janvier, le Matin poursuit avec ces récits :
“Les habitants de la rue Saint Dominique signalent à l’attention du public la courageuse conduite d’un de leurs voisins qui se servant de la porte de son armoire a glace comme une embarcation, a pu porter pendant trois jours des vivres aux sinistrés bloqués par les eaux.
Rue Saint Dominique, une femme est décédée, n’ayant pu recevoir les soins du médecin.”
Sources bibliographiques :
- Le Petit Parisien du 27 janvier 1910
- Le Matin du 28 janvier 1910
- Le Matin du 29 janvier 1910
- Le Petit Parisien du 29 janvier 1910
- Le Matin du 30 janvier 1910