La pension Liautard
La pension Liautard marque le début du Collège Stanislas, en profitant du retour du culte après la Révolution
Qui était Claude Liautard ?
Né à Paris en 1774, Claude Liautard passa son enfance près des ors de Versailles. Lorsque la Révolution éclate, il suivait les cours du célèbre collège de Sainte Barbe. Il dut d’ailleurs le quitter lorsqu’une partie des professeurs refusèrent de prêter serment devant la constitution civile.
A la sortie du collège, il retourne à Versailles, et découvre alors le château devenu vide. Après un petit épisode miliaire, il tente sa chance pour entrer dans la nouvelle Ecole Polytechnique. Toutefois, il renonce, refusant de jurer de haïr la royauté. Il retourna alors auprès de ses anciens maîtres, faire ses premiers pas en qualité d’éducateur.
En 1802, il entre au séminaire de Saint Sulpice. Il profita alors du retour des cultes dans les églises.
Au bout de deux ans, il quitte le séminaire après s’être fait ordonné prêtre. Aussi, il décide de profiter de la nouvelle liberté donnée aux pensions pour constituer sa propre maison d’éducation.
La fondation de la pension Liautard
C’est avec quelques autres prêtres que l’abbé Liautard se lance dans l’aventure. Parmi eux, deux principaux se dégageaient : le père Augé et le père Froment. L’un était un oratorien et l’autre avait été condisciple de Liautard au séminaire de Saint Sulpice.
Ils installèrent leur maison d’éducation dans l’hôtel Traversière, situé au 58 de la rue Notre Dame des Champs. Ils profitèrent en effet du départ du séminaire de Saint Sulpice qui y était jusque là installé. Les prêtres donnèrent à leur établissement le nom suivant : « Maison Notre Dame des Champs ».
Dans le premier prospectus annonçant la pension Liautard, il était indiqué : « Le but de cet établissement est de seconder les vœux de tous les vrais amis du bien, pour le maintien de la morale et pour la culture des sciences utiles. La religion, base naturelle de toutes les vertus publiques et privées, y sera développée avec le soin et l’étendue nécessaires pour la faire bien connaître; tandis qu’on ne négligera aucun des moyens propres à la faire aimer et mettre en pratique ».
Ils revendiquaient l’usage des méthodes d’avant la Révolution pour leur enseignement.
L’organisation de la pension à ses débuts
Rapidement, la maison d’éducation accueille de nombreux élèves. Aussi, il devient nécessaire de s’organiser. Liautard distingua vite le petit collège, le grand collège et le séminaire.
Dans la logique de l’établissement d’accueillir principalement les jeunes enfants, le petit collège était de loin la partie la plus grande. De ce fait, le bâtiment de la rue Notre Dame des Champs devint vite petit. Aussi, Liautard pu rajouter d’autres succursales à Paris et à Gentilly. C’est d’ailleurs cette partie que l’abbé Liautard dirigeait directement.
Le grand collège concernait la 5e et la 4e. Il était lui sous l’autorité de l’abbé Augé. A ces niveaux, en complément des cours classiques, on rajoutait des formations préparatoires pour les études supérieures (notamment les grandes écoles).
Enfin, le séminaire visait à former des nouveaux prêtres. En effet, après la dizaine d’années de la Révolution, le clergé avait un besoin majeur de nouveautés. En outre, le directeur de la pension espérait réaliser un vivier de professeurs pour son institution parisienne ou la faire rayonner par ailleurs.
Les relations difficiles avec la nouvelle Université et les lycées impériaux
En 1808, les collèges de l’Université retrouvent leurs monopôles, après avoir été dissous à la Révolution. En 1810, toutes les pensions reçoivent pour obligation d’envoyer leurs élèves dans les lycées impériaux. Aussi, ces deux dates viennent en plein fouet face à l’autonomie de la pension Liautard. Aussi, l’abbé fit de la résistance pendant 2 mois. Il chercha ensuite à limiter le nombre d’élèves qu’il devait envoyer.
Ainsi, les dernières années de l’Empire furent difficiles pour la maison d’éducation. Toutefois, contrairement aux apparences, le début de la Restauration ne fut pas non plus aisée. En effet, alors, se conserva le souhait d’une instruction publique.
La tentative d’accommoder Louis XVIII
Pour se sortir d’affaire, Liautard imagina qu’il devait devenir lui aussi un collège. Dans ce but, il écrivit en 1816 au roi pour lui proposer de lui dédier son établissement. Il lui promit d’être autonome financièrement.
Ce ne fut qu’en 1821 que Liautard vit l’achèvement de ses efforts. En effet, c’est cette année là qu’il put transforma son institution en collège. En effet, une ordonnance de février 1821 autorisa des maisons d’éducation à être converti en collège de plein exercice. La direction religieuse et morale restait une nécessité pour pouvoir rester la propriété de particuliers.
Liautard sauta sur l’occasion et dédia son collège à Stanislas, roi de Pologne et aïeul de Louis XVIII. En effet, il fut autorisé en 1822 par Louis XVIII à ce que l’institution porte un de ses noms.
Fort de ce succès, Liautard décida de quitter la direction de son établissement en 1824. L’abbé Augé lui succéda.
Liautard fut ensuite nommé curé de Fontainebleau et mourut en 1842.
Sources bibliographiques :
- Le Collège Stanislas. Notice historique, 1804-1870. 1881.
- Grandmaison de Bruno, Gilbert-Félix de. Vie de l’abbé Liautard. 1855.