La rue de la Michodière
La rue de la Michodière porte le nom d’un prévôt des marchands, très impatient de le inscrit sur un écriteau.
Située dans le deuxième arrondissement, la rue de la Michodière relie le boulevard des Italiens à la fontaine Gaillon, non loin de l’Opéra, en traversant la rue du Quatre Septembre.
Au milieu du XIXe siècle, on trouvait au début de la rue, du côté du boulevard, deux plaques annonçaient la rue : la rue de la Michodière et la rue de la Michaudière. Quelle orthographe retenir ?
Voici une des Énigmes des rues de Paris auxquelles Edouard Fournier se penche.
Nom d’un prévôt des marchands du XVIIIe siècle
En 1772, un secrétaire d’Etat et prévôt des marchands de Pari répondait au nom de M. Delamichodière. Un nom ressemblant à celui de la rue, donnant une piste sur l’orthographe à retenir. En un seul mot toutefois.
Né en 1720, Jean Batiste François Delamichodière avait eu une carrière bien avancée lorsqu’il arriva comme prévôt des marchands. Il avait été, en effet, dans l’Intendance de Riom, puis celle de Lyon. S’intéressant à l’économie et au statistique, il avait tenu correspondance avec Voltaire sur ces thèmes. En 1764, il publia des Recherches sur la population des généralités d’Auvergne, de Lyon, de Rouen. C’est à la suite de ces travaux, qu’il arriva à Paris.
Premier projet autour de Bonne Nouvelle
Au cours de la première année de la charge du prévôt des marchands, on projeta d’ouvrir en direction du boulevard Bonne Nouvelle, trois voies. Deux devaient faire relier le faubourg Saint Denis et celui du faubourg Poissonnière. La troisième devait elle rejoindre la rue Basse Porte Saint Denis, absorbée quelques années plus tard par le boulevard lui-même.
La première rue fut baptisée au nom du duc d’Enghien. La seconde prit le nom de la rue de l’Echiquier, en souvenir du fief situé à cet endroit. Pour la troisième, on pensa au nouveau prévôt, M. Delamichodière.
Impatience d’un prévôt et réalisation de la rue de la Michodière
Cependant, le projet de cette troisième rue traina en longueur. Aussi, en 1778, la date de la fin de mandat s’approchant, le prévôt n’avait toujours pas de rue à son nom. Pour pouvoir garder la trace de son nom, il fit tracer une nouvelle rue à un autre endroit.
A la demande du prévôt, la ville acheta près du pavillon de Hanovre, un vaste hôtel qui était alors la propriété du prince des Deux Ponts. L’édifice fut ensuite détruit et on traça à l’emplacement du domaine, une rue.
M. Delamichodière put alors sa voie.
Quatre moins, après, le prévôt avait changé. Son successeur était nommé, en la personne de M. de Caumartin.
Un homme finalement deux fois parrain d’une rue parisienne
En 1783, la rue prévue initialement sur le terrain des Filles Dieu, au niveau de la rue Basse Porte Saint Denis fut finalement réalisée. Même si le prévôt n’était plus en fonction, on lui donna quand même son nom. Ainsi, l’homme se retrouva avec deux rue de Paris portant son patronyme. Afin de pouvoir la distinguer de l’autre, on se souvint que le prévôt avait acquis le domaine d’Hauteville. Louis XV lui avait donné ensuite le titre de comte. Pour cette raison, la rue prit le nom de rue d’Hauteville.