Le récit des argotiers du Jargon
Le récit des argotiers du Jargon, mettant en avant l’origine de la communauté et les articles la réglementant
Au début du XVIIe siècle, le jargon était un recueil très populaire. Il mettait en avant le langage de l’argot reformé à l’usage des merciers, porte balles et autres. Il aurait été signé par M B H D S, archisuppôt de l’Argot.
L’origine des argotiers
Selon les docteurs de l’Argot, un roi de France avait établi des foires à Niort, Fontenay et autres lieux du Poitou. A cette occasion, plusieurs personnes voulurent en profiter pour faire concurrence aux merciers.
Toutefois, les merciers installés ripostèrent, en obligeant tous les nouveaux à se présenter devant eux. On distingua alors deux classes : les nouveaux, les petits marcelots ou les péchons et les anciens, les melotiers hure.
Cette dernière communauté développa son propre langage.
Lors de leur passage dans les foires, des pauvres gens, évoluant à côté des merciers, parvinrent à apprendre leur langue.
La hiérarchie des argotiers
Les argots établirent pour leur chef, un roi, le grand Coësre.
Il gouvernait, accompagné de nombreux officiers : les cagoux, les archisuppôts de l’Argot, les narquois, les orphelins, les millards, les marcandiers, les malingreux, les capons les piètres, les francs-mijoux, les callots, les sabuleux, les hubins, les coquillards, les courtaux de boutanches et les convertis… En tout, les argotiers disposaient de 12 classes.
Tous étaient sujets du grand coësre. Il y avait toutefois une exception : les narquois qui avait réussi à s’extraire de son pouvoir.
Les états généraux
Le jargon revient sur ce fonctionnement. En effet, « pour affermir l’état de cette monarchie argotique », les argotiers organisaient une fois par un rassemblement. Il avait lieu anciennement au début à la Vergne de Fontenay le Comte. Ils furent ensuite transférés dans le Languedoc.
Ils se tenaient lors de la semaine sainte.
C’était à cette occasion que le grand coësre était désigné.
La particularité de ce récit
En lisant ce récit, deux éléments frappent le lecteur attentif.
Tout d’abord, la mise en avant des origines ! En effet, on peut observer que la formation de cette communauté est une sorte de copiage. Ainsi, les argotiers se seraient assemblées en copiant les mercier des foires de l’ouest de la France et en reprenant leurs codes secrets, en particulier leur langue.
Ensuite, le Jargon de l’Argot donne de nombreuses précisions quant à son fonctionnement. A la manière de textes de loi, il présente la réglementation des états généraux, en appuyant sur le rôle du roi. Ainsi, on pouvait penser à un véritable royaume dans le royaume.
Sources bibliographiques
- Chereau, Olivier. Le jargon ou langage de l’argot réformé à l’usage des merciers, porte balles et autres. Montbelliard 1848.
- Chartier Roger. Les élites et les gueux. Quelques représentations (XVIe-XVIIe siècles). In: Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 21 N°3, Juillet-septembre 1974. pp. 376-388.