Les populations des bateaux-lavoirs
Les populations des bateaux-lavoirs : diverses et multiples mais pour la plupart de conditions très modestes.
Entre le XVIIe et la moitié du XXe siècle, on trouvait sur la Seine, amarrés aux quais, des bateaux. Ils n’étaient pas destinés à partir bien loin. Ils ne bougeaient même pas du tout.
Là, venaient une foule de ménagères et de lavandières pour nettoyer leur linge.
Mais ces femmes n’étaient les seules à monter à bord, ou à orbiter autour. Qui étaient les populations des bateaux-lavoirs ?
Les ménagères et les lavandières
Commençons bien sûr par les premières personnes de ces bateaux-lavoirs ! C’étaient-elles qui se rendaient le plus dans ce lieu, pour remplir la corvée de linge.
Certaines étaient parisiennes venant de proximité, et se chargeaient là du nettoyage de leurs vêtements. Dans d’autres cas, elles étaient professionnelles, agissant pour des personnes plus aisées. Ainsi, les clients et les habitués des bateaux-lavoirs n’avaient pas de grandes quantités d’argent pour devoir laisser traîner les mains dans les eaux de la Seine.
Le Mot d’Ordre les décrit de cette manière le 22 octobre 1885 :
Ainsi, la clientèle des bateaux-lavoirs comptait tout d’abord « les nombreuses familles d’ouvriers, de petits employés et de modestes commerçants, dont les femmes laborieuses vont elles-mêmes laver leur linge aux bateaux, dans le but d’en préserver l’usure, d’économiser l’argent qu’elles peuvent utiliser dans leur intérieur au profit de tous les membres de la famille. »
Il y avait aussi la « corporation de petites blanchisseuses, privées de locaux propices pour exercer chez elles leur profession, qui ont dû aller se loger aux abords de la Seine, afin d’être à proximité des bateaux qui leur servent à la fois de coteries, de lavoirs à eau courante et de séchoirs à air libre, avantages très appréciés par les clients pensent que le linge blanchi dans ces conditions est mieux approprié aux exigences de I hygiène »
Le personnel des bateaux-lavoirs
Ces établissements étaient aussi des entreprises, gérées par du personnel aux petits soins des lavandières.
Le Mot d’ordre du 22 octobre 1885, les évoque en parlant du « personnel secondaire des lavoirs, des ouvriers de divers états employés à l’entretien et à la réparation fréquente des bateaux, ainsi que les commerçants qui les entretenaient de combustible et autres matières nécessaires au blanchissage du linge. »
Le Monde illustré du 30 décembre 1899 rappelle que souvent les bateaux-lavoirs étaient la propriété de quelques entrepreneurs. En revanche, chacun avait son gérant logeant souvent à bord, faisant payer les blanchisseuses à l’entrée.
Les activités connexes
Mais dans les bateaux-lavoirs, on ne faisait pas laver du linge. C’était un lieu de socialisation, voire de bal. Aussi, pas étonnant de constater la présence de vendeurs, ainsi que le détaille le Monde illustré du 30 décembre 1899. Le journaliste évoque tout d’abord la marchande de café au lait, mais aussi celle de gâteaux… Viennent ensuite les marchands de journaux, ceux de fil à raccommoder.
Ensuite, comme tout lieu de vie populaire à Paris, il n’était pas envisageable de le faire sans musique. Aussi, des musiciens venaient se produire et notre petit monde en profitait en dansant un peu.
Le radical du 3 octobre 1885 évoque lui également « les buralistes, les ouvriers couleurs, les ouvriers chargés du lavage et de l’entretien des bateaux, puis les porteurs de linge qu’emploient les blanchisseuses, et les ouvriers d’états que la nature même des bateaux rend nécessaires d’une façon permanente : mariniers, charpentiers, menuisiers, serruriers, chaudronniers, tonneliers, pour les baquets, peintres, couvreurs, vitriers, … »
Sources bibliographiques :
- Le Radical du 3 octobre 1885
- Le Mot d’ordre du 22 octobre 1885
- Le Monde illustré du 30 décembre 1899
- Illustration : Laveuses par Théophile Alexandre Steinlen – crédit BNF Gallica