La prostitution au Moyen Age par Henri Sauval
La prostitution au Moyen Age par Henri Sauval : une présentation de ces femmes dans les archives médiévales !
Lors du siècle de Louis XIV, un parisien fortuné courrait les salons, Henri Sauval. Au delà de son poste en tant qu’avocat au Parlement, il prenait un grand plaisir à compter son histoire de Paris, qui fut largement repris par les auteurs romantiques par la suite. Il s’illustrait également par sa chronique scandaleuse de Paris.
Dans cette page de blog, nous revenons sur ce récit, afin de comprendre comment il le présentait et les propos qu’il tenait.
« Quant aux femmes qui faisaient profession publique de débauche, et à celles qui les produisaient, elles portaient des noms aussi infâmes que leur vie et elles étaient sujettes à des peines et à des coutumes honteuse. » Sauval s’intéresse donc à ces femmes publiques au Moyen Age, tout en leur lançant l’anathème.
La présentation des maquerelles
Sauval explique que c’est dans les registres de Sainte Geneviève qu’on trouvait le nom de maquerelles. Il explique qu’une île de Paris porta même ce nom, avant de devenir l’île des Cygnes. Pour Sauval, c’est le peuple parisien qui avait choisi cette dénomination pour ce bout de terre, tout près de Pré aux clercs.
« Maquerelles, gens qui se mettent et extremettent de bailler, livrer et administrer femmes pour faire pêcher de leur corps et gens qui sont accoutumés marchander et vendre filles et femmes et icelles prostituées ». Voici la définition donnée par des ordonnances !
En tout état de cause, suivant les périodes, le traitement réservé par les autorités royales fut bien distinct. Au XIVe siècle, on les parquait dans certains endroits, avec forte punition si elles en sortaient. Au début du XVe siècle, on bannissait simplement les maquerelles et les femmes publiques trouvées en dehors. Puis à la fin du XVe siècle, sous le règne de Charles VIII, on brulait vive les maquerelles convaincues d’avoir prostitué des femmes au moins trois fois. C’était le traitement réservé aux voleurs et aux receleurs.
Comment appeler ces femmes dans les textes officiels ?
Sauval rapporte que les textes de lois au Moyen Age usaient d’une très large palette de mots pour parler des femmes prostituées : « femmes folieuses, femmes folles, folle de leur corps, folle femme et ribaudes communes, femmes débauchées et femmes qui font péché de leur corps, femmes de vie dissolue et bordelières, fillettes diffamées, bordelières, fillettes de vie bordelière, femmes amoureuses et mal renommées, femmes vivant de vie dissolue et deshonnêtes, filles vivant en vilité et désordonnées en amour, femmes dissolues, filles de joie et paillarde, fillettes amoureuses qui s’abandonnent à faire pécher de leur corps et à ce gagnent leur vie. »
Frappant de lire les mots : « Folles, dissolues, amoureuses… ».
Sauval indique également que les textes ne les désignaient pas garces ou putain, dans la mesure où ces mots n’étaient pas vus comme honteux à l’époque.
Les parisiens les appelaient « femme de vie dissolue et de malversation » ou « de petit gouvernement »
Les noms des prostituées
Ainsi que le détaille Sauval, les registres du Châtelet étaient plein de noms de ces femmes publiques : « Jehannette la commune, Thomasse la courtoise, Perrette la vilaine, Jehanne Belle fille, Haneson de Dinan, Isabelle Lamye, Jehannette la régnaulde, Michalette de Gisors, Thienette de Troyes, Jacquette de la Marre, Jehannette la petite, Katherine Lutine dite aux lardons, Gillette Deshayes, Jannequine du Jardin, Pernelle et Gillette du Vivier, Katherine du Soleil, Rouline la chabotte, Catherine la flamminge, Jacqueline la Couloigne, Alison l’anglaise, Margot la rivière, Jehannette la cardine… »
Ainsi, on perçoit plusieurs dénominations qui se distinguent : celles sur la condition de ces femmes mais aussi sur leurs origines, étrangères à Paris.