Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de place

Les marionnettes du pont neuf

Les marionnettes du pont neuf ou l’art de divertir avec Polichinelle dans la rue par les Brioché père et fils

 

Installés près du pont neuf, les deux Briochés furent les plus anciens directeurs de théâtre de marionnettes qui soient restés dans les mémoires parisiennes. 

Alors que le pont était la principale promenade de Paris, ils faisaient rire les gens qui passaient. Racontons leur histoire :

 

Jean Brioché, le père, qui voulait sortir de sa profession

Précurseurs des marionnettes du pont neuf, Jean Brioché cumulait deux professions. L’une était bien établie dans les lieux, arracheur de dents. La seconde était plus insolite mais fit de lui un personnage admiré : marionnettiste

Il s’était établi près du pont neuf, près de la Tour de Nesle, sur la rive gauche, l’ancienne Université.

 

Il mettait en spectacle ses marionnettes en reprenant les personnage de Polichinelle, sa femme Jacqueline, le chien Gobemouche, l’archer, l’apothicaire, le bourreau, le diable…

 

En 1669, Brioché fut appelé à Saint Germain pour présenter ses marionnettes devant le dauphin. Il y joua pendant cinq mois, gagnant 1 635 livres, somme très élevée pour un saltimbanque de rue. Toutefois, il fut chassé des lieux par Bossuet. En effet, celui-ci venait d’être nommé précepteur du prince et il ne voyait pas d’un bon œil les divertissements.

 

Les aventures de Fagotin et de Cyrano de Bergerac

Près de lui se tenait toujours Fagotin. Ce dernier était habillé comme un laquais. Avec sa taille d’enfant, il était coiffé d’un vieux chapeau vigogne, portait la fraise autour du cou et arborait un manteau à 6 basques, garnis de passements et d’aiguillettes. 

On raconte qu’un jour, Cyrano de Bergerac serait venu près du pont neuf et se serait agressé par les grimaces de Fagotin. Il avait la lame facile comme on le sait et l’aurait aussitôt tué d’un coup d’épée. Toutefois, Fagotin n’était pas un simple laquais… mais un petit singe

On ne sait pas si cette histoire de duel est vrai mais toujours est-il que Fagotin était très populaire. Aussi, tout marionnettiste du XVIIe siècle se devait d’avoir son fagotin.

 

François Brioché, le fils qui voulait sortir de son quartier

François Brioché prit la suite de son père. Lui aussi s’installa sur la place près du pont neuf, au bout de la nouvelle rue Guénéguaud, rive gauche. 

Toutefois, la rive gauche ne lui plaisait pas. Aussi, il décida de s’installer de l’autre côté du pont. Grande aventure pour l’époque !

En effet il fut d’abord, chassé par le commissaire du quartier de Saint Germain l’Auxerrois. Mais il obtint rapidement l’appui royal pour y rester. 

En 1695, on pouvait toujours et encore admirer les marionnettes du pont neuf. 

 

Sources bibliographiques :