Les Paris des romans d’anticipation
Les Paris des romans d’anticipation : projection dans un monde bénéficiant du progrès mais où la ruine guette
Bien sûr, aujourd’hui, nombre d’entre nous sommes amateurs de la science fiction. En réalité, ce genre qui date du XXe siècle connut un prédécesseur : le roman d’anticipation.
Plusieurs auteurs français écrivirent des romans dans cet esprit. Comme on peut s’en douter, Paris y occupe une place importante, sur laquelle nous proposons de revenir ici.
En croisant le regard avec le blog de Paris Libris, voici les Paris des romans d’anticipation ! A noter que ce jeu de mot est à prendre au propre comme au figuré – nous parlons d’avenir !
Le précurseur : l’An 2440 de Louis Sébastien Mercier : rêve d’une meilleure société
Dans les années 1780, Louis Sébastien Mercier publie à Genève son Tableau de Paris. Il y réalise une fresque détaillée et souvent féroce de la société parisienne. Après la Révolution, il y revient, en proposant son nouveau Paris.
Mais, bien des années avant ces fresques, il avait rédigé et publié un autre ouvrage : l’An 2440. Il s’agissait ici de proposer au début des années 1770, le tableau d’un Paris idéal. Pour cela, il se projeta plusieurs siècles de son temps.
Il y dressa une présentation d’une meilleure ville et une meilleure société selon lui, libérées des oppressions qu’il dénonçait.
Les ruines de Paris en 4908 d’Alfred Franklin : le retour après un cataclysme
Alfred Franklin est bien sûr connu pour ses travaux d’érudition sur l’histoire parisienne. On doit à ce bibliothécaire, conservateur à la Bibliothèque Mazarine, des études sur les mœurs des parisiens, leurs corporations ouvrières…
Dans les ruines de Paris en 4908, il raconte le retour, à la manière d’explorateurs, de descendants des français, installés en Nouvelle Calédonie, en France et à Paris. La ville a alors été totalement détruite et se retrouve sous la cendre.
Autorisé par leurs autorités, ils se mettent à fouiller les décombres. Amusant de les voir, à la manière d’anthropologues sur les populations sur place et d’archéologues pour les fouilles essayer d’interpréter ce qu’ils observent. Sous leur regard, les Champs Elysées deviennent l’avenue des Chefs illustres, car on avait écrit le nom de grands soldats sur l’Arc de Triomphe. La place de la Concorde devient la place de la navigation car l’un des bâtiments, l’Hôtel de la Marine, porte ce nom…
Le Paris depuis ses origines jusqu’en l’an 3000 de Léo Clarétie : un nouveau monde plein de technologies avant son déclin
Dans la dernière partie de son ouvrage, Léo Clarétie revient sur les avancées du progrès à la fin du XXe siècle.
Il y raconte qu’on peut voyager en un rien de temps dans le monde entier, lire des informations fournies par la presse toutes les deux heures. Plus besoin de parapluie car à chaque pluie, un toit gigantesque se déploie….
Mais à ce temps de progrès vient celui du déclin. Ainsi, en 3000, Paris n’est plus que ruine. Comme pour Franklin, le centre de la civilisation s’est déplacé. Paris est devenue un lieu de fouille.
Paris en l’an 3000 de Henriot : la ville après l’explosion d’une comète
Henriot imagine que la comète de Halley se retrouve projeter brutalement sur la Terre. S’en suit un véritable cataclysme. Tout est recouvert de cendres !
La ville s’écroule et la civilisation se retrouve dans les anciennes régions polaires, profitant des nouveaux courants marins.
Ici, encore, il s’agit d’un retour dans les ruines de ce Paris ancien. Quand ces explorateurs de Pôle Sud Ville reviennent, la région est dans les glaces.
Comme Franklin, Henriot revient sur les aventures et les déductions qu’ils feront et qui peuvent bien sembler étranges pour ceux qui habitent dans ces lieux.
Paris au XXe siècle de Jules Verne : le monde postmoderne
C’est en 1860 que Jules Verne écrit ce roman, publié bien plus tard. En effet, son éditeur le trouvant trop fantaisiste, le refuse.
Dans ce Paris au XXe siècle, le progrès scientifique a fortement avancé. Verne y décrit un Paris où on se déplace dans des métros à air comprimé, où on utilise des machines proches des ordinateurs. La ville s’étale aussi, se développant dans la banlieue….
Il raconte aussi un monde commandé uniquement par le profit, dans lequel on peut se faire arrêter et punir par des robots policiers…
Entre rêves et peurs, que nous réserve l’avenir ?
Sources bibliographiques :
- Article du blog de Paris Libris sur les romans d’anticipation, consulté le 17 décembre 2018
- Mercier, Louis-Sébastien. L’An deux mille quatre cent quarante. Rêve s’il en fût jamais. Londres. 1771.
- Franklin, Alfred. Les Ruines de Paris en 4908.
- Critique de Henriot dans la Croix du 19 décembre 1911.
- Verne, Jules. Paris au XXe siècle.