Le Noël du père Lathuile au cinéma
Le Noël du père Lathuile au cinéma : une fable qui met en scène un père Noël parisien et sensible aux pauvres
Au début des années 1920, le souvenir du restaurant du père Lathuile est encore dans les mémoires. Là, près de la place de Clichy, entre les Batignolles et Montmartre, certains ayant vu les impressionnistes, les Zola et consorts déambuler dans les rues, s’attabler dans le cadre du père Lathuile, sont encore en vie.
Alors, le sujet se prête tout à fait pour un film, d’autant qu’il est tourné, comme nous allons voir autour de Noël et des enfants
Mais comme nous allons nous en rendre compte le nom du restaurateur demeure, mais sa fonction est tout autre. Il n’est plus le tenancier d’un restaurant, le héros d’un siège. Il est le sauveur d’un petit garçon démuni.
Nous lisons pour cela une critique de film publiée dans le Siècle du 18 novembre 1922
Le souvenir des petits métiers
« Pour les enfants encore, et les mamans sentimentales, le Noël du Père Lathuile, mais d’une qualité bien supérieure. Ce film nous initie aux différents petits métiers auxquels se livrent les pauvres diables dans une grande ville : ramasseurs de mégots, cireurs de chaussures, commissionnaires pour les beaux messieurs, ouvreurs de portières, etc.. »
Zola n’aurait rien trouvé à redire. Nous sommes dans ce Paris pittoresque où la vie pour beaucoup est difficile, ponctuée de nombreux petits boulots. On cherche à gagner quelques pécules en rendant service.
Un père Lathuile bien débonnaire
« Le Père Lathuile, pauvre vieux tout cassé, en est un très sympathique exemplaire ; logé dans une misérable soupente, il a généreusement recueilli un enfant abandonné alors qu’il était tout petit. Nous voyons la courageuse existence de ces trois êtres réunis, car il y a aussi dans ce ménage un brave et bon chien griffon dont les bons yeux brillent d’intelligence. Nous serons émus en voyant le père Lathuile perdre un gros pourboire qui allait lui permettre d’acheter un cheval pour le Noël de son petit protégé et alors que, désolé, il cherchera à retrouver le précieux billet en refaisant le chemin parcouru, nous le verrons pénétrer, sans bien même s’en rendre compte lui-même, tout à sa recherche, d’abord dans le jardin, puis dans la riche demeure où il était déjà venu il y a quelques instante faire une commission. »
Le père Noël n’existe pas encore, mais le père Lathuile oui ! Il prend à sa charge ce petit enfant, pauvre parmi les pauvres.
Un film pour montrer la difficulté aux enfants gâtés ?
« Combien de petits cœurs battront en voyant le délicieux bambin de la maison, dont les parents sont au théâtre, les domestiques en train de festoyer dans un joyeux réveillon, s’éveiller en entendant du bruit, descendre en pyjama et arriver extasié devant le Père Lathuile qu’il prend pour le Père Noël en personne, alors que le pauvre vieux contemple les joujoux destinés à l’heureux petit bonhomme… et bien entendu, cette petite histoire se terminera très bien, les parents rentreront, emmèneront dans leur belle limousine le Père Lathuile tout ému et rempliront de joujoux, de friandises et même d’un gros billet, le petit soulier percé qui attend auprès du poêle éteint. Ce film, sans sentimentalisme ridicule, est très joliment joué par deux charmants petits protagonistes et par Pierre G… qui est un très fidèle pauvre vieux bon homme comme nous en rencontrons, malheureusement, beaucoup trop souvent dans les rues. Il faudrait que beaucoup de petits enfants gâtés voient le Noël du Père Lathuile… »
Sources bibliographiques :
- Le Siècle du 18 novembre 1922
- Illustration : le cinéma Gaumont Palace par l’Agence Roll en 1914 – crédit BNF Gallica