Histoires de Paris

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Vies de travail

Le règlement général de police de 1635 sur les métiers

Le règlement général de police de 1635 sur les métiers : un contrôle du commerce et application des censures.

 

Fort de sa nouvelle situation, avec le contrôle sur toute la police parisienne, le lieutenant civil du Châtelet publia en 1635 un nouveau règlement général de police.

Après une première partie obligeant les vagabonds et personnes sans activité de quitter la ville, le lieutenant civil revient sur les règlementations liées aux métiers parisiens. En effet, à Paris, comme dans de nombreuses villes d’alors, les autorités de police étaient chargés de la sécurité publique, mais aussi la bonne application des règlementations des métiers.

 

Grâce au règlement diffusé dans le Traité de la police de Nicolas Delamare, commissaire de police au XVIIe siècle, revenons sur la partie concernant les métiers du règlement général de police de 1635 !

La vente de blé

Tout d’abord, la commercialisation de cette base de l’alimentation parisienne était très règlementée. Ainsi, les marchands de blés ne pouvaient s’approvisionner dans un territoire inférieur de 10 lieues autour de Paris (soit autour de 50 km). Ils ne pouvaient également aller au devant des marchandises qui arrivaient par la route ou sur la Seine. Bien sûr, il était interdit d’acheter du blé pas encore mûr.

Une fois à Paris, les marchands devaient vendre leur blé sur les marchés, les ports et les places publiques en personne ou de leur famille. Il leur était interdit de faire appel à des intermédiaires. En outre, ils ne pouvaient pas attendre pour le vendre et ainsi se constituer des stocks.

En dehors des horaires des marchés, les ventes étaient interdites. De leurs côtés, les boulangers et les pâtissiers devaient venir acheter leur blé avant 11 heures en été et midi en hiver. Les quantités étaient aussi limitées. De cette manière, les boulangers ne devaient pas dépasser 2 muids de blé et les pâtissiers 3 septiers.

Les mesureurs de grains surveillaient toute la durée des ventes. Ainsi, à 8 heures précises du matin, ils autorisaient à ouvrir les sacs, tout en recueillant les prix proposés.

 

Le pain

Chaque jour, les boulangers de petit pain faisaient cuire leur production. De cette manière, ils devaient vendre trois sortes de pain, en respectant les critères de qualité, de blancheur et de poids définis par les ordonnances précédentes. Ainsi, le pain de lis pesait 12 onces, le pain de chapitre 10 et le pain blanc 16. Sur chacun des pains, les boulangers posaient leur marque.

De leurs côtés, les boulangers de gros pains devaient vendre eux même leur production. Interdiction en effet de passer par les regrattiers.

Les parisiens, mais aussi les boulangers faisaient appels aux meuniers pour transformer le blé qu’ils avaient pu acheter. Pour respecter les quantités, les meuniers disposaient de poids. Ensuite, les meuniers ne pouvaient disposer de four mais aussi d’animaux qu’ils pourraient nourrir avec le blé. Enfin, les meuniers ne pouvaient travailler les dimanches et jours de fête.

 

La viande

Tout d’abord, le règlement de police de 1630 interdisait de faire ressortir tout animal entré au marché pour être ensuite engraissé et revendu une nouvelle fois. En effet, les marchés de Paris n’étaient pas des foires à bestiaux. Ainsi, ces animaux étaient destinés aux bouchers.

En dehors des marchés, les bouchers ne pouvaient acheter des animaux à moins de 7 lieues de la ville (soit un peu plus de 30 km). Bien évidemment, ils avaient interdiction d’aller au-devant de vendeur se rendant par la route dans Paris.

Les vendeurs de bétails se devaient de venir en personne sur les marchés, sans s’appuyer uniquement sur leur commis. Ils pouvaient ainsi tenir un registre, indiquant les ventes et les prix pratiqués.

Les bouchers pour leur part devaient vendre tout de suite le suif qu’ils fabriquaient, ne pouvant se constituer un stock. Eux aussi, ils devaient vendre eux même leur marchandise, sans passer par des intermédiaires. Enfin, ils ne pouvaient disposer de plus de 3 étals dans la ville. Les bouchers devaient également veiller à ne pas laisser couler le sang des animaux dans la rue ou dans la Seine. Dans ce dernier, les contrevenants étaient envoyés en prison.

Les rôtisseurs ne pouvaient acheter de la volaille sur le marché qu’avant 10 heures du matin, afin de laisser la place ensuite aux parisiens.  Ensuite, ils devaient les préparer que dans leurs ateliers. De leurs côtés, les poulaillers devaient acheter des volailles qu’au-delà des 2 lieues de Paris (soit un peu moins de 10 km).

On trouvait également des règlementations de même nature pour le beurre. En effet, le beurre était vendu en pot ou en motte, frais ou salé.

 

Le vin

Les marchands de vin et les cabaretiers devaient s’approvisionner au-delà des vingt lieues (soit pratiquement 100 km de Paris). Ils pouvaient ensuite disposer de différents vins dans leurs caves, sans pouvoir les mélanger eux même.

 

Le foin

Les marchands de foin devaient vendre exclusivement leurs marchandises dans les ports de Paris. Les jurés de leur corporation tenaient un registre des arrivées dans les ports, en identifiant également la qualité et le prix.

Dés qu’un bateau arrivait, les débardeurs les vidaient rapidement pour poser le foin sur le sol, sans laisser la possibilité à quiconque de venir le voir avant. En effet, il arrivait que des chartiers envoient des personnes sans emploi dans les bateaux pour leur envoyer du foin.

 

Les dentelles et les passements

Au début du XVIIe siècle, une déclaration royale interdit aux parisiens d’acheter de la dentelle venue de Flandres. Aussi, la police demandait aux marchands de linge de leur présenter leur inventaire, ainsi que la liste de leurs clients.

Les passements étaient aussi règlementés. En effet, pour limiter les étalages de livrée en ville, les laquais ne pouvaient avoir plus de 2 passements sur leur tenue.

 

Usage de la voie publique

Le règlement de police interdisait de laisser dans la rue des marchandises, limitant les passages. Cela concernait bien sûr les vendeurs mais aussi les ouvriers du bâtiment. En outre, les parisiens ne pouvaient laisser dans la rue du fumier, des boues de caves, de jardins ou de puits.

Enfin, les conducteurs de voitures devaient circuler à pied. Par ailleurs, les chevaux ne pouvaient être emmenés attachés par la queue à plus de trois.

 

Règlementation de l’imprimerie et des colporteurs

L’impression et la vente d’un livre nécessitait au préalable l’obtention d’un privilège. Un auteur qui se passait de cette autorisation risquait de perdre sa vie.

En outre, la police n’autorisait qu’une cinquantaine de colporteurs pouvant vendre des écrits imprimés dans Paris.

 

Sources bibliographiques :