Histoires de Paris

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Histoires de tour

Le moulin de Montmartre qui s’écroule

Le moulin de Montmartre qui s’écroule : le moulin de la Lancette s’enfonce brusquement au fond d’une carrière

 

Etonnante accroche pour démarrer un article : le moulin de Montmartre qui s’écroule. Et pourquoi il se serait écroulé ce moulin ? Pour des faits de guerres ? Par tentative de destruction au nom du progrès et de l’urbanisation ?

Rien de tout cela ! Enfin, pour le moulin de la Lancette qui nous intéresse ici !

 

Retour sur une catastrophe soudaine

Montmartre n’avait pas une réputation de grande solidité. En effet, au cours du XVIIIe et XIXe siècle, la terre y tremblait. Nous aurons l’occasion de revenir sur l’histoire du moulin de Montmartre qui tremble.

Rassurez-vous, si vous résidez sur la Butte ou comptez y être simplement de passage, ces tremblements de terre ne s’expliquaient pas par une faille sismique particulière. Ils étaient le résultat d’une exploitation intense du sous-sol.

Ainsi, un jour, comme nous le rapporte l’Evènement du 17 juin 1875, sous la forme de la confidence d’un vieux moulin, « Demandez plutôt à mon ancien camarade, le moulin de Lancette, qui, un beau jour, s’est affaissé sur lui-même, et a disparu dans les entrailles d’une carrière mal comblée. C’est de l’histoire. »

 

Un jour, donc, le moulin de la lancette commença à s’effondrer sur lui-même. Toutefois, ce n’était pas comme si les fondations lâchaient et que les pierres de l’antique monument se répartirent sur le sol. Ce dernier, lui aussi, se déroba. Le tout parti rejoindre, quelques mètres plus bas, le fond d’une carrière.

 

Souvenir de l’exploitation du gypse de Montmartre

Pendant plusieurs siècles, on exploita les richesses du sous-sol de Montmartre. On y trouvait du gypse, cette pierre sédimentaire, qui une fois chauffée fortement devenait de la chaux. Ainsi, la pierre prélevée au fin fond de la butte était réutilisée pour fabriquer les plafonds des maisons parisiennes.

Cette exploitation fut très active au XVIIIe et au XIXe siècle. Par les creusées réalisées sous la butte, celle-ci perdu de sa solidité, ce d’autant que les carrières n’étaient pas toujours bien comblée ensuite.

Il fallut l’intervention de nombreux ingénieurs au XIXe siècle, pour sécuriser la zone.

 

Un peu de géologie à Montmartre

La confidence du Vieux Moulin, que nous avons retrouvé dans l’évènement du 17 juin 1875, nous donne l’occasion d’évoquer un peu la géologie de la célèbre Butte. Nous vous la confions :

« On ne sait comment s’est formée cette éminence, mais elle présente au géologue plus d’intérêt que beaucoup d’autres localités. Dans ce terrain diluvien, à la création duquel l’eau douce et la mer ont également contribué, il a été découvert des coquilles fluviatiles, des tortues, des crabes, des balanites et des brochets, des huitres, et des truites, des spars et des raies. Parmi les quadrupèdes dont les ossements ont été retrouvés, les zoologistes ont remarqué cinq espèces de palaetheriums, des civettes, des sarigues, des dasypus, des anoplatheriums, des oiseaux et des reptiles des latitudes tropicales. Dans la première couche de calcaire, on a même trouvé des palmiers pétrifiés.

 

Sur ce plan, il est utile de relier la butte Montmartre avec d’autres collines du nord Parisien, parmi lesquels on peut citer Belleville, Ménilmontant, le Près Saint Gervais. Ici aussi, on exploita le gypse.

 

Sources bibliographiques :