Nicolas Flamel, un bourgeois parisien mythique
Nicolas Flamel, libraire mythique du XIV siècle, dont la fortune a alimenté contes et légendes de l’alchimie.
Copiste, écrivain public, libraire, il serait né entre 1330 et 1340 à Pontoise et est mort en mars 1418.
Vivant dans une maison installée au début de la rue de Marivaux (qui deviendra plus tard la rue Nicolas Flamel) à l’angle de la rue des écrivains, à proximité de l’ église Saint Jacques de la Boucherie, il recopiait les livres religieux et les enlumineurs en qualité de copiste. Il devient libraire juré et son activité dépendait alors du contrôle de l’Université. Il aurait exercé le métier de change et d’usure également.
Vers 1370, il s’est marié à Pernelle, deux fois veuve et devant notaire, se firent legs chacun à l’autre de leurs biens (ce qui posa des problèmes lors de la succession car la famille de Pernelle se sentit lésée). Elle mourut avant lui et fut enterrée au cimetière des Innocents.
Mécènes, Nicolas Flamel et sa femme financèrent des embellissements dans les établissements religieux à proximité (un portail de Saint Jacques de la Boucherie et une arcade du cimetière des innocents à proximité notamment mais aussi à Sainte Geneviève des ardents…).
Sur la façade de sa maison, on pouvait voir des inscriptions et figures gravées : Flamel était représenté à genoux, avec au dessus la Vierge et Saint Jean assis. On pouvait voir les inscriptions pieuses suivantes : « Chacun soit content de ses biens. Qui n’a suffisance n’a rien. »
Il mourut en mars 1417 et fut enterré à Saint Jacques de la Boucherie. Sa pierre tombale est aujourd’hui conservée au musée de Cluny.
L’auberge Nicolas Flamel
En 1407, Nicolas Flamel fit construire plusieurs maisons pour les pauvres. Il en reste une aujourd’hui, rue de Montmorency où l’on retrouve sur les murs de la façade de nombreuses inscriptions :
- les initiales de Nicolas Flamel,
- Le fronton : “Nous homes et femes laboureurs demourans ou porche de ceste maison qui fut faite en l’an de grâce mil quatre cens et sept somes tenus chascun en droit soy dire tous les jours une paternostre et un ave maria en priant Dieu que sa grâce face pardon aus povres pescheurs trespasses Amen”
- des figures d’anges…
La naissance d’un mythe : Nicolas Flamel l’alchimiste.
Dans la mesure où il jouissait d’une certaine fortune mise en valeur par les testaments écrits qu’il a pu faire et ces actions de mécénat, Nicolas Flamel a alimenté très vite les mythes après sa mort : il aurait découvert le secret de la pierre philosophale qui permettrait de transformer les métaux en or et de vivre éternellement.
Après son pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle, il aurait reçu la visite d’un juif errant qui lui aurait remis un vieux livre renfermant ce secret.
En 1612, parait un livre, contenant un écrit soit disant écrit par Nicolas Flamel appelé : “Le livre des écritures hiéroglyphique”. L’arcade financée par Nicolas Flamel au cimetière des innocents contiendrait les informations nécessaires pour reconstituer la pierre philosophale. Ce texte connut alors un succès immédiat, renforçant la légende.
A son tour, le romantisme apporta sa pierre à la construction de ce mythe. Dans Notre Dame de Paris de Victor Hugo, on peut suivre l’archidiacre de Notre Dame, Claude Frollo fouiller dans l’ancienne maison de Nicolas Flamel ou se rendre au cimetière des innocents pour contempler l’arcade…
La donation au dernier vivant entre Nicolas et Pernelle Flamel, histoire pleine de rebondissements.
Nicolas Flamel et sa femme se firent une donation au dernier vivant renouvelée deux fois (1372, 1386 et 1396), portés par le désir “qu’ils ont de pourvoir et remédier l’un à l’autre à ce, que chacun d’eux tant comme il vivra en ce monde puisse avoir sa vie honnêtement et selon son état.”
Pernelle, la femme de Nicolas Flamel avait une sœur, Isabelle, mariée à un tavernier Jean Perrier. Le couple qui connaissait les dispositions prises par Flamel et son épouse, poussèrent Pernelle, malade à revenir dessus.
D’ailleurs, ils obtinrent en août 1397 de la part de Pernelle, malade qu’elle renonce à cette donation. Toutefois, il ressort que peu de temps après (le 4 septembre) elle refasse cette donation à son mari. A ce moment là, elle accorde à sa sœur une somme de 300 livres tournois.
Pernelle meurt le 11 septembre 1397.
Perrier attaque le testament. Toutefois, deux jugements furent rendus au Châtelet en octobre reconnaissant la légitimité du testament (moyennant en plus du versement des 300 livres tournois pour Isabelle, la somme de 40 écus d’or pour les enfants de Perrier).
Le testament fut exécuté en janvier 1398, notamment par le curé de l’époque à Saint Jacques de la Boucherie. Un surplus fut dégagé et donné pour permettre que cinq messes puissent être dites à l’intention de Pernelle, mobilisant seize prêtres et l’allumage de 30 chandelles, ainsi qu’aux œuvres de la confrérie des Lormiers.
Visitez l’auberge Nicolas Flamel
51, rue de Montmorency – 75003 Paris
M°: ligne 4, station Etienne Marcel et lignes 3 ou 11, station Arts et métiers
Bus : lignes 29, 38, 47
Sources bibliographiques :
- Étienne-François Villain, Essai d’une histoire de la paroisse de St. Jacques de la Boucherie, Paris, Prault, 1758, 326 p
- Article sur l’Auberge Nicolas Flamel sur le blog Gavroche père et fils
- Guitard Eugène-Humbert. La légende de Nicolas Flamel, pseudo-alchimiste : Léon Bocquat, in Æsculape, 1953, Revue d’histoire de la pharmacie, 1954, vol. 42, n° 141, pp. 286-287.
Crédits photographiques : Bibliothèque Nationale de France