La rue Leblanc inondée en 1910
La rue Leblanc inondée en 1910. Noyée par les infiltrations, elle est envahie par la Seine dépassant le quai.
Tout comme la totalité du quartier de Javel, la rue Leblanc se retrouve prise par les eaux de la Seine lors de la crue de 1910.
Récit d’une catastrophe qui marqua les parisiens.
L’eau remonte par les égouts
Le 25 janvier 1910, le Radical évoque dans son compte rendu de la crue à Paris la situation dans le quartier de Javel.
A cette date, le danger ne vient pas de la Seine elle-même, encore confinée par les quais, mais plutôt par les infiltrations.
« L’eau jaillissant des regards d’égout a inondé la rue Leblanc (quinzième arrondissement). On a procédé au sauvetage des habitants, au nombre de deux cents environs, à l’aide de bateaux. »
Comme on le constate, l’eau est montée très vite, envahissant la chaussée et nécessitant que de nombreux occupants quittent les lieux.
Touchant tout le quartier
Le journaliste poursuit :
« Rue Leblanc, l’eau s’étant sur un espace de 150 mètres ; plus grande profondeur, 0m.80. Soixante habitants sont emprisonnés. Des tombereaux assurent l’accès des immeubles. Des bons de logement sont distribués. Le quai de Javel n’est envahi que sous le pont du chemin de fer, à la hauteur de la rue Leblanc. »
Tout le quartier est touché : « Rue des Cévennes, il y a 0m.50 d’eau sur 120 mètres, mais pas d’habitation touchée. Rue de Javel, il y a 0m.50 d’eau sur 80 mètres ; deux immeubles touchés.
Rue Saint Charles, à l’angle de la rue de l’église, il y a 0m.20 d’eau. Rue de Lourmel, entre la rue Leblanc et la rue Vasco de Gama, il y a 0m.40 d’eau sur 150 mètres. Route militaire, près de la porte du Bas Meudon, il y a 0m.80 d’eau sur 150 mètres. Beaucoup de caves sont envahies. »
Quelques tentatives de lutte
Pour tenter que l’eau continue de toucher toujours plus d’espace, on tente des moyens de fortunes.
Le Radical du 26 janvier les rapporte :
« De petits murs sont élevés autour des regards d’égouts, rue Leblanc. Un service de va-et-vient est fait par bachot ; il en est de même rue Saint Charles, rue Payen et rue de Javel.
Aujourd’hui, le carré formé par l’avenue et la rue de Javel, l’avenue Félix Faure, la rue Leblanc, sera inondé. »
Comme on le constate, rien n’empêche les flots de passer.
L’eau passe au-dessus des quais
Cependant, la Seine monte… et monte encore et toujours. Aussi, arrivé à un moment, les habitants de de la rue Leblanc n’ont pas seulement à craindre les infiltrations remontant par les égouts. La Seine dépasse maintenant la hauteur du quai.
Dans son édition du 27 janvier, le Matin fait un dramatique état des lieux :
« L’eau, qui jusqu’ici n’avait envahi en ce point populeux que l’extrémité de quelques rues aboutissant aux quais, en submerge la presque totalité. Elle monte, monte, arrivant tant par la Seine que par les égouts dont les bouches, maçonnées pourtant à la hâte, crachent de terribles trombes. Le quai de Javel, lui n’existe plus. Le flot bat les maisons, atteignant en certains endroits les premiers étages. »
Dés lors l’eau s’engouffre partout !
« Dans l’intérieur du quartier de Javel, les rue Leblanc, Saint Charles, Sébastien Mercier, et la plupart des voies qui y aboutissent ne forment plus que d’immenses canaux bourbeux et profonds.
A neuf heures du matin, l’envahissement du flot avait commencé à devenir de moins en moins rassurant. Aussitôt, M. Borde, le distingué commissaire de police de Javel, avait demandé des soldats au bastion 68 situé Boulevard Victor. Mais comme les militaires allaient partir, l’eau atteignait bientôt leur casernement, submergeant les sous-sols et le rez-de-chaussée. Et il fallut employer des bachots et des radeaux. »
Le même jour, le Petit Parisien évoque lui aussi les dégâts observés dans la rue.
« Rue Leblanc, l’eau jaillit abondamment par toutes les ouvertures des égouts et une crevasse a rompu l’asphalte du trottoir. »
Sources bibliographiques :
- Le Radical du 25 janvier 1910
- Le Radical du 26 janvier 1910
- Le Matin du 27 janvier 1910
- Le Petit Parisien du 27 janvier 1910