Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Repères

Origine du mot Fiacre

Origine du mot Fiacre : des débats entre différents auteurs sur la paternité des carrosses de louage à Paris.

Comme on peut l’imaginer, notamment au XVIIe siècle, il était très courant pour les plus riches de circuler à Paris en carrosses. Bien sûr, les princes en étaient propriétaires, mais d’autres les louaient pour l’occasion. On parlait alors de fiacre…

Dans ses Enigmes sur les rues de Paris, Edouard Fournier revient sur l’origine de ce mot… le fiacre

La version de Sauval

Dans son ouvrage du XVIIe siècle, Henri Sauval dans ses Recherches sur les antiquités  de Paris, propose une première étymologie de l’origine du mot Fiacre. Selon lui, le facteur d’un maître des coches d’Amiens, Nicolas Sauvage loua une grande maison dans la rue Saint Martin, non loin de celle de Montmorency. Elle était appelée Hôtel Saint Fiacre, en raison de son enseigne représentant le saint.

Là, l’homme y installa son commerce : la location de carrosses. Ses affaires marchèrent bien et d’autres se lancèrent dans l’aventure dans différents quartiers. Cependant, Sauvage les dépassait, pouvant avoir entre quarante et cinquante chevaux dans son écurie.

Aussi, pour Sauval, cet exemple fit qu’on donna le nom de fiacre aux carrosses de louage et à leur maître.

Des récits qui divergent : sur le prix des fiacres, leur localisation…

Cependant, suivant les auteurs, la rue utilisée pour cet hôtel différait selon les auteurs. Ainsi, Sauval plaçait l’hôtel rue Saint Martin, tandis que d’autre à l’image de Richelet et Ménage le situait rue Saint Antoine.

Ensuite, le récit se complique. En effet, selon le père Labat, les fiacres étaient aussi appelés carrosses à cinq sous, soit pas bien cher. Pourtant, Sauval parlait lui de locations bien chères. De son côté, Richelet confirme lui aussi cette explication : des carrosses à cinq sous. Il complète sa description en évoquant des voitures en mauvais état.

La piste donnée par Furetière

En continuant ses recherches, Edouard Fournier observa que le nom de ce premier loueur de carrosses n’était pas Sauvage mais Fiacre.

En effet, dans le dictionnaire de Furetière, il est écrit :

« Fiacre : C’est un nom qu’on  donné depuis peu aux carrosses de louage du nom d’un fameux carrosses qui s’appelait ainsi »

Cette explication se retrouve aussi dans une Mazarinade de 1652, du nom  des pamphlets circulant à Paris contre Mazarin. Il s’agissait dans cette œuvre-ci d’évoquer le souper royal de Pontoise fait à messieurs les députés des six corps de marchands de cette ville de Paris, en vers burlesque :

« C’était pour avoir des carrosses

Où l’on attelle chevaux rosses,

Dont les cuirs tout rapetassés,

Vilains, crasseux et mal passés,

Représentaient le simulacre

De l’ancienne voiture à Fiacre,

Qui fut le premier du métier ;

Qui louait carrosse au quartier

De monsieur Saint Thomas du Louvre

Proposition pour comprendre les erreurs d’interprétation

Fournier apporte ensuite une raison à l’erreur de Sauval et de Ménage sur l’origine du mot Fiacre. En effet, il émit l’hypothèse qu’ils évoquaient des imitateurs de Fiacre, l’un installé rue Saint Martin et l’autre Saint Antoine. Afin de pouvoir louer leurs carrosses, ils reprirent le nom de Fiacre, qui avait dans le domaine une réputation en ville, en reprenant l’enseigne du saint.

Sources bibliographiques