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Pierrot et le théâtre de foire au XVIIIe siècle : De l’archétype du valet à l’icône du rêveur

Le XVIIIe siècle, période marquée par des bouleversements sociaux et culturels profonds, est également un âge d’or pour le théâtre populaire, notamment dans les foires parisiennes. Dans ce cadre, le personnage de Pierrot, issu de la Commedia dell’Arte, se transforme et évolue au fur et à mesure que le théâtre de foire entre en compétition avec la Comédie italienne, alors en plein essor. Alors que cette dernière, avec ses personnages emblématiques comme Arlequin, Colombine et le Docteur, capte une grande partie du public bourgeois, Pierrot s’impose comme un héros du peuple, réinventé par les dramaturges et les artistes des foires.

Initialement figure comique et malicieuse, Pierrot subit une profonde métamorphose au XVIIIe siècle : il devient non seulement un valet rêveur, mais aussi un symbole de mélancolie et de poésie, défiant les conventions de la comédie populaire. La rivalité avec la Comédie italienne, qui monopolise la scène théâtrale avec ses farces et ses pantomimes, pousse le théâtre de foire à s’adapter, à innover et à rechercher une nouvelle forme d’expression.

Cet article propose d’examiner l’évolution de Pierrot dans le théâtre de foire au XVIIIe siècle, en mettant en lumière son héritage comique tout en analysant les transformations de ce personnage au fil des conflits artistiques et des mutations culturelles. Nous explorerons tout d’abord son rôle dans le théâtre de foire, son adaptation face à la Comédie italienne, puis la manière dont il incarne à la fois la critique sociale et une esthétique nouvelle, avant de conclure sur son influence durable dans le paysage théâtral et culturel.

Pierrot dans le théâtre de foire au début du XVIIIe siècle : Un héritage populaire face à la Comédie italienne

L’héritage de Pierrot du XVIIe siècle

Au XVIIe siècle, Pierrot émerge d’un mélange complexe de traditions théâtrales populaires, principalement influencées par la Commedia dell’Arte. Originaire d’Italie, cette forme théâtrale a laissé une empreinte profonde dans le théâtre de foire français, un espace de divertissement populaire en dehors des institutions théâtrales officielles. Les premières représentations dans les foires parisiennes sont marquées par des spectacles de mimes et de farces où des personnages comme le capitaine, le jeune amant et le valet occupent des rôles clés. Pierrot, qui tire son nom de la figure de « Pierrot le pauvre » dans la Commedia, est une figure secondaire mais significative dans cette structure. Sa nature comique, simple et naïve, le distingue des autres personnages plus énergiques ou rusés.

Dans les années 1600, Pierrot, ou plutôt son équivalent en tant que « serviteur » ou « amoureux malheureux », est représenté comme un personnage passif et soumis, souvent moqué pour son manque d’intelligence ou son manque de chance. Ce rôle de valet maladroit, mais attachant, devient populaire en France avec l’arrivée des troupes de la Commedia dell’Arte, qui se produisent notamment lors des foires et des festivités populaires. Cependant, c’est au début du XVIIIe siècle, lorsque le théâtre de foire se structure davantage, que Pierrot commence à se détacher des simples rôles de servant pour devenir une figure plus complexe, à la fois comique et tragique.

La montée de la Comédie italienne et ses impacts

Le XVIIIe siècle voit la Comédie italienne se développer et s’imposer en France, notamment à travers les troupes d’Italiens qui viennent enrichir l’offre théâtrale du pays. Dès 1716, les troupes italiennes commencent à s’installer plus régulièrement à Paris, rivalisant avec les théâtres parisiens traditionnels comme la Comédie-Française et l’Opéra. Ces troupes, en grande partie constituées d’acteurs venant de la Commedia dell’Arte, apportent avec elles une nouvelle forme de théâtre, basée sur la pantomime, la farce et les personnages burlesques.

