Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Repères

La revue militaire du 13 septembre 1870

La revue militaire du 13 septembre 1870 : gigantesque de défilé pour mobiliser tout le monde avant le combat.

 

Revenons 150 ans en arrière ! Paris est alors sous la menace des Prussiens. Après la débâcle de Sedan et l’emprisonnement de Napoléon III, la République est déclarée en France. Le nouveau gouvernement refuse de reconnaître la défaite et s’engage dans le conflit.

Les Prussiens prennent la décision de foncer vers Paris pour y pousser les Français à la reddition.

Le 14 septembre 1870, les assaillants ne sont pas encore aux portes de Paris. Mais ils se rapprochent rapidement et dangereusement.

Le reste de l’armée française est rapatriée en urgence dans la capitale, auquel s’ajoute les gardes nationales et sédentaires constituées par des citoyens volontaires pour certains.

Il s’agit alors d’une force de près de 200 000 hommes. Aussi, pour le général Trochu, gouverneur de Paris et à la tête du gouvernement de défense national, il importe de renforcer leur mobilisation, avant un combat qui s’annonce bien difficile. C’est l’enjeu de la revue militaire du 13 septembre 1870

 

Une revue dans tout Paris

Dans son édition du 13 septembre 1870, le Petit Parisien, que nous utilisons comme source d’archives pour ces articles sur la Guerre de 1870, écrit :

« Le général Trochu passera demain mardi l’armée de Paris en revue. Comme le nombre des troupes sous les armes, gardes nationaux, mobiles et soldats, s’élève de 180,000 200,000 hommes, il n’y aura pas de défilé ; la revue aura lieu dans Paris tout entier. »

 

La revue est décrétée par l’Etat major général et s’organise dans les grands axes de Paris.

Ainsi, les 9 sections répartissant les forces chargées de la défense de la capitale, sont placées sur un tracé que devait parcourir le général Trochu, allant de la place de la Bastille à celle de la Concorde, en passant par les grands boulevards (via la place du Château d’Eau, renommée dix ans plus tard en place de la République, mais aussi l’Opéra et la Madeleine).

 

Une revue très populaire

Comme pour les défilés militaires du 14 juillet, cette revue attira beaucoup de monde :

« Trois cent mille citoyens défilant au son du tambour, aux cris de Vive la France ! Vive la République ! et jurant sur leurs armes de vaincre ou de mourir, tel est le spectacle que Paris a eu hier.

 

Accueilli avec enthousiasme sur toute la ligne de cette immense revue qui, de la place de la Bastille, s’étendait jusqu’à l’Arc-de-Triomphe, le général Trochu a pu voir, une fois de plus, quels sentiments animent notre garde nationale. Le gouverneur de Paris, président de la défense nationale, sait que la France a le droit de compter sur ces hommes dont pas un ne reculera au moment du danger. »

 

Ainsi, cette revue militaire avait donc pour enjeu de mobiliser tout le monde, d’assurer une cohésion indispensable, avant le combat. Pour les militaires, c’était évidemment l’occasion de voir et saluer le gouverneur de Paris, à qui ils devaient obéir.

 

Sources bibliographiques :

 

Ordre d’organisation de la revue par l’Etat major général

« Ordre : Une revue de la garde nationale sera passée, mardi 13 septembre, par le président du gouvernement de la défense nationale, gouverneur de Paris

les généraux et amiraux commandant les sections établiront les bataillons composant leurs sections sur les emplacements qui leur sont affectés, à onze heures et demie, au plus tard.

 La 1e section, commandée par M. le général Faron, et composée des bataillons n° 14, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 56, 73, 93, 94, 95, 96, 121, 122 et 126, sera massée sur la place de la Bastille.

 

Les sections suivantes seront disposées le long des boulevards intérieurs, sur deux lignes se faisant face, tournant le dos aux maisons et sur autant de rangs que l’exigeront les limites des emplacements qui leur sont assignés. En cas d’insuffisance de ces emplacements, elles se masseront, en outre, dans les rues adjacentes.

  •  La 2e section, commandée par M. le général Callier et composée des bataillons n° 27, 30, 31, 54, 57, 5$, 63, 65, 66, 67, 68, 80, 83, 86, 88, 89, 123 et 130, occupera l’espace compris entre la place de la Bastille et la place du Château-d’Eau.
  •  La 3e section, commandée par M. le général Montfort, et composée des bataillons n° 9, 10, 23, 24, 25, 26, 28, 29, 62, 107, 108, et 128, sera massée sur la place du Château-d ‘Eau.
  •  La 4e section, commandée par M. l’amiral Cosnier, et composée des bataillons n” 6, 7, il. 32, 34, 36, 61, 64, 77, 78, 79, 116, 117, 124, 125 et 129, occupera l’espace compris entre la place du Château-d’Eau et la rue Saint-Denis.
  •  La 5e section, commandée par M. le général Ambert, et composée des bataillons n° 2, 3, 8, 33, 35, 37, 90, 91, 92, 100, 111, 112, 113 et 132, occupera l’espace compris entre la rue Saint-Denis et la rue Montmartre.
  •  La 6e section, commandée par M. l’amiral Floriot de Langle, et composée des bataillons n° 1, 4, 5, 12, 13, 38, 39, 69, 71 et 72, occupera l’espace compris entre la rue Montmartre et la rue de la Chaussée d’Antin.
  •  La 7e section, commandée par M. l’amiral de Blontagnac, et composée des bataillons n° 15, 17, 41, 45. 47, 81, 82, 105, 106, 127 et 131, occupera l’espace compris entre la rue de la Chaussée-d’Antin et la place de la Madeleine.
  •  La 8e section, commandée par M. l’amiral Méquet, et composée des bataillons n° 16, 18, 19, 20, 40, 43, 46, 83, 84, 85, 103, 104, 115 et 136, occupera la place de la Madeleine, la rue Royale et une partie de la place de la Concorde.
  •  La 9° section, commandée par M. l’amiral de Challié, et composée des bataillons n° 21, 22, 42, 44, 59, 60, 101, 102, 118, 119, 120, 133, 134 et 135, sera massée sur la place de la Concorde.
  •  Les bataillons commandés pour un service de place ou de rempart sont seuls dispensés d’assister à cette revue. »