Au Paradis des dames
Au Paradis des dames, un magasin de nouveauté établi dans la rue de Rivoli, sur la base d’une ancienne maison
Dans les années 1850, la rue de Rivoli est prolongée pour atteindre le tracé que nous connaissons entre la rue Saint Antoine et la place de la Concorde. Après les travaux entrepris sous Napoléon entre le Louvre et la Concorde, son neveu la fait établir pour passer dans le centre de Paris. Cette nouvelle portion voit se développer des boutiques d’un genre nouveau : les magasins de nouveautés.
Le Paradis des dames en fait partie. Enfin, pas exactement ! Il s’agit d’une ancienne boutique qui profite de sa position entre la rue Saint Antoine et la rue de Rivoli pour suivre cette nouvelle tendance.
La conversion en magasin de nouveautés en 1856
C’est grâce au Tintamarre du 15 juin 1856 que nous trouvons cette source ! « Au Paradis des dames, telle est l’enseigne attrayante d’une ancienne maison connue pour son honorabilité, qui vient d’agrandir considérablement ses magasins de nouveautés et de les mettre en rapport avec les embellissements de la rue Saint Antoine – Rivoli prolongée. Cette maison, au pied de l’église Saint Paul n’ a rien à envier aux somptueux magasins qui font tant parler d’eux, avec cette différence qu’elle vend à meilleur marché. »
Ainsi, une ancienne enseigne, du 10 rue de Rivoli, qui se met dans la concurrence des vêtements les moins chers possible.
Accroche publicitaire autour d’expositions
Tout comme ses concurrents de la rue de Rivoli et au-delà, le Paradis des Dames était très généreux en publicité. Il annonçait des opérations coup de poing.
En 1859, il vantait la grande foule qui le visitait : « Depuis quinze jours, les magasins du Paradis des Dames sont littéralement envahis par une foule compacte, désireuse de profiter des prix exceptionnels de cette maison. L’exposition rendant homme aux nouveautés a dépassé l’espérance de tous les visiteurs, et chacun rendant hommage à la loyauté des directeurs et au sérieux des prix, voudra profiter des conditions avantageuses. »
En outre, dans la publicité, le magasin annonçait les quantités disponibles dans ses rayons, ainsi que ses prix de vente. De quoi donner des gages pour son côté bon marché !
Dans leurs messages, le Paradis des Dames insistait sur le côté exposition de ses opérations, en insistant sur le fait que l’entrée était libre. Ainsi, on pouvait venir voir, faire plaisir à ses yeux, sans ressentir d’obligation d’achat.
Nouvel agrandissement
En septembre 1860, le Paradis des Dames annonce un agrandissement. Alors qu’il était installé au 8 de la rue de Rivoli, il annonce dans le Moniteur du 6 septembre que dorénavant, il occupe également le 10 de la rue, ainsi que le numéro 2 de la rue Pavée.
C’est l’occasion d’écrire que le magasin « conquiert d’un seul coup sa place au premier rang, tant par l’importance de son local et de ses immenses assortiments que par l’active et énergique direction de son chef. » Bien sûr, l’opération s’accompagne s’une grande action commerciale.
Dés lors, le magasin annonce des soldes en grand nombre, en évoquant une diversité d’opération pour ses différents rayons. On passe en quelque sorte d’une exposition à plusieurs en même temps.
Cependant, les agrandissements ne sont pas finis. Ainsi, le magasin en annonce de nouveaux pour le lancement de la saison du printemps.
Communication aussi pour rechercher des employés
En octobre 1869, le Paradis des Dames fait savoir dans la presse qu’il recherche des salariés. « Nous prévenons les employés de commerce, ainsi que les demoiselles de Paris et de Province, que nous avons des places vacantes à tous les comptoirs.
Tout postulant muni de bons renseignements sera accepté immédiatement.
Nous prions nos clients des départements et de l’étranger de vouloir bien excuser les retards qui pourraient survenir à nos expéditions. »
L’escroquerie à la monnaie
L’activité et les nouveautés de ces magasins attiraient bien sûr une grande foule. Et avec eux des escrocs. Bien sûr, cela touchait d’abord ces enseignes mais pas seulement. Ainsi, en avril 1857, un homme se présenta chez un boulanger voisin du Paradis des dames, en qualité d’employé du magasin de nouveauté. En présentant un billet de 1 000 francs, il demanda tout d’abord de la monnaie dessus. Sans succès ! Profitant du départ du boulanger, il revint et demanda à sa fille une avance de 300 francs. Elle se pressa pour demander à un autre voisin la somme, qu’elle donna à notre homme. A sn retour, le boulanger se rendit dans le Paradis des Dames, afin d’être remboursé, ce à quoi on lui répondit qu’ils n’avaient rien demandé.
D’autres vols
En février 1885, un commissaire de police du quartier de la Roquette trouva dans la rue des hommes portant d’énormes paquets. Les trouvant avec une bien mauvaise mine, il les fit arrêter. Il se trouva que les deux hommes avaient dérobés du Paradis des Dames une pièce de toile de 114 mètres et une pièce de velours. La toile provenait du Paradis des Dames.
La machination de 1888
Seulement, le plus important est celui remontant en 1888. Cette année-là, un tiers du personnel du Paradis des Dames fut arrêté. En effet, un des associés de la maison avait porté plainte, s’étant rendu compte que des employés volaient des marchandises et aidaient des acheteuses complices à emporter des produits sans payer. Ces dernières venaient tous les jours dans les différents rayons. Cela faisait quelques jours que les chefs de rayon constataient de nombreuses disparitions.
Le feu au Paradis des Dames
En 1882, le magasin connut une véritable catastrophe. Il en fallut de peu pour qu’il soit totalement détruit par un violent incendie. Ainsi, une nuit, vers 3 heures et demie du matin, le 6 mars, un employé du magasin était couché dans le sous-sol. Il fut réveillé par une forte fumée, le prenant par la gorge. Au même moment, il aperçut de fortes flammes dans une pièce à côté, commençant à toucher le rez-de-chaussée. Il lui fallut vite monter pour donner l’alarme, et ainsi permettre aux autres employés présents sur place de se sauver.
Les pompiers arrivèrent vite. Aidés par 4 pompes en batteries, ils parvinrent à éteindre l’incendie en une heure. On raconta ensuite que le feu prit en raison de cendres de cigarettes d’un employé fumant dans son lit.
En tout état de cause, le magasin voulut reprendre très vite son activité. Il annonça fin mars, la reprise de ses ventes et de ses promotions
Sources bibliographiques :
- Le Tintamarre du 15 juin 1856
- Le Mémorial de la Loire et de la Haute Loire du 20 avril 1857
- La Gazette de France du 2 novembre 1859
- Le Moniteur du 31 mars 1860
- Le Moniteur universel du 6 septembre 1860
- Le Moniteur universel du 22 octobre 1860
- Le Moniteur universel du 4 avril 1861
- Le Constitutionnel du 6 juillet 1862
- Le Constitutionnel du 12 décembre 1866
- Le Figaro du 22 octobre 1854
- Le Gaulois du 6 mars 1882
- Le Petit Journal du 7 mars 1882
- Le Figaro du 25 mars 1882
- L’Echo de Paris du 15 février 1885
- La Cocarde du 1er septembre 1888
- La Presse du 2 septembre 1888