La popularité de personnages comme Arlequin et Colombine commence à éclipser les figures traditionnelles du théâtre de foire. Arlequin, par exemple, incarne une figure de malice et d’énergie qui devient l’archétype du valet rusé et insaisissable, en contraste avec le personnage plus tendre et vulnérable de Pierrot. La Comédie italienne, en offrant des spectacles plus élaborés, avec des masques et des mouvements de danse, séduit un large public et éclipse l’aspect brut et informel des spectacles forains. La concurrence devient de plus en plus marquée, et le théâtre de foire, pour garder son public, doit se réinventer.

Cette rivalité oblige le théâtre de foire à s’adapter, à améliorer ses productions tout en conservant son caractère populaire. Pierrot, loin de disparaître, va connaître une transformation qui va en partie refléter la nécessité d’opposer un contrepoint à l’engouement pour les troupes italiennes. Là où les personnages de la Comédie italienne misent sur l’humour éclatant et la rapidité des scènes, Pierrot, fidèle à ses racines, devient un personnage plus mélancolique et introspectif, qui apporte une dimension plus profonde au théâtre populaire. Cette évolution s’opère dans le contexte d’un théâtre forain plus structuré, qui cherche à se distinguer par un mélange de comédie populaire et d’émotions plus subtiles.

Ainsi, la montée de la Comédie italienne au XVIIIe siècle incite le théâtre de foire à revisiter Pierrot, en soulignant non seulement ses aspects comiques et grotesques, mais aussi son caractère sensible et humain, que l’on peut déjà percevoir dans ses premières représentations. Pierrot devient alors un personnage plus nuancé, capable de rivaliser en termes de complexité avec les figures de la Comédie italienne tout en restant fidèle à l’essence du théâtre populaire.

Pierrot face à la Comédie italienne : Rivalité, adaptation et transformation

La concurrence directe : Le théâtre forain contre la Comédie italienne

L’introduction de la Comédie italienne en France au XVIIIe siècle bouleverse l’équilibre des forces théâtrales populaires. En effet, les troupes italiennes, avec leurs spectacles pleins de couleurs, de musique et de danse, captent rapidement l’attention d’un large public. Leur esthétique vivante et leur maîtrise de la pantomime offrent un spectacle qui contraste fortement avec la simplicité des productions des théâtres de foire. Arlequin, Colombine, et les autres figures emblématiques de la Commedia dell’Arte sont des personnages dynamiques qui intègrent une gestuelle acrobatique et une interaction directe avec le public, ce qui en fait une forme de divertissement particulièrement appréciée.

Face à cette concurrence, le théâtre de foire doit réagir. Les comédiens et les dramaturges du théâtre populaire, tout en continuant à s’appuyer sur l’humour et la satire sociale, cherchent à renouveler leur offre en intensifiant le caractère visuel et physique de leurs spectacles. C’est ici qu’intervient la transformation de Pierrot : personnage traditionnellement passif et maladroit, il devient plus actif, tout en conservant sa touche d’innocence et de naïveté. Ce personnage va en effet se distancer de l’image du simple valet au service de son maître, pour devenir un protagoniste central de ses propres mésaventures, un personnage complexe qui rivalise désormais avec les héros de la Comédie italienne.

Les troupes de théâtre de foire n’hésitent pas à intégrer des éléments de la Comédie italienne, notamment dans les costumes et les masques, mais aussi dans le jeu physique. La transformation de Pierrot passe alors par un élargissement de son répertoire gestuel, à l’instar des personnages de la Comédie italienne qui utilisent la pantomime pour exprimer leurs sentiments et leurs intentions. L’évolution de Pierrot vers un personnage plus expressif, combinant humour et poésie, témoigne de cette réponse stratégique au succès des troupes italiennes.

La rivalité devient donc un moteur de transformation. Le théâtre de foire, tout en conservant sa dimension populaire, va intégrer davantage d’éléments visuels et corporels pour s’ajuster aux nouvelles attentes du public, et Pierrot, bien que fidèle à ses racines, en devient le porte-étendard. En ce sens, Pierrot incarne à la fois la résistance à l’invasion italienne et la capacité d’adaptation du théâtre populaire, prêt à se réinventer pour survivre à la concurrence croissante.

