Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de Seine

Les projets contre la crue

Les projets contre la crue du rehaussement des rues aux lacs réservoirs en passant par le canal de dérivation

 

Des réhaussements des rues, premiers projets contre la crue

Dans un premier temps, on chercha à élever le niveau des rues parisiennes. Ce fut le cas au XIIIe siècle pour les rues Saint Martin et Saint Denis, au XIVe pour la rue Saint Antoine jusqu’au quartier Saint Paul… puis plus tard pour le point bas constitué par la place Maubert sur la rive gauche.

 Mais cela ne suffisait pas

 

Un canal de dérivation, premier projet contre les crues

A partir du XVIe siècle, revenu à quelques reprise l’idée de construire un canal de dérivation. Déjà en 1551 ! 

En 1611, Monsieur Cosnier proposa d’élargir les fossés qui contournent la ville au niveau de la rive droite, partant de l’Arsenal, allant jusqu’aux Tuileries passant par la porte de Saint Denis, en leur donnant une largeur de 20 mètres et une profondeur de 1,5 mètre. 

Cette proposition avait aussi pour attrait de rendre ces fossés navigables. Toutefois, le projet ne fut pas retenu.

 

En 1636 et 1637, suite à de nouvelles inondations, Louis XIII autorisa à l’élargissement d’un canal au niveau de l’Arsenal. Mais le projet ne dépassa pas la Bastille en raison du coût des travaux.

 

La crue de 1651 relança les souhaits de projet de canal : Guy Pantin reprit le projet de Cosnier. Toutefois, à cette date, il fut également proposer de construire une rigole partant de Saint Maur, pour rejoindre Saint Ouen.

Puis vient le sinistre de 1658, la plus grande crue enregistrée dans Paris. Les autorités sont alors poussées à faire quelque chose. Aussi, l’intendant Pierre Petit propose de creuser un canal de la Porte Saint Antoine, allant longer l’hôpital Saint Louis, puis rejoignant l’égout de Saint Martin pour retrouver la Seine au niveau  des Champs Elysées. Il fit alors une seconde proposition de tracé, passant par un chemin séparant les villages de la Villette et la Chapelle, après l’hôpital Saint Louis, pour rejoindre l’île Saint Ouen. Ces projets restèrent lettre morte.  

 

mais les crues continuent sans la mise en oeuvre des projets contre la crue

Ensuite, après la crue de 1740, Philippe Buache proposa lui un canal, bien en amont, estimant que le problème vient de la Marne. Aussi, il proposa qu’un canal relie Gournay sur Marne à Saint Denis.

En 1802, on reprit cette idée, en indiquant que deux canaux étaient nécessaires : 

  • un de Neuilly sur Marne à Saint Ouen
  • un d’Ivry à Grenelle, passant sous la montagne Sainte Geneviève du côté de Gentilly.

Tous ces projets sont annulés en raison de leurs coûts. 

Et pourtant les crues continuent…

 

Relever les quais ? Est-ce suffisant ? Quels projets contre la crue ?

En 1846, on décide alors de changer de programme : Il est alors proposé d’élever les quais. 

Aussi, entre 1845 et 1855, on lança des grands travaux : réhaussement des berges, dragage du lit, creusement du petit bras, modification des ponts…. Mais la crue de 1864 produisit des dégâts. L’ingénieur Belgrand proposa alors de placer les quais au niveau de la crue de 1802. Mais on lui fit remarquer que cette hauteur était insuffisante (en dessous de 45 cm par rapport à la crue de 1740, notamment).

On relança l’idée de canal de dérivation de la Marne pour arriver à Saint Denis revint. Sans succès.

 

Des lacs réservoirs, non pas en barrage sur le fleuve mais en stockage à côté

En 1711, on construisit en amont de Rouanne une digue permettant de contenir en partie la Loire, avec des bons résultats. 

Aussi, on reprit l’idée entre 1850 et 1870, tout en cherchant les endroits appropriés pour la Seine. On estima alors qu’une trentaine de bassins étaient nécessaires mais on craignit alors le risque d’inondation si le barrage venait à céder et que le coût d’entretien serait important. 

 

Une autre idée émergea : pourquoi ne pas faire comme en Italie pour le Pô, un lit majeur à côté du lit mineur utilisé habituellement par le fleuve, pour laisser passer les grandes eaux. Toutefois, les digues qui avaient été construites plus tôt empêchaient cette possibilité.

 

Au final, ce fut le projet de lac réservoir qui l’emporta, mais pas avec des barrages sur les rivières mais en stockant de l’eau, sur des endroits construits pour cela  : un premier fut construit en 1949, sur l’Yonne, le lac de Pannecière. En 1966, fut inauguré le lac d’Orient à proximité de Troyes.

Les travaux continuèrent avec le lac réservoir Marne livré en 1974 et les lacs Amance et du Temple sur l’Aube en 1990.

 

Sources bibliographiques