Les méthodes de dessinateurs d’Israël Silvestre
Les méthodes de dessinateurs d’Israël Silvestre, mal connues, s’appuyaient sur une maîtrise de la perspective
Formé par le grand Jacques Callot, Israël Silvestre fut un des grands dessinateurs et graveurs du Grand Siècle de Louis XIV. Grâce à ses dessins, nous avons la chance de pouvoir retrouver avec une grande fidélité de nombreux endroits importants en France de la seconde moitié du XVIIe siècle : les châteaux royaux, les nouvelles conquêtes du roi Soleil à l’est de la France… Comme Silvestre fut longtemps installé au Louvre, il réalisa de nombreuses œuvres sur le Paris de son temps.
Ainsi, grâce à ces derniers dessins, il devient possible de nous replonger dans le Paris qui se transformait au cours du règne de Louis XIV.
Profitant de sa grande collection de dessins d’Israël Silvestre, le musée du Louvre a réalisé une exposition importante sur l’ensemble de son œuvre au cours du premier semestre 2018.
En s’appuyant sur le catalogue réalisé à l’occasion de cette manifestation, nous pouvons revenir sur les méthodes utilisées par le dessinateur, afin de pouvoir retirer un regard de ces esquisses prises en centre de Paris.
De la difficulté de connaître avec précision les méthodes d’Israël Silvestre
Tout d’abord, comme le signale les commissaires de l’exposition, Bénédicte Gady et Juliette Trey, il n’est pas connu de nos jours de carnet où Silvestre aurait pu laisser une trace de son approche, de détails techniques. Aussi, les seuls moyens de s’intéresser aux méthodes utilisées par le dessinateur, il nous reste les observations et les recoupements.
Aussi, il est très probable que Silvestre réalisait ses dessins, « sur le vif », face au motif, pour reprendre les expressions des commissaires.
Ensuite, probablement, il rajoutait de la couleur.
En tout état de cause, dans ses annotations, il indiquait souvent le lieu de la prise de vue, tout en rajoutant la nature du terrain.
A l’atelier, pour les dessins réalisés à Paris, il reprenait à la plume et à l’encre les traits qu’il avait fait au graphite sur le terrain. A noter que Silvestre avait le trait très sûr.
Une forte connaissance de l’architecture et de la perspective
Pour ces observations et ses dessins, Silvestre s’appuyait sur ses connaissances de l’architecture et de la perspective. On sait ainsi que sa bibliothèque était riche d’ouvrage d’architecture de Vitruce, Vignole, Palladio, mais aussi du Cerceau.
Une interrogation demeure ! Lors de ses réalisations de vues larges, comment faisait-il pour appréhender la perspective ?
Avait-il une machine de perspective pour mesurer les mesures ? Voir une camera obscura à l’image de celle utilisé par Canaletto à Venise ?
Nul ne sait ! En revanche, ses dessins prouvent sa maîtrise de la perspective. Dans certains cas, il ressort toutefois que des angles suggèrent que le dessinateur s’était déplacé pour appréhender un nouvel axe, tout en poursuivant sa vue.
Ainsi, il était possible que Silvestre fit plusieurs esquisses sur le terrain à plusieurs endroits… sans que toutefois, nous n’ayons retrouvé trace des dessins préalables.
Le rajout de personnages au premier plan
Enfin, à la manière de Jacques Callot, il rajoute sur le devant de ses dessins des personnages. Très probablement fictifs et rajoutés lors de la finalisation du dessin, avant le passage en gravure, ces personnages donnent une vie aux œuvres de Silvestre.
Ils nous permettent ainsi de nous replonger encore plus facilement dans l’ambiance de ce Paris de Louis XIV, bien que construite par Silvestre.
Sources bibliographiques :
- Gady, Bénédicte et Trey Juliette (sous la direction). La France du Grand Siècle. Dessins d’Israël Silvestre. Catalogue de l’exposition du Louvre du 15 mars au 25 juin 2018. Editions Liénard. Paris. 2018
- Conseils personnels de l’auteur du blog Scribe Accroupi