Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de place

L’Opéra de la rue de Richelieu

L’Opéra de la rue de Richelieu, installé par la Révolution, appuyé par Napoléon et détruit à la Restauration.

 

1794. Au cœur de la Révolution l’Opéra doit déménager. Le théâtre de la Porte Saint Martin où il était n’était plus aussi sûr.

On décida alors de le transférer dans une salle située rue de la Loi et occupée depuis peu par une troupe, le Théâtre National. 

 

L’Opéra de la rue de Richelieu, une oeuvre de Victor Louis commandée par une directrice de théâtre au début des années 1790

Cette salle avait été construite quelques années auparavant par Victor Louis pour mademoiselle de Montansier, qui lui donna aussi son nom : 

  • Sobre à l’extérieur avec un rez de chaussée en arcade et trois étages simples
  • très richement dotée à l’intérieur avec 5 rangs de loges, 1 650 places assises (le temps des théâtres où on était debout lorsqu’on n’était pas dans les loges était passé en cette période révolutionnaire).

 

facade Opéra de la rue Richelieu
Façade de l’Opéra de la rue de Richelieu

 

L’installation de l’Opéra dans la salle Montansier

En 1794, on confisqua donc la salle pour y installer le Théâtre des Arts, nouveau nom de l’Opéra. On voulait en effet que ce dernier retourna dans son quartier historique, loin des boulevards où se situait la salle de la Porte Saint Martin. 

Pour cela, on ne recula pas devant les moyens : mademoiselle de Montansier fut pour l’occasion incarcérée au motif qu’en ayant construit cette salle elle menaçait la Bibliothèque Nationale toute proche. 

Pendant les années qui suivirent, avec l’approbation des pouvoirs publics, on donna plusieurs pièces d’Opéra, respectant bien sûr l’ambiance de l’époque. A cette époque, les bals masqués n’étaient pas autorisés et ces fêtes n’eurent alors que peu de succès. 

Ce ne fut que sous le Consulat en 1800 que les bals masqués furent rétablis. 

 

L’Opéra, un genre à la faveur de Napoléon

Sous le Consulat, les pièces jouées reprenaient en grande majorité des thèmes antiques.

Sous l’Empire, Napoléon dota richement l’Opéra comme l’avait fait les rois avant lui. Il leur donne le monopole des ballets, des bals masqués. Ce soutien fut renforcé en 1811 lorsque l’empereur décréta une taxe sur tous les spectacles et en sa faveur. 

Cette faveur n’était pas sans retour. On joua alors des pièces glorifiant l’empereur, mettant en valeur les grandes victoires…

Ce soutien de l’Opéra se fit avec faste… jusqu’à l’arrivée à proximité de la coalition européenne aux portes de Paris en 1814. On joua alors une pièce ambiguë, l’Oriflamme pouvant être interprétée différemment suivant le camp où on se trouvait et la salle Montansier accueilli en grande pompe Louis XVIII aux premières heures de la Restauration, après avoir reçu l’empereur de Russie et le roi de Prusse.

Avec la Restauration, on revint aux rites anciens : on joua alors l’Opéra les lundi, mercredi et vendredi uniquement.

 

Une salle déjà dangereuse pour Napoléon

Bien qu’amateur d’opéras, Napoléon fut l’objet de deux attentats manqués dans cette salle de la rue de Richelieu: 

  • 10 octobre 1800,

Les trois consuls se rendirent à l’Opéra. Là, cachés dans une loge, quatre hommes avaient prévu de poignarder Napoléon au début du second acte. Toutefois, l’un de leurs complices dévoila à la police le complot pendant l’entracte et les quatre hommes furent arrêtes.

  • 24 décembre 1800 : la Machine Infernale.

Le soir, le premier consul se rendit avec son escorte à l’Opéra de la rue Richelieu. Sur le chemin, une charrette barrait le passage et contenait un baril de poudre.  Bien que les premiers gardes avaient réussi à la déplacer, elle est remise dans sa position initiale si bien que le cocher de Napoléon dut l’esquiver au dernier moment. Une explosion très puissante retentit juste après son passage sans dommage pour le futur empereur.

 

13 février 1820 : le drame pour l’Opéra de rue de Richelieu

Nous sommes un dimanche gras ! On joue un Opéra sur Venise.

Le duc et la duchesse de Berri assistent à la pièce jouée alors. Le fils du comte d’Artois (et futur Charles X) accompagne son épouse au milieu du spectacle qui fatiguée souhaitait alors rentrer. Sur le chemin vers la voiture, il fut poignardé et mourut le lendemain.

Dix jours de deuil furent alors décrétés avec interdiction de donner aucun spectacle. On décida alors de détruire la salle pour y construire sur place une chapelle expiatoire. Celle ci fut détruite en 1839 pour y installer à la place le square Louvois.

 

Sources bibliographiques :

  • Lasalle, Albert de. Les treize salles de l’Opéra. Paris 1875
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