Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de quartier

Les quartiers détruits lors du prolongement de la Rue de Rivoli

Les quartiers détruits lors du prolongement de la Rue de Rivoli : anecdotes et histoires d’un ancien Paris…

 

Au début des années 1850, le baron Haussmann met en œuvre le prolongement de la rue de Rivoli. En effet, une première partie de la rue avait été construite au Premier empire, au niveau du Louvre et des Tuileries. On évoqua ensuite la possibilité de prolonger la rue, jusqu’à la rue Saint Antoine, Ainsi, les autorités rêvaient de permettre de rejoindre la place de la Bastille à partir de celle de la Concorde.

Evidemment, pour réaliser le prolongement de la rue, il fut nécessaire de détruire des quartiers de l’ancien Paris.

Dans son Paris démoli, Edouard Fournier écrit au moment des travaux, l’histoire de ces lieux emportés par les ouvriers alors.

 

La rue des Mauvais garçons

Edouard Fournier évoque tout d’abord le quartier de la rue de la Tixeranderie. Une des voies des lieux s’appelaient la rue des Mauvais Garçons. C’était d’après Fournier, « une ruelle infecte » et « des souvenirs immondes ». A la fin du XIIIe siècle, Guillot l’appelait rue Chartron. A cette époque, il n’avait « trouvé que des filles ».

Fournier continue : « Sous François 1er, la population y est en progrès de vices et de crimes, les voleurs s’y sont joints aux filles, et ce long coupe gorge commence à porter le nom qu’il avait gardé depuis. » Les mauvais garçons !

 

La place Baudoyer et les badauds

Avant le percement de la rue de Rivoli, la place Baudoyer avait une forme « indécise ». Cette place datait des premiers moments de Paris. En effet, lorsque l’autorité de l’Empire romain fut remise en cause autour de Paris, des paysans de Saint Maur des Fossés s’étaient révoltés. Ils faisaient régulièrement des attaques devant Paris. Pour cela, il se rendait devant la porte qui était la plus proche pour eux : la Porte Bagaudarum. L’emplacement conserva le nom. Avec le temps et la corruption des mots qu’il permet, la place s’appela Baudéer, Baudier, Baudez, Baudois, Baudayer puis Baudoyer.

 

Au XVIe siècle, la place s’appelait Baudet. A cette époque, les « oisifs du quartier » restaient sur la place, profitant notamment des longues soirées d’été, tout comme jours des dimanches et jours de fêtes.

Ainsi, les maçons, foulons et autres ouvriers habitaient cette place. Ils y retrouvaient marchands du vieux marché de la rue de la Mortellerie. Ainsi, la place Baudet était un haut lieu des commérages. De ce fait, elle devint « le vrai quartier général des badauds. »

 

L’hôtel de l’Aigle et l’auberge de l’Ours

Sur la place Baudoyer, les voyageurs trouvaient de nombreux hôtels. L’hôtel de l’Aigle était le plus célèbre d’entre eux. Propriété de l’Abbaye de Saint Maur des Fossés, l’hôtel accueillait nombre de « méfaits et de crimes ».

Ainsi, Fournier évoque la venue de Jeanne de Divion à Paris. Elle était venue pour offrir au comte d’Artois, des « faux titres et des faux sceaux. » Pour les réaliser, elle avait installé son « atelier de faussaire » à l’hôtel de l’Aigle.

A côté de l’hôtel de l’Aigle, on trouvait également une auberge célèbre : « l’auberge de l’Ours ». On la trouvait déjà sur la place Baudoyer en 1377. Avec le temps, l’auberge ferma, mais la maison conserva son enseigne. Edouard Fournier, curieux, avait voulu allé voir s’il trouvait l’enseigne. Elle avait disparu avant même la venue des démolisseurs.

 

 

La rue Jean de l’Epine

Edouard Fournier décrit cette rue, pour commencer en indiquant : « pauvre rue, de pauvre industrie et de pauvre négoce ». Ici, à deux pas de l’Hôtel de Ville, des petits merciers vivaient, vendant des petits paniers. On trouvait aussi des couteliers, essayant avec difficulté de faire concurrence à leurs semblables de la rue de la Coutellerie.

La rue devait son nom à un de ces petits merciers, Jean de l’Epine. Cependant, il n’avait pas partagé totalement l’infortune de ses voisins. En effet, en 1272, il vendit à un autre parisien, Gros Perrin, une maison située dans la rue Saint Martin. Edouard Fournier, se demanda si Jean de l’Epine n’était pas tout simplement le propriétaire des maisons de la rue qui porta ensuite son nom.

 

Sources bibliographiques