La pension Savouré
La pension Savouré voulut former des jeunes chrétiens à la lumière du progrès sur 5 générations (1730-1871).
Nous entrons, ici, dans le cœur de la formation de l’élite du premier Empire. Installée dans le Ve arrondissement, elle marqua l’histoire des pensions au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Cinq générations se succédèrent dans cette pension.
La pension d’un laïc et d’un prêtre, quittant le collège Sainte Barbe
La pension Savouré fut fondée par deux professeurs en 1729 : l’abbé David et Jean Louis Savouré. Gallican et janséniste, ils s’opposaient à l’enseignement des jésuites du Collège Sainte Barbe, dont ils étaient d’anciens professeurs.
En effet, suite à une controverse théologique, la direction du Collège Sainte Barbe doit changer en 1730, à la demande du cardinal de Fleury, archevêque de Paris. Elle avait participé de manière très active au mouvement janséniste, que le premier ministre de Louis XV souhaita calmer. Aussi, 1730, marque la victoire des jésuites sur les jansénistes.
Ils s’installèrent d’abord rue Copeau, dans une maison des Carmes de la place Maubert.
Un pension au cinq générations.
En 1770, Jean Louis Savouré mourut, laissant 17 enfants. Son fils aine, Jean Baptiste Louis lui succéda. Il changea de lieu et choisit alors l’hôtel Danès, construit au début du siècle par un président à la cour des Aides.
C’est ensuite Jean Louis Marie qui succéda à la gestion de la pension. Son fils, Jean Henri, prit le relais ensuite en 1829. Enfin, la dernière génération des Savouré dirigea l’institution de 1866 à 1871.
L’ambition de la pension : former des bons citoyens et de bons chrétiens
La pension Savouré s’était fixée une ambition : “cultiver l’esprit des jeunes gens, de l’armer de toutes les connaissances et de rectifier leur coeur par des principes d’honneur et de probiter pour en faire de bons citoyens, enfin mettre le comble à leur ouvrage en formant en eux l’homme chrétien“.
Avant la Révolution, les pensionnaires de Savouré se rendaient au collège de Lisieux ou Montaigu. Ils allèrent ensuite au lycée impérial (Louis le grand aujourd’hui).
Une pension qui traversa les tourments de la Révolution et de la première moitié du XIXe siècle
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la pension Savouré traversa la Révolution. Bien sûr, ses professeurs furent un peu secoués par les tourments révolutionnaires. Mais ils profitèrent de la fermeture des collèges.
En 1796, Napoléon Bonaparte vint installer son frère dans la pension, rue de la clef. Il cherchait alors un endroit sûr pour son jeune frère avant de partir pour ses campagnes d’Italie. Ici furent formés également l’Amiral Baudin, Gay Lussac, le général Crouchy, Feuillet de Conches, Delecluze.
A noter qu’en 1804, la pension Savouré comptait 98 pensionnaires. Ce nombre diminua pour atteindre 51 dans les années 1840.
La fin d’une institution
En 1870, la pension ne put rester sur ces lieux. Tout d’abord la guerre de 1870 et la Commune de Paris ne permirent pas la continuité de son activité. Ensuite, la nouvelle rue Monge traversa son jardin. Aussi, l’établissement déménagea un temps rue de Ménilmontant.
Toutefois, l’hôtel Danès fut conservé par la famille Savouré, jusqu’en 1968. Le nouveau propriétaire, la Foncière des Champs Elysées souhaita alors le détruire.
Sources bibliographiques :
- Sacy, J. de. La démolition de la pension Savouré 25, rue de la Clef à Paris in Bulletin de la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique générale de la France. Paris. 1969.
- Lacroix (Louis) : Notice historique sur l’institution Savouré, Paris, 1853
- Huguet, Françoise. Les pensions et institutions privées secondaires pour garçons dans la région parisienne (1700 – 1940)
- Compère, Marie Madeleine. Les pensions à Paris (1789 – 1820) dans la Revue du Nord, tome 78, n°317. 1996