Pierrot et la critique sociale : Le théâtre forain comme espace de liberté

L’un des aspects les plus marquants du théâtre de foire au XVIIIe siècle est son rôle de miroir social et politique. Dans un contexte où le théâtre officiel est souvent réservé aux classes supérieures et où la Comédie italienne, en raison de sa nature plus “exotique”, séduit principalement un public bourgeois, le théâtre de foire reste l’un des derniers bastions de la critique sociale et de la satire populaire. Pierrot, par son caractère naïf et sa position subalterne, devient le vecteur de cette critique, souvent sous des airs de comédie.

Contrairement aux personnages de la Comédie italienne, qui évoluent dans un cadre plus orienté vers le divertissement et les intrigues amoureuses, Pierrot incarne une forme de critique sociale plus directe, notamment vis-à-vis des rapports de classe et des inégalités sociales. Alors que la Comédie italienne donne souvent une image idéalisée ou fantasmée des relations sociales, Pierrot représente les petites gens, ceux qui n’ont pas de voix, mais dont les mésaventures et les échecs sont aussi un moyen de faire passer un message. Par ses mésaventures, ses rêves d’ascension sociale et ses échecs, Pierrot devient un symbole des frustrations populaires.

Ce rôle critique est d’autant plus pertinent dans le cadre des foires, où le public est largement issu des classes populaires et où les spectacles offrent une forme d’évasion mais aussi un moyen d’exprimer des malaises sociaux sous le masque de la farce. Pierrot, à travers ses interactions avec d’autres personnages, dénonce la condition humaine, parfois avec une ironie qui se rapproche de celle que l’on trouve dans les œuvres de Molière ou dans les farces de l’époque. Il ne se contente pas d’être le simple clown du spectacle, mais devient un personnage à la fois comique et tragique, un vecteur de satire sociale et de réflexion sur la condition humaine.

La Comédie italienne, bien que populaire, s’inscrit souvent dans une tradition de divertissement plus légère et plus euphorique, ce qui la rend moins apte à aborder les thèmes graves qui traversent la société française de l’époque. Pierrot, en revanche, reste un héros du quotidien, une figure qui peut se permettre de jouer avec l’absurde tout en véhiculant une réflexion plus profonde sur la vie, les désirs et les frustrations des classes populaires.

Ainsi, bien que la Comédie italienne domine les foires parisiennes du XVIIIe siècle, le théâtre de foire parvient à conserver son caractère subversif et critique grâce à des figures comme Pierrot, qui allient le rire à la réflexion sociale. Cette opposition entre la farce italienne et la satire populaire française se reflète dans la manière dont les personnages comme Pierrot sont utilisés pour créer une forme de théâtre à la fois plus libre et plus engagé.

L’évolution du personnage de Pierrot au XVIIIe siècle : Une figure hybride entre comédie et mélancolie

Pierrot et la transformation du théâtre forain : Un personnage plus humain et complexe

Au fur et à mesure du XVIIIe siècle, Pierrot subit une métamorphose notable qui le distingue davantage des autres personnages de la Commedia dell’Arte, et surtout des figures populaires issues de la Comédie italienne. Tandis qu’Arlequin conserve une vitalité joyeuse et dynamique, et Colombine un charme espiègle, Pierrot se réinvente dans le contexte du théâtre de foire pour devenir une figure plus introspective, plus poétique et plus humaine.

Les dramaturges et les artistes forains cherchent à complexifier le personnage de Pierrot, et cette évolution se reflète notamment dans la manière dont il est présenté sur scène. Loin d’être simplement un valet comique ou un amoureux malheureux, Pierrot devient le héros d’une comédie humaine, souvent mélancolique, où ses échecs et ses frustrations sont le moteur principal des scènes. Il se fait le témoin des inégalités sociales, tout en étant un porte-parole de la condition humaine, à la fois misérable et touchante.

