Les merciers
Les merciers, l’élite bourgeoise furent une corporation toujours aidée par les rois et qui vivait du commerce
Les merciers, les négociants dés le Moyen Age
Pendant tout le Moyen Age, mais aussi jusqu’à la Révolution, le mercier est le marchand de ville par excellence. Il achète des marchandises pour les revendre aux bourgeois parisiens. Pour cela, il s’appuie certes sur la production locale, mais surtout des autres régions du royaume et l’étranger.
Dans leur halle, les merciers disposaient d’entrepôts, où ils devaient faire face aux incessants contrôles des autres corporations de la ville.
Les merciers agissaient principalement lors des grandes foires comme celle du Lendit, de Saint Denis, de Saint Germain des prés, ainsi que dans les marchés hebdomadaires des Halles. A chaque fois, ils se mettaient entre les différents corps de métiers, agissant comme intermédiaires.
Une activité qui s’installe et se réglemente progressivement
Bien évidemment, on les retrouve dans le Livre des Métiers d’Etienne Boileau. Toutefois, les statuts qui y sont répertoriés ne traitent que de la fourniture des toilettes, partie bien faible de leur immense activité.
Les merciers étaient déjà au XIIe siècle l’élite marchande de la ville et ne se mélangeaient jamais avec les régratiers, ces petits commerçants de la ville. On pouvait deux distinguer deux types : les marchands en gros, l’élite de l’élite bourgeoise parisienne, et les teneurs de mercerie et d’objets de toilettes, beaucoup plus humbles.
Tout d’abord, il s’agit de définir la qualité des marchandises qui entraient en ville
Progressivement aux XIIIe et XIVe siècles, outre leurs étals dans les lieux de foires et de marchés, ils commencèrent à établir boutiques dans chacun des quartiers de la ville.
Sédentaires, ils structurent leurs communautés, avec notamment les statuts de 1324. Cette réglementation insiste fortement sur la qualité des marchandises : soies d’origines précises, tissus dont l’or venait de Chypre et non de Lucques en Italie… Certains d’entre eux, appelés les transmontains étaient autorisés à faire commerce des objets venus d’Asie.
Enfin, les statuts prévoyaient 4 jurés chargés de faire les visites, vérifier les poids et les balances.
En 1408, de nouveaux textes sont publiés. On y précise les provenances les plus prestigieuses pour les marchandises : draps d’Empire, l’or de Gènes, couteaux de Limoges, serges d’Angleterre, étamines de Reims et d’Auvergne, les soies de Lucques… Chacun de ces objets précieux arrivait à Paris en balles ou en tonneaux et devait être vendu en l’état. A cette date, 5 gardes contrôlaient la communauté.
Toutefois, ces textes leur apportent prospérité mais aussi jalousie. Aussi, Charles VI publie en 1413 de nouvelles lettres patentes leur garantissant immunité pour la vente de leurs objets, le justifiant par la renommée apportée par leur commerce. En quelque sorte, l’antagonisme entre la liberté du commerce et le système corporatif apparaît alors. Chaque fois que cela fut possible, tous les autres métiers de Paris tentèrent de lutter contre cette activité.
Les merciers installèrent leur confrérie dans l’église des Saints Innocents, sous le patronage de Saint Louis en 1470. Cette association de solidarité fut alors également attaquée par les autres communautés de la ville. Aussi, il fallut qu’elle soit confirmée en 1543, malgré l’interdiction des confréries ouvrière. Pour obtenir ce jugement favorable, ils argumentèrent du fait qu’aucun chef d’oeuvre n’était nécessaire pour exercer le métier. Seules 6 livres étaient requises.
ensuite, il fallut spécialiser les différentes natures de commerce
Le XVIe siècle est marqué du sceau de la fortune pour les merciers parisiens. Six branches sont constituées par les lettres données par Henri II en 1558 :
- les marchands de gros,
- les marchands de soie,
- les marchands de serges et toiles,
- les marchands de menue mercerie,
- les marchands d’orfèvrerie, de perles et joyaux,
- les marchands tapissiers.
Pour chacun de ces états, un juré était désigné. A cette date, les statuts indiquent bien la nature leur activité : acheter des marchandises pour les revendre en l’état. Seuls quelques petits travaux en objet de mercerie étaient autorisés. Ces lettres recherchaient à adapter la réglementation au commerce d’alors mais aussi à rétablir les limites entre les activités d’hôtellerie, d’artisan et de merciers qui pouvaient alors avoir cours.
L’entrée dans les Six Corps
En 1570, les merciers sont exemptés des visites des jurés des autres métiers. Enfin, en 1582, ils sont placés dans le premier rang, qui constitue les Six Corps.
Parmi les 6 jurés, un grand garde est désigné à partir de la fin du XVIe siècle. Il est consacré dans les nouveaux textes de 1601.
En 1613, les statuts sont une nouvelle modifiée pour continuer à affirmer leur liberté : le droit d’éviter les visites des métiers, suppression de toute lettre de maîtrise par don royal, interdiction d’organisation entre des étrangers et des habitants pouvant concurrencer leur activité.
Ils sont alors placés au troisième rang des Six Corps. A cette date, il était nécessaire de réaliser tout de même 3 années d’apprentissage et servi trois autres années. 7 jurés étaient élus chaque année en juillet, dont un en qualité de grand garde.
Les merciers et le pouvoir royal : les raisons d’une liberté sans cesse progressive
Qu’est ce qui pouvait expliquer la liberté de ce corps de métier ? Le prestige du commerce venu d’ailleurs ?
Au delà du prestige, cette activité était la plus rémunératrice. Les rois surent toujours les trouver lorsqu’ils avaient besoin :
- Ils apportèrent en 1567 les armes nécessaires pour les régiments de Brissac, en deux jours, pour secourir Charles IX,
- 16 000 livres furent données en 1636 après la chute de Corbie,
- En 1674, Louis XIV négocia 50 000 livres pour subvenir aux frais de la guerre. Toutefois, cette somme devint inutile après la prise de Besançon. Les merciers donnèrent alors de grandes fêtes pour célébrer le roi. Ils commandèrent à Charles Le Brun, un tableau représentant Saint Louis destiné pour le retable de l’église du Saint Sépulcre, siège de leur confrérie.
26 merciers disposaient du privilège de pouvoir approvisionner le Palais. Ces derniers suivaient la Cour mais n’étaient pas intégrées dans la communauté des merciers parisiens.
Comme on peut se douter, la profession du payer un lourd tribu lors des taxes exceptionnelles de la fin du XVIIe siècle : 300 000 livres pour l’union des offices des jurés. En complément, il s’acquittèrent de 192 307 livres pour l’union des auditeurs examinateurs de comptes.
Enfin, ce fut 1 000 000 de livres, que la communauté dut donner au Trésor pour l’union des inspecteurs des jurés de 1745.