Le père la Brême d’Asnières sur Seine
Le père la Brême d’Asnières sur Seine : grand passionné de pêche, écumant les bords du fleuve mais avec des méthodes étranges
Le père la Brème, le père la Gaule ! Voici des surnoms qu’on donnait aux grands passionnés de pêche à la ligne.
Ceux qui passaient le plus clair de leur temps, au bord de l’eau, à observer les mouvements de leurs bouchons ! Ceux qui connaissaient avec précision les moeurs des poissons dans le coin ! Ceux qui adaptaient leurs amorces et les endroits suivant la météo, la position de la lune !
Vous en connaissez sûrement. Nous allons tout de même vous raconter l’histoire du père la Brême d’Asnières sur Seine !
Un passionné des bords de Seine du côté d’Asnières, mais avec des habitudes plutôt surprenantes
Nous sommes dans la seconde moitié du XIXe siècle. A cette époque, les quais de la Seine n’ont pas le même aspect qu’aujourd’hui, plus proches de l’autoroute urbain que du cadre calme de bord de l’eau.
Notre homme vivait sur le chemin de halage de Saint Ouen. Sa maison était faite de bric et de broc, toute bricolée. Cette “cahute” était faite de morceaux de récupération. En y regardant de plus près, on pouvoir y voir des éclats de bouteilles trouvés probablement dans des dépotoirs à proximité. Cela donnait, on peut l’imaginer, exposé au soleil un effet de rayons brillants.
Le père la brême portait une attention toute particulière à son lit. Sur ce point, cela pourrait sembler bien normal. Mais à y regarder de plus près… En effet, la base du lit était fait de brique, laissant un certain espace dessous.
Il n’y stockait pas de choses, mais y laissait une récipient en tôle de fer.
Lors des journées de chaleur, il utilisait ce récipient pour fabriquer ses asticots, tout en le laissant sous son lit. C’était pour les voisins une chose connue, aussi certains n’hésitaient pas à le solliciter pour en avoir quelques uns et se lancer eux aussi à leur pêche.
Un pêcheur aimant bricoler lui-même son matériel
Le père la Brême, passionné puissance mille, voulait tout faire lui-même, comme probablement sa maison. Il se vantait de n’être jamais allé dans un magasin de pêche. Ainsi, il se confectionnait ses cannes à pêche, mais aussi ses lignes, ses boites à amorces.
- Ca n’a pas d’oeil mais ça a de la dent !
Ca ne devait pas ressembler à grand chose en effet, mais vu la légende du père la Brême, ce matériel devait être sacrément efficace.
Alors notre pêcheur ne contentait pas d’écumer les bords du chemin de halage. Il s’était fabriqué un bateau, rassemblant quelques vieilles planches.
La pêche était déjà un exercice solitaire. Tant mieux, au regard du nombre de bains forcés que le père la Brême a du affronter. Au moment de ferrer un poisson au bon de sa ligne, il lui arrivait de chavirer du fait des mouvements.
Lassé de ces bains trop fréquents, il avait fini par renoncer à la barque. Mais notre bricoleur se fabriqua avec les planches une boutique de poissons. Ces derniers n’y restaient pas longtemps trop à leur aise ; l’eau coulait entre les planches.
Des techniques de pêches adaptées à la saison
C’est comme les champignons, la pêche. Il y a des coins et des approches différentes suivant les saisons. La seule chose qui était constante avec le père la Brême, c’était son départ, au début du jour, été comme hiver.
En été, notre passionné choissisait une place sur la rive, en plein soleil. Pour se protéger des rayons, il s’était muni d’un immense parapluie de coton bleu installé au bout d’un long manche.
En hiver, il s’équipait d’une grande boite carrée, contenant une grande quantité de matériel. Il n’oubliait pas cependant une petite chaufferette et probablement ce qu’il fallait de vin.
La mort du père la Brême
Un matin, alors que la Seine était grossi par des pluies denses, le père la Brême en profita pour jeter ses lignes dans l’eau. Le fleuve s’était fortement rapproché de sa cahute… la tentation était trop grande !
Alors il s’était assis sur son lit et surveillait ses bouchons par la fenêtre. Aussi, pour notre homme, pas question de monter dans le bateau venu l’aider pour s’éloigner du danger. Rien ne valait de manquer cette si belle occasion de jouer à domicile.
Le lendemain, la Seine avait emporté la cabane du père la Brême, emportant tout avec elle. On raconte qu’on retrouva le père la Brême, noyé, tenant encore sa ligne avec au bout un poisson vivant.
Sources bibliographiques :
- Raymond, Léon. La Cocarde du 1er août 1892
- Illustration : La Seine, à Asnières, estampe par JF Raffaëlli. Crédit BNF Gallica