Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Repères

Les marionnettes de foire

Les marionnettes de foire, un art venu de la rue, et qui se complexifie, sous l’influence de l’Opéra Comique.

L’affluence des foires parisiennes attiraient également comédiens et saltimbanques. Parmi eux, Les grands marionnettistes de la rue parisienne du XVIIe siècle se rendaient sur les sites des foires. Ainsi, les parisiens purent applaudir aussi bien les Brioché, que JB Archambaut, les Féron.

En 1678, c’est la Troupe royales des pygmées qui remporta les suffrages. Avec ses marionnettes de 4 pieds, elle jouait de l’opéra, s’exposant aux colères de l’Académie royale de Musique. François Aubry la dirigeait.

 

 

Alexandre Bertrand, la première figure des marionnettes de foire

Maître doreur à Paris, il fabriquait ses propres marionnettes. Il s’associa avec son frère Jean Bertrand en 1684 pour commencer et s’installer dans une loge.

Toutefois, les deux hommes se brouillèrent vite et se présentèrent chacun de leur côté dans le préau des foires. Dés qu’il le pouvait, Alexandre huait son frère et ses aides… jusqu’à ce que Jean quitta le métier en 1697.

En 1689, il rajouta sur scène des enfants aux côtés de ses marionnettes. Les comédiens se plaignirent, hurlant à l’atteinte à leur monopole. Il dut renoncer.

A ses débuts, ses spectacles étaient simples et guidés par l’improvisation. Puis, avec le succès, il dut se donner des canevas, tout en renforçant les jeux de scène. Ensuite, au fil du temps, pour ne pas perdre son public, il distribuait des programmes pour suivre les changements de décor successifs et s’immerger dans les histoires romaines qu’il comptait.

Ainsi, au début du XVIIIe siècle, Alexandre Bertrand fit appel à des auteurs pour ses pièces. En 1701, Fuzelier lui donna sa première pièce : Thésée ou la défaite des Amazones. Il joua également une parodie du Médecin malgré lui et la Noce interrompue.

Il joua jusqu’à sa mort en 1725.

 

L’irruption de l’opéra comique parmi les marionnettes 

En 1722, le privilège de l’opéra comique est refusé aux forains. Aussi, le Le Sage, Fuzelier, d’Orneval, principales figures du genre d’alors, ouvrirent un spectacle de marionnettes à la foire Saint Germain. Cette année là, ils jouèrent ainsi le Rémouleur d’amour et Pierrot Romulus, ou le ravisseur poli. Ces marionnettes firent le succès de la foire, ainsi que celle Saint Laurent qui suivit.

De son côté, Francisque se mit à travailler avec Piron. Il joua avec ses marionnettes Arlequin Deucalion et l’Antre de Trophonius à la foire Saint Germain, puis la Vengeance de Tirésias, ou le mariage de Momus à la foire Saint Laurent.

Toutefois, ces deux troupes concurrentes cessèrent leurs spectacles de marionnettes dés qu’elles retrouvèrent le privilège de l’Opéra Comique.

 

Nicolas Bienfait, trois pour le prix de trois

En 1717, Nicolas Bienfait prend son envol. Gendre d’Alexandre Bertrand, il s’était formé à ses côtés. Lors de sa première représentation en propre, il joua une comédie en prose, la Cendre chaude.

Pendant sa carrière en autonome, entre 1717 et 1744, il présenta aux foires parisiennes plus de cinquante pièces de marionnettes, parodies de comédies et d’opéras. Carolet, Valois d’Orville, Piron l’approvisionnaient en pièces.

Ses marionnettes étaient moins caustiques que celles de ses concurrents. Cependant Nicolas Bienfait réservait à Polichinelle des répliques plus assassines.

 

Son fils, du même nom que lui, voulut lui aussi se produire sur les foires. Formés par l’opéra comique en province, il commença à concurrencer son père, en bénéficiant de la notoriété de son nom. Cela ne se fit pas sans heurt. Il dut recourir à un juge pour que son père le laisse jouer. Nicolas Bienfait, second du nom, fit alors présenter son enseigne avec un polichinelle en gloire et à proximité de l’inscription suivante : « Ne suis-je pas bien fait ? ».

Sa carrière, associée pour partie à celle de son gendre, dura ainsi de 1746 à 1762.

Une troisième Nicolas Bienfait se lança, succédant à son père, le second. Il utilisa la machine de Servandoni et eut cependant de nombreuses difficultés financières. Aussi, en 1750, sa loge fut saisie

 

Les Nicolet

Guillaume Nicolet devint marionnettiste en 1725, après avoir exercé en tant que joueur de violon et de maître à danser.

Il céda sa loge au préau des spectacles de la foire Saint Laurent à son fils, François Paul Nicolet. Son autre fils, Jean Baptiste Nicolet avait lui sa propre loge à la foire Saint Germain

 

Sources bibliographiques