La peinture sociale de Jules Adler
La peinture sociale de Jules Adler : le naturalisme pour représenter la vie populaire du début du XXe siècle.
A l’occasion de l’exposition « Jules Adler. Peintre du Peuple » du 17 octobre 2019 au 23 février 2020, au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, nous (re)découvrons son œuvre dans une belle rétrospective.
Avec Jules Adler, c’est l’occasion de revenir sur des représentations de la société parisienne et française à la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle
Un peintre naturaliste
Dans les dernières décennies du XIXe siècle, il était de coutume de représenter un Paris populaire dans les toiles de nombreux artistes, autour de la vague des impressionnistes pour commencer. On peut bien sûr citer Edgar Degas et ses fameuses danseuses de l’Opéra, ainsi que plus tard Toulouse Lautrec.
Jules Adler, plus tardif que ces illustres nom, reprend à son compte les représentations populaires. Mais son ambition est différente. Il s’inscrit lui dans une vague ouverte par Emile Zola, qui recherchait à restituer ces figures populaires telles qu’elles étaient vraiment. Ce n’était pas une exaltation d’un mode de vie comme Lautrec et ou une recherche de la perfection du dessin et du mouvement comme Degas, pour rester dans les exemples cités précédemment.
Ainsi Adler cherche à mettre en avant les conditions sociales de son temps, qui deviennent de plus en plus explosives au fil du temps, des revendications ouvrières, mais également des attentats anarchistes.
« Peintre de la vie des humbles »
Voyageur mais aussi témoin des difficultés de la vie populaire, Jules Adler s’intéresse aux humbles, comme le souligne les critiques dés le début du XXe siècle.
Il regarde et représente les ouvriers qui avancent tous les matins dans ces rues pour se rendre au travail. Bien sûr, il prend du temps dans les usines et esquisse les paysages urbains et industriels des alentours.
Installé près de la place de la République, il s’intéresse aussi aux à côté du travail ouvrier. Ainsi, il prend du temps à montrer ces ouvriers attablés aux terrasses des bars, quitte à délaisser leur vie de famille… On peut aussi voir une foule se rendant à l’usine le matin, avec plus ou moins d’entrain. On peut aussi regarder aussi, dans une ambiance très sombre, l’attente pour la soupe populaire.
Un peintre de la vie de tous les jours
Comme pour les peintres s’intéressant aux représentations sociales, les tableaux de Jules Alder sont pour nous, lointains successeurs des parisiens du début du XXe siècle, une petite fenêtre sur leur temps.
Ainsi, on peut se pencher sur des représentations des rues de Paris bondées, envahies pour les grandes artères par les marchandises.
Nous pouvons aussi nous arrêter sur des moments clef de leur vie, comme une procession de jeunes communiantes. Par ailleurs, les tenues des parisiens d’alors sont particulièrement travaillées dans ces œuvres, avec la spécificité de leur temps mais aussi les différences suivant les métiers.
Ce sont aussi des scènes de la vie de tous les jours qui se dévoilent : quand un bateau a un soucis sur le canal saint Martin et attire la foule, quand les parisiens marchent dans la rue, quand ils se regroupent pour les fêtes populaires arborant fièrement le drapeau
Le peintre des mouvements sociaux
Bien sûr, s’il y a une peinture emblématique de Jules Adler, c’est la Grève au Creusot… bien loin des rivages de la Seine. Cependant, Alder ne s’arrête pas à cette représentation des mouvements sociaux.
On peut le voir lors de la manifestation Ferrer. Ferrer est un anarchiste espagnol, arrêté lors des émeutes anticléricales de Barcelone en 1909. Il est condamné à mort suite à un procès très rapide. Cela engendre une forte émotion parmi les partis de la gauche qui se lancent dans une grande manifestation à Paris, à l’appel de l’Humanité de Jean Jaurès. Cependant, cette manifestation se traduit par des affrontements avec la police et aboutit à un mort. Dans son tableau Adler met en avant la marche, avec au premier rang les grands noms de la SFIO
Un peintre pendant la guerre
Comme ses contemporains, la Grande Guerre rattrape Adler en 1914. Alors il participe à la représentation d’un Paris, sous la menace mais en retrait du front. Il fait une affiche pour soutenir un emprunt pour la Défense nationale. Il esquisse des soldats français, tout comme des prisonniers allemands. Ses dessins montrent aussi l’horreur du front avec des arbres totalement calcinés et un grand désert.
Il laisse aussi des traces de l’ambiance lors de la mobilisation en 1914, générant une sorte de fierté nationale, mais aussi de la fête en 1918 à l’annonce de la signature de l’armistice.
Sources bibliographiques :
- Catalogue de l’exposition Jules Adler 1865 – 1952. Peindre sous la Troisième République. SilvanaEditoriale. 2018
- Illustration générale : Les haleurs par Jules Adler Huile sur toile, 138 x 198 cm Luxeuil-les-Bains, musée de la Tour des Échevins, dépôt du musée d’Orsay, Paris © Office du Tourisme de Luxeuil-les-Bains Photo Alain Leprince © ADAGP, Paris 2019