Le patinage au Bois de Boulogne sous le Second Empire
Le patinage au Bois de Boulogne sous le Second Empire : loisir à la mode attirant d’abord les plus fortunés !
Napoléon III avait voulu faire de Paris l’égale de Londres. Il fallait pour cela trouver le pendant du fameux Hyde Parc. L’empereur choisit pour cela le Bois de Boulogne qu’il fit aménager. Tout au long de l’année, la grande société parisienne s’y rendait pour se détendre.
L’hiver, on y venait faire du patinage.
Une mode qui se développe
Ainsi que le rapporte le Monde illustré du 16 janvier 1864, le patinage se développe alors dans le Bois de Boulogne.
« Désormais le patinage aura ses fastes comme le sport et le canotage. L’hiver qui semblait nous faire des loisirs depuis quelques années, nous a fait sentir ses rigueurs aujourd’hui, et les lacs du Bois de Boulogne ont été de nouveau sillonnés par les patineurs.
Les jolies promeneuses vêtues de fourrures, les élégants cherchent les occasions de plaisir se sont réunis sur les lacs autour desquels ils ont tant de fois promené leur nonchalance, étendus sur les coussins de leurs calèches aux beaux jours de l’été.
On patinait quand c’était possible sur les lacs, mais pas seulement !
« Ce n’était pas assez de courir au Bois de Boulogne où afin d’éviter tout accident, l’administration municipale avait fait inonder une prairie derrière les tribunes du champ de course. Sa surface gelée est assez profonde pour porter les patineurs et les traineaux, et dans le cas où la glace se rompt, on ne peut avoir aucun accident à déplorer. »
Un appui impérial
Comme dans de nombreux aspects de son temps, Napoléon III s’investissait personnellement et se faisait voir en train de patiner, ainsi que le Monde Illustré l’écrit :
« L’empereur lui-même accompagné de l’impératrice et de quelques personnes de sa cour sont venus se livrer à se divertissement du patin. On a revu les élégants traineaux, les riches fourrures et les livrées d’hiver.
L’exercice du patin permet de déployer une élégance dans les mouvements, une grâce qui sied bien aux merveilleuses, et les habitantes du nord qui viennent passer l’hiver à Paris, ont facilement remporté la palme. »
Qui se retrouvait à l’occasion de belles fêtes de nuit
Il était venu déjà à plusieurs reprises. Les journalistes du Figaro avaient déjà écrit le 24 janvier 1861
« Les patineurs qui, depuis trois semaines, s’exerçaient sur les lacs du Bois de Boulogne, ont clos hier par une magnifique fête de nuit la première série de leurs plaisirs favoris. L’empereur et l’impératrice, M. le comte et madame la comtesse de Morny assistaient à cette fête. Les lacs et les allées du Bois de Boulogne étaient illuminés avec des torches de résine, qui projetaient sur les arbres poudrés de blanc les clartés les plus fantastiques. On aurait pu se croire transporté en Suède ou en Russie.
On sait que l’empereur excelle à tous les exercices du corps. Il est écuyer accompli, tireur excellent, nageur intrépide. Il patine avec une adresse avec une adresse et une agilité si merveilleuse qu’il excite l’admiration des hollandais, ces maîtres ès patins.
Sa majesté est allée plusieurs fois patiner sur les lacs de Saint James. Il y a quelques jours, la bride de son patin s’étant détachée, un patineur qui se tenait auprès de lui, s’empressa de la lui reboucler, et il profita de cette occasion pour échanger quelques mots avec l’auguste personnage.
« Le club des patineurs au Bois de Boulogne »
Le Monde illustré du 7 janvier 1865 évoque une nouvelle création d’un cercle pour initié. En effet, la pratique du patinage s’était démocratisée… ce qui n’allait pas sans problème pour certains fortunés
« Comme toujours le bois de Boulogne a eu le privilège d’attirer le monde élégant, et ses magnifiques allées sont aussi fréquentées que dans les beaux jours. Tout Paris s’y donne rendez-vous et il est aussi obligatoire de se montrer au bois qu’à la Salle Ventadour.
Ce ne sont pas seulement les gens de la haute classe qui se livrent au patinage : on se rappelle avec quelle ardeur le monde interlope et même les bourgeois de Paris se sont adonnés l’année dernière à ces plaisirs, qui, jusqu’alors avait semblé le privilège des riches et des oisifs. Les bassins du Bois de Boulogne étaient des endroits neutres où toutes les positions sociales se coudoyaient.
Il n’en est plus de même aujourd’hui. Pour arrêter l’envahissement de toutes les fractions du monde, les membres de la fashion parisienne ont organisé un club de patineurs, qui s’est approprié un des lacs du Bois de Boulogne sur lequel les seuls membres du club, leurs invités et invitées, ont le droit d’exercer leur talent. »
Le Cercle devait réserver une place aux aristocrates
Sources bibliographiques :
- Le Monde Illustré du 16 janvier 1864
- Le Figaro du 24 janvier 1854
- Illustration : Patinage à cinq extrait du Monde illustré du 11 janvier 1868 – crédit Retronews