Les éléments de cette transformation sont aussi visibles dans la manière dont Pierrot interagit avec les autres personnages. Loin de la simple opposition comique avec un maître ou un rival, il devient un être complexe, tiraillé entre ses aspirations et ses échecs, et cette évolution fait de lui un personnage hybride. Il oscille ainsi entre comédie et mélancolie, offrant au public un spectacle qui mêle rires et larmes, et qui engage une réflexion plus profonde sur la nature humaine.

Dans cette nouvelle version de Pierrot, le personnage devient moins stéréotypé, moins figé dans un rôle de simple bouffon. Il prend une place centrale dans les intrigues, et ses relations avec les autres personnages (qu’il soit amoureux, trompé, ou encore désabusé) deviennent des éléments essentiels de la narration. Pierrot évolue donc de la simple figure comique à un personnage plus tragique, ce qui permet au théâtre de foire de se renouveler, tout en restant fidèle à ses racines populaires.

La place de Pierrot dans le théâtre de foire face à la montée du théâtre académique et des grandes institutions

Parallèlement à cette transformation, la concurrence du théâtre académique devient de plus en plus marquée, avec l’ascension des grandes institutions théâtrales telles que la Comédie-Française ou l’Opéra. Le théâtre de foire, d’abord un lieu de divertissement simple et populaire, se trouve alors confronté à des formes de théâtre plus structurées, plus théorisées, qui visent un public bourgeois et aristocratique. Les grandes troupes classiques, s’appuyant sur des auteurs comme Voltaire, Molière ou Racine, privilégient un théâtre de texte, de réflexion et de moralité, avec une mise en scène plus codifiée.

Cette pression du théâtre académique pousse le théâtre de foire à se réinventer pour rester pertinent et attractif. Pierrot, dans cette nouvelle configuration, prend une place encore plus centrale dans les spectacles de foire, devenant l’un des seuls personnages capables de réunir les classes populaires et bourgeoises sous un même toit. Par ses péripéties et ses contradictions, Pierrot incarne une forme de rébellion contre les contraintes et les normes imposées par le théâtre académique, tout en explorant des thèmes universels qui touchent tout le monde : l’amour, l’échec, la recherche du bonheur.

De cette manière, Pierrot reste fidèle à sa nature populaire tout en s’imposant comme un personnage plus riche et plus subtil. Son évolution au XVIIIe siècle permet de donner au théâtre de foire une nouvelle légitimité, en rivalisant avec les formes de théâtre plus intellectuelles tout en restant ancré dans le divertissement populaire. Pierrot devient une sorte de médium entre le comique et la réflexion sociale, offrant une alternative au théâtre plus sérieux et en même temps en répondant aux attentes d’un public de plus en plus exigeant.

Dans le même temps, Pierrot acquiert une nouvelle dimension symbolique. Sa mélancolie et sa tendresse deviennent des éléments porteurs de sens : il n’est plus seulement un clown, mais aussi une figure tragique qui, à travers ses déboires et son incapacité à s’adapter au monde qui l’entoure, devient un miroir des tensions sociales et des contradictions humaines du XVIIIe siècle.

Pierrot au XVIIIe siècle : Une figure populaire au carrefour de la tradition et de la modernité

Pierrot, reflet des évolutions culturelles et sociales du XVIIIe siècle

L’évolution du personnage de Pierrot au XVIIIe siècle se fait en parallèle des transformations profondes qui touchent la société française. Cette époque de bouleversements sociaux et politiques, marquée par des révolutions de pensée et des interrogations sur la place de l’individu dans la société, trouve une résonance dans le personnage de Pierrot, qui devient, au fur et à mesure des décennies, une sorte de porte-parole de la condition humaine, prise dans les contradictions du monde moderne.

Le XVIIIe siècle est une période où les valeurs traditionnelles, notamment celles de l’Ancien Régime, commencent à être remises en question. Ce climat de doute et de remise en cause des hiérarchies sociales, des rôles et des structures établies se reflète dans les personnages du théâtre de foire, et plus particulièrement dans Pierrot. Loin de rester une simple figure de valet ou de clown, il devient le symbole d’un individu en marge, perdu dans un monde qui ne lui accorde pas de place.

