La morgue du Châtelet
La morgue du Châtelet recueillit les corps sans vie trouvés dans la Seine, du Moyen Age jusqu’au 1er Empire.
Siège du prévôt de Paris, chef de la police et représentant de l’autorité royale dans la ville, le Châtelet était connu pour ses geôles et sa basse geôle, appelée aussi la morgue.
L’origine du mot “morgue”
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la morgue n’a pas toujours été associée à la mort. En effet, dans les premiers temps du Châtelet, la basse geôle était le premier passage des nouveaux prisonniers.
Là, au travers de la fenêtre, on les morguait… c’est à dire que les gardes les surveillaient, les observaient très attentivement. L’objectif était alors d’enregistrer dans les mémoires de ces policiers tous leurs traits physiques et ainsi pouvoir les identifier plus facilement s’ils s’évadaient.
Morguer impliquait donc observer très attentivement.
La morgue du Châtelet, un second usage de la basse geôle : recueillir les corps des noyés
Au Moyen Age, au moins à partir du XIVe siècle, la morgue fut destinée à recevoir les corps retrouvés sans vie dans Paris et particulièrement autour de la Seine.
Il s’agissait alors d’avoir un espace pour qu’on puisse reconnaître ces personnes mais aussi les autopsier. En effet, le suicide, cause fréquente des disparitions dans la Seine, était formellement interdis. Si une personne était jugée d’un tel crime, son corps était condamné.
La morgue, un espace humide et très malodorant
En parcourant la rue Saint Denis, on devait traverser le Châtelet pour rejoindre la Seine et le pont au Change. Là, on pouvait voir d’une fenêtre, au travers d’une grille, les corps exposés.
On peut imaginer l’hygiène d’un tel endroit, humide et dont l’odeur était marquée par les corps en décomposition.
L’assistance des sœurs de Sainte Catherine
Établies depuis le IXe siècle, les religieuses de Sainte Catherine avaient deux missions sociales : recueillir les femmes sans toit et s’occuper des corps trouvés sans vie.
Aussi, elles prenaient à leur charge les vêtements de ces disparus et leur donnaient une sépulture au cimetière des Innocents.
La destruction de la morgue du Châtelet au début du XIXe siècle
Dix ans après la Révolution, le Châtelet est en ruine. Cet emblème du prévôt de Paris remontant au haut Moyen Age est sur la fin.
En 1802, les travaux de destruction commencent par les geôles. La morgue est fermée en 1804 et transférée sur le quai du Marché neuf.
En 1808, tout le bâtiment est détruit. Ce ne sera que vers la moitié du XIXe siècle que la place sera aménagée comme on la connait aujourd’hui, avec la fontaine du Châtelet.
Sources bibliographiques :
- Maxime Du Camp. La Seine à Paris, les Industries fluviales et la Police du fleuve
- Maillard Firmin, Recherches historiques et critiques sur la morgue