Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de quartier

Le moulin enseigne de la porcelaine de Clignancourt

Le moulin enseigne de la porcelaine de Clignancourt : petit, une croix entre les ailes et un toit en triangle

 

Paris avait sa propre porcelaine. Bien sûr, il y a la manufacture de Sèvres encore aujourd’hui très renommée ; il y avait aussi la porcelaine de Vincennes moins importantes.

Au XVIIIe siècle, sous le règne de Louis XVI, plusieurs manufactures virent aussi le jour. C’est le cas de la porcelaine de Clignancourt, qui alla chercher le patronage de Monsieur, le frère du roi.

Juste avant ce patronage, la porcelaine de Clignancourt avait retenu comme enseigne les moulins de Montmartre.

 

Clignancourt, la porcelaine de Monsieur

La création de la manufacture de porcelaine de Clignancourt est à mettre au crédit d’un certain Desruelles. Il se lança en 1771 et quelques années plus tard, sûr de son coup, il sollicita Monsieur pour le patronage de son établissement.

Il faut dire que le comte d’Artois, second frère de Louis XVI, patronnait lui aussi une manufacture de porcelaine, installée dans le faubourg Saint Lazare, à proximité de la foire Saint Laurent. La reine, elle aussi, disposait de sa manufacture, rue Thiroux.

Ces produits fabriqués à Clignancourt, était tirée de la pâte et de la couverte de la Manufacture royale de Limoges. C’est aussi le cas pour les autres manufactures à proximité.

 

La première enseigne

Alors bien sûr, en recherchant la protection de Monsieur, Desruelles se devait de reprendre les signes de son bienfaiteur. Toutefois, juste avant, il avait choisi des moulins.

Dans le journal Mercure de France du 1er mars 1899 que nous utilisons ici comme source, Virgile Josz nous décrit la possibilité d’une promenade de ce Desruelles.

« J’imagine que, laissant ses meubles et ses couleurs, indécis, il dut voguer par les sentiers des plâtrières et des vignes.

Partout il se heurta au même monstre grandiloquent, déchiqueté et pittoresque, qui battait l’air de ses grands bras noirs : vers le village de Monceau, le moulin des Prés, celui de la Fontaine Saint-Denis, celui de la Béquille ; se retournait-il, c’était la Turlure, la Lancette et le Paradis ; en arrière du chevet de Saint Pierre, celui des Tempêtes ; allait-il vers Saint Denis, les îles et la rivière, les grandes étoiles sombres s’appelaient la Couronne, la Goutte d’or; vers Paris, le Pave, les Champs, la Tour-des-Dames… L’œil « envorné » il rentra, et de son fin pinceau traça au revers de la première pièce le petit moulin bas, la croix envolée de ses ailes, le gouvernail de sa béquille ; parfois, il le profile plus ramassé avec son toit en triangle et sa croix entière : ce sont les marques d’avant le patronage.

 

Si d’aventure vous voyez le petit moulin au revers d’une assiette fleuronnée, d’une tasse ronde et basse, d’un pot à crème au bec fin et à l’anse légère, regardez bien : c’est du vieux Clignancourt. »

 

Nous avons dédié un chapitre dédié à la porcelaine de Clignancourt. En le parcourant, vous pourrez constater que la manufacture survécut un peu à la Révolution mais fut perdue au cours du XIXe siècle.

 

Sources bibliographiques :