Le quartier du Gros Caillou lors de la crue de 1910
Le quartier du Gros Caillou lors de la crue de 1910. Pris par l’eau bloquée par le barrage du pont de l’Alma !
Au cours de la crue de 1910, le pont de l’Alma reliant le quartier du Gros Caillou sur la rive gauche au triangle d’or sur la rive droite, présenta de nombreuses frayeurs.
L’eau était tellement montée, qu’elle atteignait pratiquement la hauteur des arches. On craignit même devoir le faire exploser. Cela ne se produit pas, mais la situation aboutit à l’inondation du quartier du Gros Caillou.
La menace que faisait porter le pont de l’Alma sur les quartiers à proximité
Dans l’édition du 27 janvier, le Petit Parisien rapporte un échange d’un journaliste avec un brigadier sur la situation du pont de l’Alma
« Vous voyez que l’eau a du mal à s’écouler par les arches latérales. Son niveau est plus élevé dans le bief d’amont que dans le bief d’aval, et l’on redoute qu’elle n’envahisse le quartier du Gros Caillou. »
Ainsi, le pont formait un véritable barrage, aboutissant à une montée des eaux forte, qui pourrait dépasser le niveau du parapet du quai.
Et qui finit par se matérialiser
Dans l’après-midi, « seule l’arche du milieu offre une ouverture suffisante d’une hauteur d’un mètre vingt environ. »
Aussi, les craintes finirent par se concrétiser :
« Mais le niveau du fleuve, plus élevé, nous l’avons dit dans le bief amont que dans le bief aval, inquiétait de plus en plus les curieux. Inquiétude justifiée, car la Seine a envahi maintenant le quartier du Gros Caillou. »
Pas de surprise alors de lire le lendemain, dans le Matin : « le marché du Gros Caillou, inondé, sera fermé aujourd’hui »
La désolation envahit vite tout le quartier
Sur la pression des eaux dépassant le quai, ainsi que celles venues des Invalides, tout le quartier se retrouvé sinistré. Le 29 janvier, le Matin revient sur la situation :
« Au Gros Caillou, rues Surcouf, Desgenettes, Jean Nicot, c’est la même désolation, la même détresse. Le Garde Meuble ne peut être abordé qu’en barque. Les bateaux les sillonnent. On voulait espérer encore, mais maintenant la fuite s’impose. Et ce sont partout, depuis l’aube, des déménagements, des foyers abandonnés. »
Il faut alors vite évacuer
« A neuf heures quarante cinq, au Gros Caillou, l’inondation s’étend toujours : on évacue le poste de la rue Amélie. Rue Sédaine, le sol s’affaisse en face du n°28. Dans le passage, on évacue l’école des filles. »
Et on procède alors à des ravitaillements de fortune également :
« Des scènes tragiques au Gros Caillou. Les sauveteurs admirables de dévouement apportent des vivres en barques. Des bras se tendent par les fenêtres. Un camion suit le bateau. La distribution s’épuise vite : « Du pain pour nos enfants » crient les mères. La barque s’en va. Elle reviendra tout à l’heure. Les soldats font, vers les femmes suppliantes des gestes désolés. »
Au plus fort de l’inondation, l’eau alla jusqu’à la rue Saint Dominique et la place des Invalides.
Sources bibliographiques :
- Le Petit Parisien du 27 janvier 1910
- Le Petit Parisien du 28 janvier 1910
- Le Matin du 29 janvier 1910