Histoires de Paris

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Vies de fêtes

Les noms des guinguettes des Barrières

Les noms des guinguettes des Barrières rappelaient leur but et leur cadre : boire et manger à la campagne …

 

Petit Bacchus, le rendez-vous des Lilas, le Franc Picard… Voici un petit florilège des noms des guinguettes des barrières dans la première moitié du XIXe siècle.

 

Les jardins, les chaumières, les rendez-vous

Difficile de s’imaginer aujourd’hui qu’il y a 200 ans, la campagne arrivait au niveau des boulevards surplombés par les lignes 2 et 6. Aussi, ce caractère bucolique se retrouvait dans le nom de nombreuses guinguettes et restaurants.

Le Galant Jardinier, à Ménilmontant, le Jardin du delta aux Trois Couronnes, le Jardin d’amour à Montparnasse, le Grand Jardin des acacias à Blanche. Outre le vin pas cher et la bonne ambiance, les parisiens venaient chercher aux barrières les jardins.

Ils pouvaient aussi profiter des chaumières : la Petite chaumière à la barrière d’Enfer, la Chaumière à Montparnasse

En outre, la rencontre se trouvait dans les nombreux « rendez-vous » : le Rendez-vous des pompiers et Rendez-vous des Lilas à Ménilmontant, le Rendez-vous de la Marine à la Cunette, le Rendez-vous des cochers à Monceau, le Rendez-vous au Roule et le Rendez-vous du repos à la barrière Saint Denis.

Ils trouvaient enfin le Grand Balcon à l’Ecole Militaire tout comme la Corbeille de fleur.

 

L’origine du propriétaire s’affichait

Franc Bourguignon (Montreuil, Saint Denis), Franc Picard (Vincennes, Longchamp, Saint Denis). Ici l’origine est mise en avant tout en insistant sur les moindres taxes : Franc.

Par ailleurs, des villes étaient mises à l’honneur : Ville de Tonnerre (Sèvres), Ville de Macon (Ecole Militaire), Ville de Barcelone (Ecole Militaire).

Il n’était pas surprenant de trouver régulièrement référence à la Picardie et la Bourgogne. Ces deux régions approvisionnaient depuis longtemps à la ville de Paris. La première utilisait la route. La seconde profitait du fleuve.

Enfin, vous trouviez également des références aux auvergnats.

 

Les références gourmandes pour les restaurants

Comme les parisiens venaient aux barrières pour bien manger, les références culinaires étaient nombreuses.

D’abord, la viande ! Petits cochons sans pareil à Charonne, Renommée du petit salé à Montreuil, Veau qui tête à Montparnasse, le bœuf rouge à Monceau

Ensuite, le vin : Gros raisins à l’Ecole militaire, Trois Vignerons connus à Poissonnière et les Vendanges d’Argenteuil au Roule.

 Cela avait pour le mérite d’être clair.

Autant la viande que le vin faisait partie des produits les plus taxés par l’octroi.

 

Les références bibliques et mythologiques

Les parisiens avaient beau venir aux guinguettes des barrières pour faire la fête. Mais certaines références n’étaient pas oubliées.

Tout d’abord, le religieux. Les Noces de Cana à Charonne, l’Arcade de Saint Jean à Sèvres, Saint François  à l’Ecole militaire, le grand Saint Fiacre au Roule… Les saints parisiens n’étaient pas oubliés. Le Grand Saint Marcel à la barrière de la Santé, Saint Vincent de Paul à l’Ecole militaire, Sainte Geneviève à Poissonnière, le Grand Saint Martin à la Villette.

Ensuite, le mythologique. La mythologie faisait rêver. Le Jardin des Alcides  et l’Elysée aux Trois Couronnes, les Corybantes à Vincennes, la chaumière de Bacchus à Reuilly, le Temple de Bacchus et le Grand Salon d’Apollon à Montparnasse, le petit Bacchus à l’Ecole militaire. Une fois encore ! Les corybantes et Bacchus ! Un objectif toujours très clair.

 

Des guinguettes revendiquant l’armée et les militaires

Armes de France à Ménilmontant et à Charonne, Ancienne héroïne française aux Trois Couronnes. La fierté de l’armée se retrouvait dans les noms des guinguettes des Barrières.

La victoire était jamais loin non plus : Grand vainqueur à Belleville et à Montreuil, le Vainqueur à l’Oursine.

L’armée n’était pas en reste également: Réunion du fort de Vincennes à Vincennes, le Soldat laboureur et le Hussard de la Garde à Monceau et le Lancier français à Poissonnière

Les barrières de Sèvres et d’Italie avaient chacune leur Cheval Blanc.

 

Sources bibliographiques :