Les orfèvres
Les orfèvres, l’élite parisienne, réussirent à être nombreux malgré la volonté royale de limiter leur nombre et diriger le commerce de l’or
Ces ouvriers du luxe qui fournissaient en pièces précieuses les puissants du pays, ont figuré au cours des siècles dans l’élite bourgeoise de Paris.
Une profession d’élite au Moyen Age avec un art déjà très fortement établi, mais dont les statuts ne parlent que d’or
Bien évidemment, on les retrouve dans le Livre des Métiers d’Etienne Boileau. Au XIIIe siècle, les statuts indiquent la qualité de l’or qui doit être utilisé, ainsi que de l’argent. A cette époque déjà, la confrérie de Saint Eloi était déjà importante. Elle donnait déjà une partie de son argent aux repas pour les pauvres.
Jean II leur donna de nouveaux textes en 1355. Globalement les prescriptions d’Etienne Boileau sont reprises, mais quelques ajustements sont réalisés dans le fonctionnement de la communauté :
- Passage de 3 à 6 jurés
- maîtrise libre mais qui nécessitait 8 années d’apprentissage, de passer une épreuve dans les pairs et enregistrer son poinçon
- la confrérie de Saint Eloi recevait pour son fonctionnement la moitié du prix de la maîtrise demandées aux étrangers et le 1/5 des amendes.
L’or devait être à la touche de Paris et l’argent à 11 deniers douze grains le marc. Les rubis, grenats, émeraudes et améthystes devaient être sertis sans feuille dans le fond. Enfin, il était interdit de mélanger les perles d’orient avec celles d’Ecosse.
Dés cette date, il convint de placer la frontière avec les merciers. En effet, ceux-ci étaient autorisés à vendre des objets en or (à l’exclusion des objets dorés, trop sujets à des fraudes).
Le XVe siècle ou le développement du contrôle du commerce de l’or
Comme on peut se douter, l’or faisait l’objet de beaucoup de convoitises. Aussi, les orfèvres furent placés sous l’inspection des maîtres généraux des monnaies en 1421.
Il est décidé en 1429 que toutes les pièces d’orfèvreries devaient portées le poinçon de la communauté. C’était les maîtres généraux des monnaies qui officiaient lors de la réception de nouveaux maîtres. Ils prenaient alors une caution de 10 marcs d’argent. Ainsi, le contrôle de la corporation passa alors du Châtelet (le prévôt) à la Monnaie.
Louis XII en 1504 décida que tout objet d’orfèvrerie vendu devait être enregistré, en indiquant son prix et le métal utilisé.
pour devenir objet de contrôle au niveau du royaume complètement
En 1542, François Ier promulgua une ordonnance réglementant l’activité des orfèvres dans tout le royaume. Alors que les textes précédents indiquaient les conditions de contrôle de la communauté, celle-ci s’attarde sur les modalités de fabrication également. Le ton est directif et la profession est placée sous le contrôle direct des autorités.
Le pouvoir royal décida alors que la vente d’or à 22 carats devait se faire entre 149 et 163 livres le marc. Tout or de qualité inférieure devait être cassé. Concernant l’argent, il se devait d’être de 11 deniers 12 grains le marc, au titre de Paris. En outre, les acheteurs qui fournissaient l’or ne pouvait faire de même avec l’argent.
Enfin, il fut rappeler que seuls les orfèvres pouvaient fabriquer ces objets. Suivant les besoins, les maîtres pouvaient réaliser l’émaillage, la taille des pierres précieuses, absorbant ainsi l’activité des émailleurs et lapidaires.
L’apprentissage fut maintenu à 8 ans. On demanda également trois ans de travail en plus pour les maîtres étrangers pour obtenir la maîtrise de Paris. Enfin, le roi autorisa les visites par les jurés de la communauté, à l’expresse condition que cela soit sous le contrôle des maîtres généraux de la Monnaie.
Henri II tenta de renforcer traçabilité des acheteurs d’or en 1550. Cela aboutit aux nouveaux statuts de la communauté en 1555. Les orfèvres obtinrent toutefois de ne pas enregistrer le nom de l’acheteur. On confirma que les ouvriers devaient savoir lire et écrire pour exercer. En outre, on leur permit de venir plaider individuellement leur cause devant l’Hôtel des Monnaie, sans l’intercession d’un avocat. Toutefois, on fixa d’autorité le nombre de maîtres qui pouvaient exercer à Paris.
Les orfèvres furent placés au 5e rang des Six Corps
La lutte entre les orfèvres et leurs voisins
En 1599, Henri IV donna de nouveaux textes. Il indiqua que l’apprentissage ne pouvait commencer qu’en 10 et 16 ans. Les huit ans furent renouvelés mais on indiqua qu’ils ne pouvaient faire l’objet d’une gratification.
Afin de limiter la concurrence des merciers, on renouvela l’interdiction de vendre des pierres fausses. Toutefois, les orfèvres ne cherchèrent pas à empêcher des revendeuses à la toilette. Elles vendaient au nom des bourgeois des étoffes et des bijoux, sans s’organiser en communauté.
Par ailleurs, ils luttèrent contre les horlogers, avec lesquels ils partageaient des ouvriers. En 1627, un arrêt contraignit les horlogers à prendre leur or chez les orfèvres et à le façonner ensuite. Toutefois, les horlogers purent dés 1643 réaliser eux même la fabrication entière des montres et horloges, sans se soucier des fèvres.
et la volonté sans cesse renouveler de contenir leur nombre
On dénombra en 1632, 425 maîtres. Aussi, on jugea que ce nombre était trop élevé et on organisa la diminution de l’apprentissage afin de le ramener à 300.
A son tour, Louis XIV réforma les statuts des orfèvres, en 1679. Lui aussi, il exigea le nombre de 300 maîtres, en accordant qu’en cas de vacance, une maîtrise sur deux soit donnée au fils d’un ancien maître. A l’Hôtel des Monnaie, on continuait à contrôler contremarque et qualité de l’or utilisée.
Les unions des offices coûta cher aux orfèvres : 60 000 livres pour l’union des offices des jurés, la participation en tant que membre du Six Corps pour celles des examinateurs des comptes et des trésoriers payeurs.
La confrérie des orfèvres était installée dans une église propre, appelée Saint Eloi des orfèvres
Sources bibliographiques :