Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les ouvriers en drap d’or

Les ouvriers en drap d’or et d’argent comptaient deux petites communautés : les rubaniers et les étoffes d’or 

 

On le sait, Paris ne fut pas ville drapière. Toutefois, elle fit vivre plusieurs communautés textiles. Parmi celles-ci, les ouvriers en drap d’or et d’argent. Étonnant quand on sait que les puissants du Moyen Age aimaient textile de luxe… surtout ceux venant d’Orient et d’Italie. Cependant à Paris, on tissait aussi de telles toiles. 

Cependant ces petites communautés ne parvinrent pas à se développer beaucoup, distancées par la concurrence des merciers qui faisaient venir les draps précieux du Sud. Aussi les fileresses à grands et petits fuseaux, les laceurs, les crépiniers, les tisserandes de soie, les doreletiers, pourtant cités dans le Livre des Métiers d’Etienne Boileau n’existaient plus au XVe siècle. 

 

Les tissutiers rubanier fabriquaient des rubans et bandes luxueuses

Seule une corporation réussit à se maintenir au XVe siècle : les tissutiers rubaniers, appelés aussi les fileurs d’or. Ce furent eux qui fabriquèrent alors les étoffes d’or et d’argent avec une spécificité : uniquement des tissus de petite largeur (bande ou ruban). 

Cette profession décrite déjà au XIVe siècle avait des règles strictes de qualité pour sa production : 

  • métal tissé en fils ou appliqué en ferrure ou en lame. 
  • le poids de l’or ou de l’argent devait dépasser celui de la soie. 

 

Chose surprenant de l’imaginer mais ces ouvriers manipulant des matières riches étaient en réalité bien pauvres. Aussi, il leur était difficile de trouver les fonds nécessaires à leur activité et se trouvaient donc sous la domination des merciers.

 

La communauté des étoffes d’or créée par Henri IV

Au début du XVIIe siècle, une nouvelle communauté fut reconnue à Paris. Les fabricants d’étoffes d’or obtinrent des statuts de la part d’Henri IV en 1603. Toutefois, ses débuts furent surprenants pour une profession parisienne : les statuts donnaient le monopole à une manufacture de drap d’or pendant une durée de 12 ans. Aussi, ce ne fut qu’en 1615 que les ouvriers purent s’établir en tant que corporation pleine et entière. 

Ces ouvriers produisaient étoffes de satin, damas, velours, brocards… en y mélangeant or et argent selon les modes venues au delà des Alpes. Largeur, beauté, qualité étaient strictement contrôlées pour s’assurer que les méthodes milanaises et génoises étaient respectées. 

Contrairement à d’autres métiers produisant les draps, ces fabricants étaient autorisés à réaliser l’ensemble de la chaîne de fabrication des étoffes, du moulinage du tissu à sa teinture. 

Chaque maître pouvait accueillir jusqu’à trois apprentis qui restaient chez lui au moins 4 ans. 

Toutefois, le succès croisant des étoffes d’or se trouva en concurrence avec la corporation des tissutiers rubanniers. Les deux professions se rapprochèrent en 1644, tout en laissant de mise les différences entre les deux communautés. Aussi, elles n’eurent alors en commun que la confrérie établie à Saint Martin des Champs. Toutefois, ce mariage ne dura pas et la scission fut prononcée en 1666. 

 

Aussi, des statuts furent déposés alors pour les ouvriers en drap d’or : 

  • 6 jurés étaient élus le lendemain de la Saint Roch, 
  • 2 anciens étaient désignés pour réaliser les visites des ateliers, des marchandises utilisées, et la production des 6 jurés, 
  • droit de 8 sols par maître pour chacune des 6 visites annuelles des jurés, 
  • dépot de la marque de chaque maître et mesure des étoffes à l’aide d’un étalon aux armes du roi, de la ville et de la communauté,
  • 5 ans d’apprentissage.

 

Ils installèrent leur confrérie dans l’église des Blancs Manteau sous le patronage de Saint Louis et vécurent indépendamment des tissutiers rubaniers jusqu’en 1776. 

 

Sources bibliographiques :