Dans un contexte où la société française est traversée par des tensions sociales, économiques et politiques, Pierrot incarne l’homme ordinaire, victime de ses propres rêves et de ses aspirations. Le XVIIIe siècle, avec ses luttes de classes et ses premières révoltes, trouve en Pierrot un reflet des frustrations populaires. Il est à la fois un personnage comique, mais aussi tragique, misérable, un individu qui rêve d’une vie meilleure mais dont les rêves sont constamment déçus. Cette double facette de Pierrot, à la fois bouffon et symbole de la souffrance humaine, illustre bien l’ambiguïté du XVIIIe siècle, qui oscille entre lumière et ombre, progrès et désillusion.

Pierrot, une figure toujours vivante : De l’influence du théâtre de foire à la culture populaire moderne

Bien que le théâtre de foire perde progressivement de son influence au cours du XVIIIe siècle avec la montée du théâtre académique et la domination de la Comédie italienne, Pierrot ne disparaît pas. Au contraire, il continue à occuper une place centrale dans la culture populaire, s’adaptant aux nouvelles formes de divertissement qui émergent au cours du XIXe siècle.

La figure de Pierrot, si elle perd son statut de protagoniste principal dans les foires, persiste dans les arts et la culture populaire sous diverses formes. Au XIXe siècle, Pierrot est réinventé par la chanson, la peinture, la littérature et le cinéma. Des artistes comme Jean-Gaspard Deburau, figure emblématique du théâtre du XIXe siècle, redonnent vie à ce personnage en le transformant en un être à la fois mélancolique et mystérieux, tout en conservant les traits de la figure originale du théâtre de foire. Le Pierrot du XIXe siècle est désormais une figure romantique, qui incarne la solitude, la mélancolie, et la quête d’un idéal inaccessible.

Cette transformation de Pierrot en une figure plus poétique, plus sensible, correspond à l’évolution des valeurs culturelles du XIXe siècle, qui privilégient l’individualisme et les émotions. Pierrot devient alors un archétype du rêveur, du poète solitaire, et son image se trouve amplifiée par la diffusion de nouveaux médias. Il reste une figure populaire et un symbole de l’impossibilité de réaliser ses rêves dans un monde régi par des lois sociales et économiques impitoyables.

Au XXe siècle, la figure de Pierrot continue de traverser les siècles, influençant encore des artistes, des écrivains et des cinéastes. Son évolution, passant de l’archétype du simple valet à celui du rêveur mélancolique, témoigne de sa capacité à se réinventer et à s’adapter aux changements culturels et sociaux tout en restant fidèle à ses racines populaires. Pierrot incarne ainsi une figure intemporelle, capable de s’adapter aux préoccupations de chaque époque, tout en portant en lui l’essence du théâtre populaire.

Conclusion

Pierrot, personnage emblématique du théâtre de foire au XVIIIe siècle, incarne une figure paradoxale, à la fois comique et mélancolique, populaire et poétique. Son évolution dans ce contexte est un reflet des bouleversements sociaux et culturels de l’époque. Confronté à la montée de la Comédie italienne et du théâtre académique, Pierrot se réinvente, devenant non seulement une figure de divertissement, mais aussi un vecteur de critique sociale et un miroir des tensions qui traversent la société. Sa transformation, passant de l’archétype du valet maladroit à celui du rêveur mélancolique, souligne l’adaptabilité du théâtre populaire face aux défis de son époque.

Au-delà du XVIIIe siècle, Pierrot continue de vivre à travers la culture populaire, réinventé et redécouvert par de nouvelles générations d’artistes. Son héritage, à la fois théâtral et culturel, demeure un témoignage de la richesse du théâtre de foire et de la persistance des figures populaires dans l’histoire de l’art. Pierrot, symbole de la fragilité humaine et du rêve inaccessible, demeure une figure incontournable, tant dans l’histoire du théâtre que dans la culture populaire, toujours en résonance avec les préoccupations des époques successives.

Sources bibliographiques :

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